Après avoir rompu le silence par une déclaration rendue publique, avant-hier, lundi, appelant «l’État» à prendre ses responsabilités, Hamrouche, l’ex-chef du gouvernement sous le règne du président défunt, Chadli Benjedid, revient dans une déclaration faite, hier, au quotidien arabophone El-khabar, dans laquelle, il avance les conditions qui l’amèneront à se porter candidat à la prochaine présidentielle.
Pour celui qu’on nomme le père des réformes, il a affirmé hier dans les colonnes du quotidien précité : «Je ne vais pas me présenter si l’Armée présente un candidat». Déclaration émise après celle tenue par le général Ahmed Gaïd-Salah, chef de l’état-major, vice-ministre de la Défense nationale, affirmant que l’Armée n’a officiellement aucun candidat à la Présidentielle du 17 avril prochain.
Aussi, pour Hamrouche si l’ex-parti unique, le FLN, présenterait son candidat, cette démarche ne l’empêchera pas de postuler pour le poste de la magistrature suprême, affirmant à ce propos «ce n’est plus une condition». La sortie de l’ex-chef du gouvernement de son silence, et de surcroît par la teneur de ses déclarations, semble apporter des perspectives de sortie du statu quo induit par l’absence de consensus au plus haut niveau du pouvoir sur fond de la Présidentielle du 17 avril prochain.
Si par ailleurs des acteurs et des personnalités politiques ont conditionné leur participation à l’échéance présidentielle par la non candidature du président de la République pour un quatrième mandat, Hamrouche sort de ce lot est ne voit aucun inconvénient si le FLN présente le président du parti, en l’occurrence Bouteflika, à la Présidentielle. Celui qui a pris le chemin de la lutte de Libération, à l’âge de 16 ans, a affirmé par ailleurs dans sa lecture de la situation politico-sociale actuelle que «notre pays vit des moments sensibles qui vont conditionner son avenir immédiat et profiler irrémédiablement son devenir».
Par ces propos, celui qui a été acteur et témoin de l’ensemble des étapes historiques et politiques qu’a traversées l’Algérie, depuis la guerre de Libération à l’Indépendance, semble amplement indiquer que le pays, à l’heure actuelle, est à la croisée des chemins, comme ce ne fut jamais le cas, auparavant. Situation inédite que partagent d’ailleurs bon nombre d’observateurs qui dans leur argumentaire l’illustrent par l’absence du consensus au sein du pouvoir sur fond de la persistance des partisans du quatrième mandat en faveur d’un président que l’on dit toujours malade, mais aussi sur fond des mutations en cours sur les plans, régional et international.
Si, par ailleurs, la teneur de la déclaration de l’ex-chef du gouvernement se projette au-delà de la date du scrutin présidentiel, il n’en demeure pas moins que la voie salutaire pour le pays, pour Hamrouche, est à emprunter par un processus qui devrait dès à présent se dégager. «Pour que notre pays vive ces échéances dans la cohésion, la sérénité et la discipline légale et sociale», indique Hamrouche, «il est primordial que les différents intérêts de groupes, de régions et de minorités soient préservés et garantis.
De même qu’il est impératif que l’État préserve tous les droits et garantisse l’exercice de toutes les libertés. Ceci est essentiel pour assurer la sécurité, renforcer les avancées, corriger les distorsions, et éliminer les failles», a-t-il précisé. La sortie politico-médiatique de celui qui a longtemps emprunté la voie du silence n’est pas fortuite, et intervient au moment où des informations font état du discours éminent du Président pour annoncer sa candidature.
Il semble toutefois que l’ex-chef du gouvernement propose une éventuelle possible voie de sortie de crise qu’illustre l’absence du consensus autour de l’échéance présidentielle, et ce, via une phase transitoire contenue dans la déclaration de Hamrouche pour dépasser le carrefour en question sans turbulences néfastes sur le destin du pays… Le cours des événements des quelques jours à venir apportera certainement des réponses sur la portée effective de la décision prise par Hamrouche d’interrompre son silence.
Karima Bennour