Harcèlement : suspension controversée d’un enseignant à Mascara

Harcèlement : suspension controversée d’un enseignant à Mascara

C’est depuis deux jours que les réseaux sociaux en Algérie sont en ébullition suite à la suspension, par le directeur d’un lycée, d’un enseignant de Sciences islamiques. Entre ceux qui crient au scandale, et ceux qui trouvent que cela est tout à fait « normal », l’affaire divise, et chacun campe sur ses positions.

Mais que s’est-il passé ? En fait, cela dépend des versions, et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’une enquête a été dépêchée par la direction de l’éducation nationale de la wilaya de Mascara. Un comité dont la tache est de lever le voile sur les tenants et les aboutissants de cette affaire s’est rendu hier dimanche au lycée Abi Rass Al Naciri, situé au chef-lieu de la même wilaya.

Suspendu car il a « conseillé » des lycéennes ?

Il s’agit d’un enseignant qui a été engagé dans ledit lycée il y a moins de 40 jours. Jeune, barbe hirsute, l’enseignant affirme devant les caméras de la télévision que la raison de sa suspension par le directeur de l’établissement est le fait qu’il eut voulu bien faire en « conseillant » quelques écolières de « porter le voile ».

« Le directeur m’a suspendu pour seule raison, comme vous l’avez surement entendu, c’est parce que j’ai conseillé deux filles, ou deux ou trois ou quatre, je ne sais pas combien, de s’habiller plus pudiquement », a déclaré l’enseignant désormais interdit de franchir le seuil du portail du lycée.

Le jeune enseignant affirme aussi qu’il distribuait des « dépliants » pendant les cours à ses élèves. Ces dépliants dont on ignore le contenu, ne s’inscrivent toutefois pas dans le programme établi par le ministère de l’Éducation nationale. L’enseignant indique toutefois que cela est tout à fait légal, vu que « ça l’aidait dans ses cours ».

Il a également parlé d’un livre dont « le titre est effrayant, mais dont le contenu parle d’histoire ». Selon lui, ce livre est loin d’être en contradiction avec « les préceptes du 1er novembre ». D’après les déclarations de cet enseignant, il est clair qu’il était loin de se conformer au programme fixé par le ministère, et que ses « conseils » controversés n’étaient que la goute qui a fait déborder le vase de la direction du lycée.

Harcèlement : les graves accusations du directeur

Bien que les aveux de l’enseignant soient suffisants, vis-à-vis de la loi, pour acter son limogeage, le directeur de l’établissement scolaire enfonce le clou, et affirme que cet enseignant constitue un danger sur les élèves.

En effet, le premier homme au sein de l’établissement affirme que plusieurs élèves et parents d’élèves se sont plaints de l’inacceptable comportement de cet enseignant. Certains lycéens ont affirmé que le prof « délaissait son cours et nous parlait de Hijab, de Niqab et de choses encore plus dangereuses », confie le directeur.

Le responsable ajoute que le professeur démis de ses fonctions parlait aux élèves de ce qu’il appelait « les origines du bérberisme en Algérie », ce qui n’a absolument aucun lien avec la matière qu’il est censé enseigner.

Mais il y a encore plus grave, soutient le directeur, qui avoue qu’il détient des « preuve solides » qui confirment que l’enseignant s’adonnait à des harcèlements envers les lycéennes. Ces preuves ont été présentées par les élèves et leurs parents, et le directeur assure qu’il compte entamer une procédure judiciaire.