Les recettes des hydrocarbures de l’Algérie pourraient dépasser les 67 milliards de dollars en 2011, soit une augmentation de 20% par rapport à l’année écoulée ou elles étaient de 56,1 milliards de dollars. Cette déclaration du ministre de l’Energie et des Mines, M. Youcef Yousfi, est conditionnée par une stabilité, à leur niveau actuel, des prix de pétrole.
Selon le dernier rapport du Fonds monétaire international (FMI), dans le chapitre dédié à l’évolution du marché de l’énergie, À moyen terme, les cours des contrats à terme montrent que les marchés s’attendent à ce que les cours demeurent élevés, mais aussi plus ou moins constants en termes réels. Ces anticipations correspondent bien à l’opinion qu’avec des cours à ce niveau, l’offre ne peut dans l’ensemble que répondre à une croissance relativement modérée de la demande mondiale de pétrole (de l’ordre de 1% par an). L’offre mondiale de pétrole ne continuera sans doute pas, selon le document, d’enregistrer la croissance d’environ 2% de ces deux dernières années, qu’avait permise le volume élevé des capacités de réserve après la récession, ainsi que d’autres facteurs spécifiques.
Selon toujours le FMI, l’évolution récente de l’offre semble indiquer qu’il est possible que le développement modéré des capacités nettes se poursuive. Avec des cours à 100 dollars le baril en termes réels, les gisements conventionnels et non conventionnels à coût élevé continuent d’être exploités. Les investissements en amont dans les pays non membres de l’OPEP restent importants, les opérations de prospection et d’exploitation se poursuivant. En conséquence, la production de ces pays dépasse déjà de quelque 2 millions de barils par jour le précédent pic de 2007, malgré le déclin continu des gisements de la mer du Nord et du Mexique.
Deux conditions pour maintenir la stabilité du marché à court terme

D’après le rapport du FMI, la stabilité à court terme du marché du pétrole dépendra fortement de deux facteurs. Premièrement, on s’attend à ce que la croissance de la demande ralentisse encore après la forte hausse observée jusqu’en 2010. Étant donné que la croissance de l’offre hors OPEP ne devrait pas reprendre avant la fin de 2011, le recours à l’OPEP s’amplifiera encore au second semestre de 2011, puis en 2012, d’après les projections de référence des PEM15. Une augmentation de la production de l’OPEP sera, donc, nécessaire pour assurer la stabilité du marché du pétrole, encore que certains recours à l’OPEP seront saisonniers. Il y a des aléas des deux côtés. L’ampleur de la modération de la croissance de la demande de pétrole dépendra de la question de savoir si l’activité mondiale rebondit comme prévu. Les capacités de réserve de l’OPEP ont diminué depuis que la production libyenne est perturbée, ce qui accroît les risques pesant sur l’offre, y compris pour des raisons géopolitiques.
Retour sur l’historique
des cours pour 2011
Selon le FMI, Après avoir fortement progressé jusqu’en avril, mois à la fin duquel ils ont atteint un pic de 120 dollars le baril, les cours du pétrole ont diminué pendant le reste du deuxième trimestre, puis de nouveau en août, se négociant à environ 100 dollars le baril depuis le milieu du mois. L’APSP (moyenne simple des cours de trois variétés de brut : Brent, Dubaï et West Texas Intermediate (WTI) est tombé depuis un certain temps en deçà du seuil de 100 dollars, niveau autour duquel il devrait normalement varier jusqu’à la fin de la période couverte par les projections. L’instabilité des cours du pétrole, mesurée par la volatilité implicitement intégrée dans le Chicago Board Options Exchange Crude Oil Volatility Index, s’est nettement intensifiée pendant les vives corrections de mai et d’août. Dans ce second cas, l’écart type des variations quotidiennes des cours anticipé a épassé temporairement le niveau de 50% (en termes annualisés), soit un chiffre supérieur à celui observé en mars au plus fort de la perturbation des marchés pétroliers due aux événements en Libye.
