Harcèlement de rue en Algérie : jusqu’à quand ?

Harcèlement de rue en Algérie : jusqu’à quand ?

Le harcèlement de rue, et bien qu’il soit un phénomène mondial, est de plus en plus pointé du doigt en Algérie grâce à l’activité de plusieurs collectifs féministes, mais aussi de mouvement associatifs citoyens et gouvernementaux. Plusieurs voix s’élèvent ces dernières années contre la banalisation des comportements qui portent atteinte aux femmes.

Sifflées, poursuivies, empêchées de passer, les femmes algériennes souffrent quotidiennement de plusieurs comportements qui les empêchent de vivre pleinement leur vie. Contre cette situation, plusieurs femmes ont pris la parole, pour dénoncer, mais surtout pour s’affirmer, et imposer leur droit à la liberté au sein de la société.

La loi contre le harcèlement de rue, 6 ans après…

Le début du mois de mars 2015 a été marqué par l’entrée en vigueur de la loi pénalisant le harcèlement dans les espaces publics. Cet acte es devenu désormais passible de deux à six mois de prison. Avec cette loi l’Algérie est devenu le deuxième pays du Maghreb, après la Tunisie, à se plier sous les pressions des associations féminines.

Six ans se sont écoulées, et les violences à l’égard des femmes sont loin de vouloir disparaitre. En effet, et selon plusieurs spécialistes, ce sont des comportements banalisés comme le harcèlement de rue et les violences conjugales, qui peuvent mener à des féminicides.

Une quarantaine de femmes sont tuées durant l’année 2020, et plusieurs plaintes continuent d’être déposées au niveau des commissariats du pays, contre des actes de harcèlements dont la majorité demeurent impunis.

L’élan féministe

Une trentaine de jeunes femmes formaient chaque vendredi un carré dans les manifestations hebdomadaires qu’avait connu la capitale pendant l’année passée. Malgré leur nombre, ces femmes ont crié haut et fort pendant des mois leur ras le bol envers le harcèlement de rue.

« Égalité entre sœurs et frères », « Nos droits, c’est maintenant », scandaient ces femmes en marchant vers la fac centrale. Selon elles c’était une chance de s’imposer, et de réclamer des droits que la loi contre le harcèlement était loin de pouvoir leur garantir.

Ce bouillonnement féministe avait été soldé par la rencontre inédite de 17 organisations féministes venues de plusieurs wilayas à Béjaïa, et de plusieurs autres initiatives qui ont été par la suite freinées par la crise sanitaire.

Le ras le bol des femmes

Ce n’est pas les masques qui sont désormais portés qui ont fait baisser la fréquence des harcèlements de rue. Des jeunes femmes  déclarent que « leur seul souhait c’est de pouvoir marcher tranquillement dans la rue ». Une autre affirme qu’elle « rêve de visiter toutes les wilayas du pays sans y être harcelée ».

Une autre déclare que « pour pouvoir marcher dehors il faut toujours porter des vêtements qui cachent notre féminité » et que « la féminité est devenue apparemment un crime, mais pas le harcèlement ». Cette situation avait poussé plusieurs femmes à s’insurger et à exprimer leur mécontentement.

« Ce qu’ils me disent ne me touche plus, ça va plus me donner envie de leur répondre » indique l’une des intervenantes d’une vidéo sur le harcèlement de rue en Algérie, financée par l’Ambassade du Canada. Une autre jeune fille s’insurge et déclare en gesticulant : « Si tu n’as pas un minimum de contrôlè sur toi-même, moi je ne peux pas le faire à ta place mon frère. Si tu dis que ce sont les femmes qui nous séduisent avec leurs tenues, moi je te répondrais en te disant « Ow ! Tu sais combien de beaux gosses traînent dans la rue ! Ce n’est pas pour autant que je vais les déranger ».