Il existe malheureusement certains phénomènes que l’on voudrait tellement occulter durant le mois sacré du Ramadhan, mais qui malheureusement, sont bien là avec leur aspect négatif.
Dès l’avènement de cette période dans la vie des musulmans, il y a certes le côté spirituel qu’implique le fait de jeûner et tout ce que cela entraîne comme préceptes, à l’image de la prière, la conduite individuelle, la générosité, la sagesse, etc. Ceci est pour ainsi dire le côté face de ce mois bénit. Malheureusement chez nous, il y aussi l’autre face de la pièce, le côté pile, qui représente tout le contraire de ces bonnes actions.
En effet, des comportements pour le moins navrants ont lieu durant cet te période, avec la criminalité qui a tendance à grimper, la spéculation, la mendicité et bien d’autres maux de la société.
A commencer par la mendicité qui prolifère en raison du caractère caritatif de ce mois durant lequel les actions de charité se multiplient. Le nombre de mendiants augmente très sensiblement et l’on ne peu discerner le vrai du faux, tellement ce phénomène a pris des proportions nouvelles avec de véritables réseaux qui se sont constitués et qui trouvent en cette période de relative générosité une véritable mine d’or à exploiter.
DES FEMMES ET ENFANTS, SONT TRÈS SOUVENT EXPLOITÉS PAR DE VÉRITABLES BARONS
La plupart des citoyens durant le Ramadhan, purement par réflexe, ont tendance à donner la charité sans chercher à connaître la véritable identité du quémandeur, mais il faut savoir que de pauvres personnes, femmes et enfants, sont très souvent exploitées par de véritables barons de cette nouvelle forme d’esclavage, qui leur offre gîte et nourriture en contrepartie de la récolte du jour.
Ces infortunés sont recrutés dans les succursales de la misère et du malheur et sont ainsi des proies faciles à entretenir. Mais il y a ceux qui éprouvent également le besoin de s’engager dans cette direction par cupidité lorsque la nécessité ne se fait pas tellement ressentir.
Il y a également la spéculation qui fait son apparition en force et en toute liberté, puisque c’est durant ce mois sacré que beaucoup de commerçants, reconnaissent effectuer leur meilleur chiffre d’affaires de l’année.
Les citoyens sont ainsi saignés à blanc chaque année durant le mois sacré, puisque pratiquement à chaque fois, les prix ont tendance à doubler et même quadrupler comme, c’est le cas actuellement pour les viandes, poissons, fruits et légumes et bien d’autres victuailles. A l’allure où évolue la situation au niveau des marchés de la ville, beaucoup de pères de familles, vont certainement s’endetter pour pouvoir tenir, ne serait-ce que pour assurer le minimum.
On retrouve aussi un accroissement d’altercations plus ou moins sérieuses, très souvent pour des futilités où le manque de nicotine, caféine et surtout sommeil, tiennent la tête des causes. Dans les transports publics, au boulot, dans les commerces, ou tout simplement à la maison, le ton monte facilement et cela peut s’enchaîner par des dissensions dans le cercle familial.
Et puis il y a le clou de toute cette série de décrépitudes qui est la criminalité. En effet, comparativement au reste de l’année, où les vols, agressions, abus de confiance, cas d’injustice en tout genre, se maintiennent à un taux régulier et même parfois régressent durant le Ramadhan, ils augmentent, allant jusqu’à doubler. Les larcins ne se comptent plus dans les marchés, magasins, bus, et ce, en dépit d’une surveillance policière beaucoup plus renforcée durant ce mois.
On vole même au niveau des balances, chez l’épicier, le boucher, le marchand de légumes, mais également dans la composition du produit comme le pain, le lait, les boissons de toutes sortes.
«JE SAIS QUE PERSONNE NE VIENDRA À MON SECOURS»
Quant aux agressions, elles redoublent de férocité, notamment à l’encontre de personnes faibles physiquement comme la gent féminine, les vieux et les enfants, à qui on arrache, par la force, les objets qu’ils transportent, argent, bijoux, portables, montres, tout ce qui représente une valeur à leur yeux.
Cette année, on a relevé plus de vols de voitures que lors des précédents Ramadhan. Dans tout cela, c’est surtout l’indifférence des gens qui ne réagissent pas face à de telles attaques, alors que souvent ils sont plus nombreux que les voyous.
«J’AI ÉTÉ AGRESSÉE PLUSIEURS FOIS LORS DU RAMADHAN PASSÉ
et depuis, j’ai pris mes précautions lorsque je vais au travail, je ne porte aucun bijou et surtout je me contente du minimum d’argent, soit pour le transport, c’est-à-dire de la monnaie, car je sais que personne ne viendra à mon secours», dira une dame qui s’apprêtait à monter dans le bus en fin de journée.
Pour R. Halima, 70 ans, qui vit de la vente du pain matloue, qu’elle revend à M’dina J’dida durant le mois de Ramadhan, c’est son petit fils qui vient la raccompagner tous les soirs en fin de journée, pour lui éviter de mauvaises rencontres.
Mais les vols et cambriolages les plus importants se font durant le moment du f’tour, lorsque les rues sont désertes. Les voleurs s’attaquent aux voitures garées dans la rue ou les magasins fermés.
D’ailleurs, plusieurs voitures sont visitées, lorsqu’elles ne sont pas carrément emportées et des boutiques pillées. S. Omar, cadre dans une société nationale, demeurant au quartier de Maraval, en a fait l’amère expérience l’année dernière en plein mois de jeûne. Après le f’tour en sortant pour aller fumer une cigarette, il ne trouva pas sa voiture qu’il avait garée comme d’habitude devant la porte. Il a passé tout le mois du Ramadhan à la rechercher, mais en vain.
Cependant, il n’y a pas que durant la journée que la criminalité fait rage, car la nuit après le f’tour, les agressions et autres indélicatesses sont également très présentes. Un conseil, ne sortez jamais seuls pour aller faire un tour ou pour rendre visite à des proches et surtout éviter d’emprunter des rues ou ruelles sombres où que vous ne connaissez pas. Sinon, mieux vaut rester chez soi en famille.
D’ailleurs, beaucoup de taxieurs ou de chauffeurs clandestins, n’osent pas pénétrer dans certains quartiers où il fait sombre, de peur d’être agressés.
Même si la sécurité a été renforcée avec la présence remarquée de policiers à plusieurs endroits d’Oran, plus particulièrement au centre-ville qui grouille de monde après le f’tour, ainsi que dans les grandes artères de la ville, il n’en demeure pas moins que la passivité des citoyens n’est pas faite pour arranger les choses et ainsi aider à atténuer la criminalité. Mais là, c’est une toute autre histoire qui mérite une attention particulière.
S.A.Tidjani