Le plan anticancer mis en place depuis 2015 est encore loin de ses objectifs, à une année de son échéancier. Le ministre de la Santé, qui s’est exprimé à l’occasion de la célébration du mois international de lutte contre le cancer du sein, reconnaît qu’il restait encore beaucoup à faire. L’Algérie enregistre annuellement 50 000 nouveaux cas de cancer par an dont 12 000 sont des cancers du sein. L’accès aux soins reste encore un parcours du combattant pour les patients.
Salima Akkouche – Alger (Le Soir) – Le cancer du sein est le premier cancer chez la femme. A l’instar des autres pays du monde, l’Algérie célèbre pendant ce mois d’octobre, «octobre rose», le mois de lutte contre le cancer du sein. Un mois de sensibilisation, notamment sur les facteurs de risque et l’importance de dépistage précoce. Selon les professionnels de la santé, le dépistage et diagnostic au stade précoce permettent un taux de guérison de l’ordre de 95%. A cette occasion, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière qui est revenu sur le plan anticancer, a reconnu qu’en dépit des acquis réalisés ayant contribué à l’amélioration des conditions pour les citoyens afin de bénéficier d’un traitement du cancer, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre tous les objectifs tracés dans le cadre de ce plan». Hasbellaoui estime, toutefois, que beaucoup d’acquis ont été réalisés, en rappelant la création de 41 services et 77 unités de chimiothérapie à travers les différentes régions du pays. Il a indiqué aussi que 37 accélérateurs ont été mis en service dont 10 dans le secteur privé, en attendant la réception de 12 nouveaux autres accélérateurs avant la fin de l’année en cours. Le premier responsable du secteur a annoncé également la réception, avant fin 2018, de centres anticancer d’El Oued, de Béchar, d’Adrar et Tizi-Ouzou. Pour illustrer les efforts consentis dans la lutte contre le cancer, le premier responsable du secteur a rappelé que les dépenses consacrées aux médicaments destinés au traitement de cette maladie représentent 60% du total du chiffre d’affaires de la pharmacie centrale des hôpitaux. Par ailleurs, le ministre de la Santé qui a donné jeudi le coup d’envoi de la deuxième édition du Salon national d’information sur le cancer, qui prendra fin aujourd’hui, a appelé les associations algériennes d’œuvrer avec les associations arabes participantes au salon, à réfléchir à la création d’une fédération des associations arabes de lutte contre le cancer. Le but, selon Hasbellaoui, est de représenter les malades atteints de cancer auprès des organisations internationales «car les gouvernements ne peuvent pas lutter seuls contre cette maladie». Pourtant, le premier grand problème des malades c’est d’abord l’accès aux soins. En Algérie, ce droit fondamental reste encore un parcours du combattant pour les malades qui meurent faute d’accès aux soins. Les professionnels de santé, eux, se plaignent de manques de moyens. Certes, les rendezvous pour les séances de radiothérapie ne sont plus aussi loin que ce qu’ils étaient il y a quelques années, suite à l’ouverture des nouveaux centres anticancer. Cependant, ces appareils sont souvent en panne dans la plupart des structures notamment dans les CHU. Quant au problème qui se pose dans les centres anticancer, c’est le manque de personnel pouvant manipuler ces appareils. Les professionnels de la santé dénoncent aussi le problème d’accès à de nouvelles thérapeutiques. Ces dernières sont pourtant, rappelle- t-on, enregistrées et autorisées par la Direction générale de la pharmacie. Le deuxième problème pour ces femmes atteintes de cancer est d’ordre psychosocial, la sensibilisation et l’information sur cette maladie n’ont pas encore atteint leurs objectifs, à savoir mobiliser le soutien familial, vaincre le rejet par le mari ou la famille et accompagner ces patientes dans leur parcours pour une réinsertion socioprofessionnelle.
S. A.