Hanoune attaque violemment des ministres: Labidi une « chef de bande », Boudiaf, « un félon »

Hanoune attaque violemment des ministres: Labidi une « chef de bande », Boudiaf, « un félon »

original.jpgQuelques semaines après une accusation lancée par l’Association algérienne de lutte contre la corruption (AACC) contre le ministre des ressources en eaux, Hocine Necib, d’avoir fait bénéficier à ses proches, dont son fils, de terres agricoles à Khenchela, et alors que des soupçons de délits d’initiés chez les concessionnaires suscitent des questions au sujet du ministre de l’industrie, Abdesslam Bouchouareb, deux autres ministres sont très violemment chargés par le secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune.

La dirigeante du PT qui est engagée dans une vive polémique avec la ministre de la culture, Nadia Labidi, est passée à un cran supérieur en l’accusant d’agir en « violations des règles de l’Etat et des us et coutumes ». Hanoune a indiqué qu’elle ne se taira pas devant la « corruption qui se pratique comme un sport ».

Mme Labidi, « se comporte en délinquante » a-t-il déclaré, même si elle n’est qu’une « petite chef de bande » en comparaison des « autres grands corrompus », selon le récit du journaliste d’El Khabar.

Hanoune qui s’exprimait lors de la réunion du Bureau Politique de son parti a parlé de « faits accablants » contre la ministre de la culture et affirme lui avoir dit le 1er novembre dernier qu’elle « finira en prison » si elle continuait avec avec ses « malversations ». La secrétaire générale du PT est revenue sur les circonstances, qu’elle juge insultantes, de la remise d’une lettre de la ministre.

Grine et le DG de l’ENTV accusés de « complicité »

Hanoune a mis en cause un « financement public » d’un film produit par l’agence de communication appartenant à la ministre, ce qu’elle considère une situation de « conflit d’intérêt ».

Dans ses déclarations d’aujourd’hui, Louisa Hanoune a accusé le ministre de la communication, Hamid Grine, et le DG de la télévision, Toufik Khelladi, d’être des « complices » en permettant la diffusion d’un programme télévisé qui serait le fruit du « contournement » des règles par la ministre.

La dirigeante du PT, selon le récit du journaliste d’El Khabar, a demandé au chef de l’Etat de démettre « les ministres de la santé, de l’industrie et de la culture et de les renvoyer devant la justice pour les pratiques de pillage qu’ils pratiquent sur les deniers publics ».

« Le siphonage des fonds publics a atteint des proportions alarmantes » a déclaré Louisa Hanoune accusant Nadia Labidi de se comporter en « chef de bande qui menace tous ceux qui dénoncent des agissements contraires à l’éthique » et en « délinquante qui bafoue toutes les lois de la République et fait de l’argent public sa propriété privée ».

La SG a exprimé à nouveau sa colère de la manière avec laquelle la ministre de la culture lui a transmis un courrier de « menace ». Elle a envoyé des hommes en tenue non officielle « chez moi me remettre une lettre de menace ». Elle a refusé de leur ouvrir et les hommes sont allés au siège du PT « remettre cette lettre de menace portant l’entête du ministère.

Hanoune fait l’éloge de Khalida Toumi

Une « dérive dangeureuse », selon Louisa Hanoune, car dans les traditions algériennes on « n’envoie jamais des hommes frapper à la porte d’une femme ». Hanoune a révélé qu’avant de devenir ministre, Mme Labidi est venue la voir pour intervenir en sa faveur auprès de Khalida Toumi au sujet de l’octroi d’une subvention pour la réalisation d’un film.

« Elle a pris 1,5 milliard de centimes, mais le film a été réalisé en Tunisie. Elle n’a pas respecté ses engagements. » a indiqué Mme Hanoune en faisant l’éloge de Khalida Toumi qui, selon elle, « payé le prix de sa non-adhésion à la corruption » et de sa défense des « vrais éditeurs ».

Autre cible de Mme Hanoune, le ministre de la santé, Abdelmalek Boudiaf qu’elle a accusé récemment d’avoir permis aux groupes français et américain d’emporter le marché des accélérateurs devant équiper les 15 centres anti-cancer du pays.

Le ministre avait répliqué en faisant valoir que le marché avait été octroyé avant son arrivée à la tête du ministère. Une source proche du ministère avait même lancé avec ironie: « Mais d’où peut-on importer ces équipements si ce n’est d’Europe ou des USA? »

Louisa Hanoune, peu convaincue par l’argument a réclamé une commission d’enquête sur ces marchés. Elle ne s’est pas privée de charger le ministre. Selon El Watan elle a déclaré: « le félon c’est lui qui met en cause la révolution en mettant en cause la gratuité des soins ».

Le ministre de la santé est accusé par Louisa Hanoune d’avoir octroyé des marchés qui remontent à 2011 à l’entrepreneur Ali Haddad au nom d’une entreprise créée en 2014. Le nom de Ali Haddad n’est pas cité directement dans les propos de Hanoune mais l’allusion était claire.

Cette multiplication des « affaires » et des attaques contre les ministres intrigue les observateurs politiques qui se demandent s’il ne s’agit pas d’une énième bataille au sein du sérail….