Hamrouche évite d’affronter l’armée !

Hamrouche évite d’affronter l’armée !

Des observateurs de la scène politique algérienne s’accordent à dire que la décision prise par Mouloud Hamrouche de ne pas participer aux élections présidentielles, émane d’une lecture profonde des développements survenus actuellement, d’autant que certaines lectures estiment que l’institution militaire ait choisi son camp, à savoir la reconduction de Bouteflika.

L’analyste politique, Abed Charef soutient cette thèse en estimant que «Hamrouche est persuadé que la décision revienne à l’armée qui a opté pour un quatrième mandat de Bouteflika. Du coup, il a décidé d’éviter à la fois une confrontation entre lui et l’institution militaire et un éventuel affrontement entre celle-ci et le peuple».

«S’il y avait par exemple des affrontements entre le système en place et la rue, ce serait l’armée qui viendrait affronter les Algériens, c’est ce que Hamrouche veuille éviter», a-t-il analysé.

Abed Charef reproche par ailleurs au système en place la situation dans laquelle se trouve le pays qu’il accuse d’avoir «pris l’armée en otage».

LG Algérie

«Hamrouche veut transmettre un message à l’armée à travers sa sortie politique en lui disant qu’elle a tort d’avoir porté au pouvoir le Président et d’avoir opté pour un 4e mandat, avant de se tourner vers la nouvelle génération à qui il demande de ne pas reproduire les mêmes erreurs faites par le passé et mettre l’intérêt du pays au dessus de toutes ses décisions… », a-t-il expliqué l’intervention de Hamrouche tant attendue.

Pour Messaoud Adhimi, «Hamrouche a beaucoup réfléchi et aurait même souhaité de se présenter à la présidentielle avant de finir par se retirer en constatant que sa candidature ne servirait qu’à donner une certaine crédibilité au quatrième mandat de Bouteflika. Je trouve qu’il a raison d’avoir pris cette décision ».

«Hamrouche connu pour son histoire et ses positions. Peut-être, s’il avait été laisser poursuivre les réformes qu’il avait initiées lorsqu’il était chef de gouvernement, l’Algérie aurait eu un autre visage que celui-ci. Il n’est pas reproché à lui d’avoir observé le silence et personne ne peut douter de son intégrité », a-t-il poursuivi. « Hamrouche est l’homme de la situation », a jugé Adhimi.

Pour Ali Draâ, un des proches de Hamrouche, estime quant à lui que le but dans l’intervention de l’ex-chef de gouvernement «n’était pas une annonce de sa candidature, mais plutôt une issue de la situation de blocage où était piégé le pays » ajoutant que « Hamrouche n’admet pas la situation dans laquelle se trouve le pays et appelle à un changement pacifique à condition que l’armée soit une partie prenante dans ce changement… ».

En revanche l’universitaire Ali Rezagui reproche à Hamrouche son recul et son refus de participer au prochain scrutin: « Il serait préférable à Hamrouche de concourir à l’élection et compter sur l’appui du peuple. De par sa position, il aurait rendu un grand service au système en place ».

Selon Rezagui, la sortie de l’ancien chef de gouvernement aurait été derrière l’accord trouvé au sérail en mettant un terme au conflit ayant secoué les appareils de l’Etat.

Pour le président du Front national algérien (FNA), Moussa Touati les déclarations de Hamrouche n’apportent rien et que l’armée reste toujours le faiseur de présidents en Algérie: « Depuis 1962 à ce jour, l’armée s’implique dans le choix du président du pays ».

« Hamrouche tente de séduire l’institution militaire pour le porter au pouvoir, comme l’a fait dans le passé en le portant à la chefferie du gouvernement », a expliqué Touati.