« Handicapé, mais… »

« Handicapé, mais… »

Du nouveau théâtre exclusivement fait par des handicapés constitue le défi lancé par un atelier créé par le Théâtre national Algérien (TNA), Mahieddine Bachtarzi en coordination avec le ministère de la Culture.

C’est ce qu’a affirmé hier Yahiaoui Mohamed, directeur général du TNA dans une conférence de presse consacrée à la présentation de la pièce théâtrale « Handicapés, mais … ». Cette œuvre théâtrale est exclusivement interprétée par des acteurs handicapés. Il s’agit de « donner la chance à ces personnes, aux capacités physiques réduites, de révéler leurs talents à travers l’atelier de formation théâtrale créé depuis peu », déclare M. Yahiaoui.

L’auteur de la pièce, M. Rezzag, peut-on lire sur le synopsis, explique que « ce travail met en valeur l’idée de se libérer de l’emprise du handicap et de participer dans différents domaines de la vie et renforce le développement des idées de l’handicapé algérien à travers sa vie et sa friction avec la société malgré sa dureté.

La différence entre un handicapé qui baisse les bras et l’autre qui se bat crée (dans la pièce) une lutte entre les deux. Une lutte à laquelle participent d’autres acteurs de la société. L’auteur, lui-même handicapé, veut mettre en lumière les souffrances quotidiennes de cette catégorie de la société, ces concitoyens qui se heurtent à l’inadaptation de leur environnement et des autres composants de la société à laquelle ils s’accrochent et qui représente une lutte quotidienne. Selon l’Office national des statistiques l’Algérie compte deux millions de handicapés, mais pour d’autres sources, le véritable chiffre serait de six millions.

Si les appels de ces êtres privés de l’une des fonctions sensorielles, visuelles, mentales ou de mouvement dont jouissent les personnes valides restent souvent sans écho, la troupe de la pièce théâtrale « Handicapés, mais… » offre une belle démonstration d’abnégation et de courage en surpassant toutes les difficultés auxquelles fait face tous les jours ce type de personnes.

De son côté, Djamel Guermi, le réalisateur, qualifie ses acteurs « de professionnels de la scène malgré leur handicap physique ». Il a souligné que « les conditions de travail étaient agréables car malgré la capacité physique réduite dont ils souffrent, tout le monde était au rendez-vous pour les répétitions, à l’heure, même si certains venaient de loin. ».

Quant au chorégraphe, Ryad Beroual, il dit avoir « assisté et participé à un véritable travail académique qui a su mettre en valeur l’intelligence et l’imagination des comédiens qui « m’ont surpris à plusieurs reprises car souvent infatigables et j’avoue qu’il m’arrivait d’oublier leur handicap ! » Ces jeunes comédiens ont été formés à l’atelier théâtral créé il y a quelques mois.

A ce propos, M. Abbas, l’assistant du réalisateur, dit avoir « découvert la dimension artistique de cette catégorie de la société que la nature a défavorisée et qu’à travers la préparation de la pièce, beaucoup de talents ont été découverts dans plusieurs domaines ». Tel Madjid Ourabah dans le domaine de la poésie, qui nous a fait écouter un extrait. « Il est du devoir de l’Atelier théâtral de partager le talent de ces jeunes gens avec le public et de les intégrer dans le monde artistique à travers les planches et les rencontres culturelles. ».

« Cette pièce sera interprétée sur les planches du TNA comme point de départ le 14 Mars à seize heures pour la générale, et les 17, 18 et 21 du même mois, puis entamera sa tournée sur les planches de tous les théâtres et salles de spectacle à travers le pays ainsi que lors de l’événement « Constantine, Capitale de la culture arabe. », a dit le DG du TNA. Il est à noter que les salles dans lesquelles se produira la troupe ne seront pas adaptées aux personnes à la capacité physique réduite.

M. Guermi fait observer que le futur théâtre d’Alger répondra aux normes internationales et que l’aménagement des passages et accès à la scène et à la salle de spectacle ne présentera aucun obstacle. Amina non-voyante et El Hadi, handicapé moteur, deux des comédiens de la troupe, ont remercié les initiateurs de l’atelier qui leur a permis de se découvrir et de donner le meilleur d’eux-mêmes.

Des éléments arrachés à leurs combats quotidiens, mis en valeur, mais surtout qui forment désormais un groupe solide et solidaire. Si l’amour du théâtre les a réunis, l’amour a réussi à unir deux jeunes gens qui pensent le rester pour la vie, pour le meilleur et pour le pire.