Une expo à découvrir
Entre toiles de paysages et portraits, notre artiste présente 14 poupées qui dévoilent toute la beauté des tenues féminines de l’Algérie, un véritable ravissement du regard.
La peinture n’a pas de secret chez Mme Hanifa Belkacem qui vit depuis 25 ans à Béjaïa. Cette année, elle expose ses oeuvres dans le hall au premier étage de l’hôtel Hilton, au grand bonheur des fans de l’art plastique. Sa peinture respire la fraîcheur et la joie de vivre. En somme, elle tombe à point nommé avec l’air du printemps.
Hanifa Belkacem aime peindre les paysages de sa région d’adoption». Trois thème composent son exposition. Tout d’abord la nature de la ville de Béjaïa qu’elle dit adorer. L’on y découvre des vues panoramiques, des quartiers. Cinq toiles qui représentent les quartiers de Béjaïa, l’on distingue aussi l’incontournable brise de mer et ce bateau rouge qui est resté à quai pendant des années.. «Là, on a l’impression qu’on est à la campagne, mais en fait on est au centre de Béjaïa. Là c’est la ville et sa rue principale et en haut, une vue sur Yemma Gouraya. Aussi, la Villa Madani est entourée de constructions.» L’autre partie de l’expo est déclinée dans le style figuratif et c’est fait au pinceau. Le regard du visiteur sera happé par la vue de cette chanteuse, ces musiciennes, ou encore cette scène de hammam etc. Toutes ces toiles sont faites à l’huile et travaillées au doigt, sauf les paysages de Béjaïa. Troisième thème que notre artiste a choisi pour dessiner les contours de ses humeurs picturales sont les fleurs. En atteste ces tableaux au nom de Floralies, bourgeonnement, rêveries. Ces tableaux déclinés dans le genre abstrait sont réalisés au doigt. A côté d’autres paysages sont représentés, notamment une vue de Yakouren à Béjaïa et ce petit village avec un hameau et des vieilles maisons qui sont peut-être centenaires. C’est presque de l’impressionnisme quand on y regarde de près. Un effet rendu palpable grâce aux petits tapotements de doigts de l’artiste-peintre.
«Certains tableaux ont été faits en deux jours, d’autres un mois, ça dépend. Je peux m’arrêter, bloquer sur une couleur, ça ne me plaît pas, je trouve qu’il manque quelque chose et je refais». Et parlant de sa nouvelle tendance picturale, liée à ces fleurs, Mme Belkacem renchéri: «Depuis 5 ans c’est ma nouvelle façon de travailler, ce sont les couleurs, les formes, c’est assez enthousiaste, enjoué.» On voit une perspective plus optimiste, d’ailleurs les couleurs parlent d’elles-mêmes. On y voit aussi des femmes en fleurs. Le bouton suggère la femme. Les rêveries évoquent carrément les femmes, elles-mêmes sont des plantes, sont lascives dans leur position…». Peints dans des tons plutôt pastels, ces tableaux sont, en effet, déclinés dans des couleurs acidulées tels le vert pistache, le blanc, imputant à ces tableaux cette impression de fraîcheur qui rappelle presque l’acrylique.
Pas loin de là, le paysage reprend le droit de cité et l’on découvre, notamment la Casbah de Béjaïa ou encore ce doux tableau au titre suggestif, la main tendue. «Deux filles, mais qui tend sa main? Celle qui donne ou celle qui prend? Je joue sur les couleurs. J’aime bien les couleurs chaudes. Je joue aussi sur les ombres. Je préfère les visages sans trait. Oui, c’est la situation qui parle d’elle-même».
Dans un autre registre complètement différent, Mme Belkacem Hanifa nous éblouit avec 14 poupées, faites main, entre bijoux, coiffures, tissus brodés… Plusieurs modèles sont ainsi donnés à voir et montés sur un socle en bois. Un choix artisanal délibéré. Ces poupées illustrent très bien les différentes régions du pays avec menus détails. L’on peut aisément distinguer ainsi la fille de l’Algérois avec son karakou, le khit rouh et le badroun que l’ on porte en dessus, ou encore son adjar. L’Oranaise et sa djeba, la fille des Aurès. Les anciennes tenues d’Alger. Entre la tenue de fête et des après-midi avec le serouel medouer, la kabyle et sa fouta, la tenue de Annaba, celle des Hauts-Plateaux etc.
«Tant qu’on fait des choses avec plaisir, avec amour pour transmettre, je ne vous dis pas la satisfaction de voir les gens qui aiment ce qu’on fait, on est payé déjà. Ce n’est pas que le côté finance qui compte, franchement, ça fait plaisir de voir qui sont là, qui aiment, qui apprécient, c’est déjà beaucoup. Les poupées, cela m’a pris un mois…»
Active, Mme Belkacem confie se lever tôt le matin pour entamer la confection de ses poupées, qu’elle achève le soir en regardant la télé. L’après-midi, elle la consacre à l’association «Les lumières de Bougie» dont elle est membre active ainsi qu’à ses toiles.