Si Louisa Hanoune se défend d’être l’émissaire du Général à la retraite Mohamed Mediene, dit Toufik, dans ses attaques à répétition contre les membres du premier cercle du clan présidentiel et en premier son frère Saïd, les accusant d’avoir amassé des fortunes colossales par des moyens et des méthodes mafieuses, notamment leur complicité dans l’assassinat du Wali de Annaba, Mohamed Sendid, et d’œuvrer pour la main mise sur le pouvoir et sur les richesses nationales, il en va autrement pour le député du FJD, Hacène Laribi. Ce dernier avait déclaré ouvertement, ce samedi à la chaine de télévision Beur TV, qu’il avait été reçu par Toufik dans son domicile et qu’il lui avait confié des détails d’une gravité extrême sur les affaires de corruption impliquant Chakib Khelil, ainsi que sur l’affaire du Général Hassen.
Il a déclaré que Toufik lui a confié qu’il n’a pas été mis à la retraite pour manquement à son devoir, mais parce qu’il a présenté un rapport avec des preuves irréfutables au Président Abdelaziz Bouteflika, sur le détournement par Chakib Khelil de 198 millions de dollars, qui ont été versées sur un seul compte, sans compter les sommes versées sur le compte de son épouse et sur ceux de son fils et de Farid Bedjaoui, en le qualifiant de malfaiteur qui a dilapidé les biens des Algériens. Qu’il fallait l’arrêter et rapatrier l’argent qu’il a détourné. Qu’il était perplexe devant de telles sommes détournées et révolté par l’impunité d’un tel comportement criminel, considérant que le pétrole symbolisait pour lui le sang des martyrs.
Alors que ce dernier continue à ce jour à se faire inviter par l’ambassade d’Algérie aux USA à l’occasion de la célébration du déclenchement de la guerre de libération nationale. C’est à cause de ce rapport, lui confia-t-il, qu’il a été mis à la retraite, parce que Chakib Khelil est l’ami du Président et de la famille Bouteflika. C’est en réaction à ce rapport, de la part des hommes du Président, ceux qui sont derrière lui et ceux qui sont dans les coulisses et qui voudraient perpétuer l’accaparement du pouvoir illégitimement, sans passer par le suffrage universel, qui se sont ligués contre lui pour l’empêcher de leur nuire, en l’ayant poussé à la sortie par sa mise à la retraite.
Il lui aurait également confié à propos du Général Hassan, que ce dernier travaillait sous ses ordres et qu’il était son responsable direct et qu’il était au courant de tout ce qu’il entreprenait. S’il y avait quelqu’un à incriminer pour un quelconque manquement dans cette affaire, ce serait lui le premier concerné et non pas le Général Hacène. A ce propos, il lui a affirmé qu’il avait écrit une lettre au président Bouteflika et il ne lui a pas répondu. Une lettre dans laquelle il précise avoir déclaré que s’il y avait des accusations contre le Général Hassen il devrait être le premier à être incriminé. Cette lettre semble traduire un défi lancé au clan au pouvoir, car il est impensable que Toufik soit entendu par la justice sous quelque procédure que ce soit. Car Toufik détient certainement un dossier avec des preuves irréfutables sur les fortunes mal acquises de chaque oligarque qui gravite autour du pouvoir.
On peut comprendre pourquoi le tribunal qui a jugé le Général Hacène avait refusé le témoignage à la barre de Toufik, qui a été demandé par sa défense. Comme on peut comprendre pourquoi la justice s’acharne contre l’entourage de Toufik sans oser l’incriminer personnellement. Au passage à l’acte incriminant l’ami personnel d’Abdelaziz Bouteflika et de sa famille et de la réaction de l’oligarchie qui gravite autour d’eux, par son éviction, il y a comme une guerre d’usure que s’est installée entre les deux clans rivaux, celui de Toufik contre celui de Bouteflika et qui n’est pas prête à s’estomper de si peu. Dans cette lutte à mort, le clan au pouvoir semble aux abois, si l’on analyse l’intervention paradoxale du président du conseil de la Nation,Abdelkader Bensalah, en réaction à la lettre de défi de Toufik, adressée aux médias. Il faut rappeler que dans son intervention, Abdelkader Bensalah avait invité Toufik indirectement, sans le nommer, à se conformer aux règles morales et au traitement traditionnel de ce type d’événements.
Dont il faut comprendre la cessation du déballage du linge sale de la famille sur la place publique et de se conformer au code d’honneur qui régi la fratrie et le système qui la soutient, pour les préserver, en reléguant le conflit dans l’opacité du consensus interne. Probablement un appel du pied à Toufik, lui promettant l’acquittement du Général Hassen lors du jugement en appel, contre l’enterrement de la hache de guerre. Mais Toufik ne semble pas l’entendre de cette oreille. Il faut souligner ici, que Hacène Laribi n’aurait jamais osé trahir la confiance que lui a accordée Toufik à travers ces confidences, en les divulguant sur une chaine de télévision, si ce n’est Toufik lui-même, en commun accord, qu’il lui aurait demandé de le faire. En fin stratège, dans cette guerre d’usure, Toufik semble administrer ses coups au clan rival à la limite du subliminal, mais avec des effets des plus dévastateurs.
Pendant ce temps, le clan rival encaisse coup sur coup sans pouvoir maitriser la situation. Aux violences verbales puériles, tel que l’évocation d’une chanson d’Abdelhalim Hafez, dont le drabki de la troupe est fan, à la réduction du Général Hassen en tant que chauffeur de Toufik, ou alors son proche parent, vient s’ajouter la violence physique, symptomatique de l’épuisement des arguments à faire valoir.
Au soupçon de l’implication du clan au pouvoir dans l’assassinat du Wali d’Annaba, vient s’ajouter un autre soupçon du recours aux méthodes mafieuses, par la tentative d’assassinat du directeur exécutif de la chaine de télévision, Beur TV, ayant mené l’entretien avec Louisa Hanoun, dans ses accusations contre eux, ce vendredi. Cette même télévision, Beur TV, qui a diffusé l’entretien de Hacène Laribi ce samedi soir. Affaire à suivre…