Des journalistes femmes de la chaîne 4 d’expression amazighe, affiliée à la télévision nationale publique l’ENTV, ont déposé plainte, ce mercredi 03 Août 2011 contre leur directeur, Said Lamrani, pour harcèlement sexuel, selon un communiqué du Syndicat national des journalistes (SNJ). Depuis la publication des témoignages de ces journalistes dans la presse, le directeur qui se prévaut de l’amitié du président Bouteflika a refusé de démentir les accusations portées contre lui.
La plainte a été officiellement introduite par l’avocat du Syndicat national des journalistes, Me Youcef Dilem, auprès du parquet de la République au niveau du tribunal de Sidi M’hamed à Alger, ajoute la même source.
Said Lamrani, 75 ans, directeur de cette chaîne de télévision berbère, lancée le 18 mars 2009, est mis en cause publiquement par des journalistes de la chaine.
Ces derniers affirment avoir été victimes de brimades, d’humiliations publiques, de vexations, d’abus de pouvoir, de censure arbitraire, de harcèlement moral et sexuel pratiqué sur le personnel féminin.

On lui reproche aussi d’avoir érigé la chaine 4 en un lieu où les passe-droits le disputent au favoritisme et au clientélisme. Selon divers témoignages recueillis sous le sceau de l’anonymat – les journalistes affirment craindre des représailles-, le directeur se prévaut de l’amitié du président Bouteflika.
Depuis que ces journalistes ont osé briser le mur du silence, le mis en cause, selon le SNJ, s’est lancé dans une compagne de représailles.
« Ce recours à la Justice est une extrémité hélas inévitable pour des consœurs bafouées dans leur intégrité morale, et rendue d’autant plus incontournable par la campagne de représailles que mène à leur encontre le directeur de la Chaîne 4 depuis qu’elles avaient osé briser le silence et porter l’affaire sur la place publique », affirme encore le communiqué du SNJ.
En dépit de la gravité de ces révélations et de ces accusations portées à l’encontre du M. Lamrani, ce dernier est toujours resté à son poste. D’ailleurs, la direction de l’ENTV, la télévision d’Etat, n’a pris aucune mesure conservatoire. Seule, le ministère de la Communication a diligenté une enquête.
Le SNJ ne manque pas de critiquer l’attitude « complice » de la direction de l’ENTV. « L’homme se prévaut publiquement d’une « amitié » protectrice et donc immunisante du Chef de l’Etat. Il a pu, en tout cas, bénéficier jusque là de tergiversations complices de la Direction de l’ENTV et ce, en dépit des instructions du ministre de la Communication qui lui demandait l’ouverture d’une enquête avec, éventuellement, la prise de mesures conservatoires, à la demande du Syndicat, le 13 Juillet 2011 », souligne encore le Syndicat des journalistes algériens.
Depuis la parution des témoignages des journalistes dans la presse algérienne, M. Lamrani a gardé le silence, refusant de démentir ou de confirmer les accusations portées contre lui.