Le recul des cours du pétrole brut s’explique principalement par des facteurs macroéconomiques et financiers. Ces facteurs ont généré des inquiétudes au sujet des perspectives de la demande de pétrole. Ce recul était certes anticipé, étant donné les dépassements observés au second semestre de 2010, mais il s’est révélé plus important que prévu au second semestre de 2011, reflétant ainsi l’évolution de l’activité mondiale. La forte accélération de la demande de fioul en Chine à cause des coupures et pannes de courant, principal facteur propre aux produits de base qui a contribué au dépassement de la demande de pétrole au second semestre de 2010, s’est inversée comme prévu. Dans l’ensemble, la croissance de la demande en Chine s’est normalisée à des taux correspondant bien aux relations antérieures entre la demande de pétrole et l’activité. Selon le FMI, la consommation d’essence a progressé ces deux dernières années à un taux supérieur à celui observé pendant la phase d’expansion de 2005-2008, ce qui donne à penser que l’augmentation du nombre de véhicules automobiles par ménage a peut-être commencé à modifier la pente de la trajectoire de la demande d’essence. Dans les pays avancés, la demande de carburant a finalement été moins forte que prévu, diminuant au deuxième trimestre. Aux États-Unis, elle a été légèrement plus faible qu’anticipé, étant donné l’état du cycle et le niveau des prix de détail des carburants dans ce pays.
Un marché dicté par la loi
de l’offre et la demande
Selon le rapport du FMI, l’offre de pétrole augmente à un taux annuel régulier, de l’ordre de 2%, depuis le début de 2010, encore que sa contribution relative se soit modifiée. Après avoir été forte en 2010, la croissance de l’offre émanant des producteurs non membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) a ralenti au premier semestre de 2011. Ce ralentissement traduit la fin de l’effet de base des nouvelles capacités du golfe du Mexique aux États-Unis, en 2009, et la fermeture temporaire de champs producteurs pour des opérations d’entretien et d’accroissement des capacités. Il a été compensé par une augmentation de la production des pays de l’OPEP, encore qu’il leur ait fallu du temps pour la réaliser à cause des perturbations dues aux événements en Libye. Ce n’est qu’en juin que la production de l’OPEP a retrouvé les niveaux observés au premier trimestre grâce, en grande partie, à l’Arabie saoudite qui a accru sa production de plus de 12% environ par rapport au premier trimestre de cette année, soit une progression équivalant à 1% de l’offre mondiale. Dans tous les pays de l’OPEP, exception faite de la Libye, la production a dépassé les contingents de décembre 2008 qui sont en vigueur pour un certain temps encore (à leur dernière réunion régulière en juin, les ministres des pays de l’OPEP n’ont pu s’entendre sur un relèvement des contingents).
Pour ce qui est de l’équilibre entre l’offre et la demande, le document stipule que la croissance de la demande a encore dépassé celle de l’offre pendant le premier semestre de 2011. Comme durant le second semestre de 2010, le rééquilibrage du marché a nécessité de fortes ponctions sur les stocks. Le recours aux stocks d’urgence par les pays membres de l’Agence internationale de l’énergie n’a apporté qu’un répit très temporaire à la montée des cours. À la fin de juin, les stocks des pays membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques étaient tombés en deçà des niveaux moyens observés pendant les cycles précédents (en termes de ratios stocks/consommation).
À la suite de l’utilisation des volants de sécurité, les courbes des contrats à terme sur le Brent, premier repère pour les cours en dehors du marché nord-américain, sont revenus à leur orientation descendante normale (les cours au comptant dépassent ceux à terme).
En revanche, explique le document, les courbes des contrats à terme sur l’U.S. WTI sont toujours orientées à la hausse, en raison de la présence de poches localisées d’offre excédentaire dans des zones enclavées de la chaîne d’approvisionnement nord-américaine, qui s’explique par une augmentation de la production et la faiblesse continue de la demande. Les capacités de transport restreintes limitent les possibilités d’arbitrage pour réduire les écarts de cours. Ces contraintes devraient normalement durer quelque temps ; les cours des contrats à terme en vigueur semblent indiquer que les marchés s’attendent à ce que le WTI se négocie moins cher que le Brent jusqu’en 2016. Depuis toujours, le WTI se négocie avec une prime, car il s’agit d’un pétrole léger et doux.
L’institution le Christine Lagarde prévoit, dans le cas où cette anomalie se poursuit, l’utilisation du cours du WTI comme cours mondial de référence fera de plus en plus l’objet d’un examen approfondi.
Par : Tassaâdite Lefkir