Des centaines de travailleurs de la Sonatrach ont observé jeudi 3 mars un sit-in entre 12h et 13h devant la direction régionale de leur entreprise à Hassi R’mel, à 550 kms au sud d’Alger, a appris DNA auprès des travailleurs sur place.
Les Travailleurs promettent de radicaliser leur mouvement de contestation si les responsables de la Sonatrach, première compagnie pétrolière d’Algérie et d’Afrique, continuent d’ignorer leurs doléances.
Depuis 2009, les travailleurs n’ont de cesse de solliciter les responsables de la Sonatrach quant à la satisfaction de leurs revendications socioprofessionnelles. « C’est la sourde oreille », dénonce Abdelkader Saher, joint par téléphone.
Mardi dernier, les travailleurs de cette région pétrolifère ont profité de la visite de Yousef Yousfi, ministre de l’Energie et des mines, pour exprimer leur mécontentement de manière symbolique. « A midi, nous avons décidé de s’abstenir de manger », rappelle M. Arhab Ali, l’un des délégués des travailleurs à Hassi R’mel. Pas de quoi perturber la visite du ministre.
« Le ministre qui s’est déplacé à Hassi R’mel n’a même pas daigné dépêcher un émissaire pour nous recevoir ou du moins s’enquérir de ce qui se passait. C’est la sourde oreille», fustige pour sa part, M. Saher, un autre délégué ;
Le lendemain mercredi, les travailleurs reconduisent le mouvement de protestation. Toujours pas de réaction. Les pétroliers de Hassi R’mel affirment aujourd’hui qu’ils ont jusque-là montré beaucoup de patience. « Pour le moment, nous sommes sur la ligne pacifique. Mais, si les responsables de la Sonatrach continuent à nous mépriser davantage, il est fort probable que nous irons vers des actions plus radicales. Ils devront d’ailleurs assumer leurs responsabilités », prévient ce pétrolier, estimant que les travailleurs ne baisseront pas de sitôt les bras tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites.
Après le sit-in de jeudi, ils promettent de maintenir la pression. « Un rassemblement est prévu samedi prochain devant le siège de la direction», explique Abdelkader Saher.
Au chapitre des revendications, les travailleurs réclament la revalorisation de la l’Indemnité de zone et des conditions de vie (IZTV), calculée sur la base du SNMG de 6800 DA (68 euros) au lieu de 15 000 DA (150 euros), affirme interlocuteur. « Nous travaillons dans de dures conditions, les accidents de travail ici sont mortels », précise le délégué des travailleurs.
S’agissant de la prime de nuisance, entre de 700 à 2400 DA (entre 7 et 24 euros), elle est carrément insuffisante, selon lui. « La prime n’a évoluée depuis 1996. C’est n’est pas possible. Bien que nos revendications soient minimalistes, c’est le silence total de la part de la direction», s’indigne M. Arhab. Et d’ajouter : « Dans un pays qui se respecte, le PDG de la Sonatrach plierait bagage pour avoir montré autant de cynisme dans le traitement des revendications des travailleurs »
Les travailleurs de la Sonatrach ne manquent pas par ailleurs de dénoncer les responsables de la section syndicale locale affiliée à l’UGTA. « Ils sont pires que les dirigeants de la société. Ils bénéficient de privilèges exorbitants et ne se soucient guère des droits des travailleurs », fustige M. Arhab.
La région de Hassi R’mel dans le sud Algérien est le plus grand gisement de gaz naturel du continent africain. Les installations construites autour de Hassi R’mel constituent la plaque tournante de l’industrie gazière algérienne. C’est depuis cette région que différents gazoducs exportent le gaz, particulièrement vers l’Europe.