Hamlaoui Akkouchi,secrétaire général d’El Islah «On est prêts à s’allier avec tous les islamistes»

Hamlaoui Akkouchi,secrétaire général d’El Islah «On est prêts à s’allier avec tous les islamistes»

Aux yeux des islamistes, la lame de fond islamiste n’épargnera pas l’Algérie. Le SG d’El Islah trouve que la victoire des islamistes dans les pays de l’Afrique du Nord est un rendez-vous avec l’Histoire.

L’Expression: Les islamistes des pays berbères de l’Afrique du Nord que sont la Tunisie, le Maroc et l’Egypte ont réussi une grande percée à l’occasion des élections organisées dans ces pays. Quel est votre sentiment en tant que responsable d’un parti islamiste algérien?

Hamlaoui Akkouchi: Pour moi, ces victoires qui consacrent un système de gouvernance islamique civil sont un rêve que je portais depuis ma scolarité. Et si les valeurs islamiques s’étaient enracinées à cette époque, on aurait récolté beaucoup de choses aujourd’hui. L’Algérie va vers des élections, si Dieu conduit le peuple sur le bon chemin, et choisira les islamistes, une époque de prestige, de stabilité et de paix l’attend. En réalité, l’Algérie est un Etat islamique par excellence. Ces pays sont remis sur les rails après les déviations qu’a commis le colonialisme. Les choix des islamistes qui se suivent dans la région arabe est une réconciliation avec l’Histoire et un retour à une situation historique normale.

L’Algérie organisera dans quatre mois des élections législatives. Pensez-vous que les islamistes peuvent réaliser les mêmes résultats que leurs frères dans ces autres pays?

Ça c’est sûr et peut-être plus que la Tunisie, le Maroc et l’Egypte du fait qu’en Algérie, la sahwa est plus forte et les adversaires des islamistes sont féroces et sans pitié. Cette férocité encourage plus les Algériens à basculer vers eux (les islamistes). Les laïcs s’attaquent aux islamistes sans exception. Et devant la force des islamistes, il y a une course vers les accusations à un point tel que Louisa Hanoune demande aux islamistes de prouver qu’ils n’ont pas de lien avec Israël. Est-ce une chose à dire? A-t-on entendu un jour ce propos pour poser cette question? Qui se bat contre Israël à Ghaza, n’est-ce pas les musulmans?

Comment analysez-vous la sortie du MSP de l’Alliance présidentielle à quelques mois de ces échéances?

Il a raison dans son acte, car l’alliance était contre HMS (MSP) et il ne lui a donné que des miettes. C’est une preuve que le MSP est cohérent avec les tendances de sa Oumma et ne veut plus continuer dans les erreurs. Nous sommes au rendez-vous du changement du climat politique que refusent d’admettre les deux partis du pouvoir qui ne veulent pas l’approfondissement de la démocratie mais des élections qui reproduisent la fraude contre la volonté du peuple. Mais, cette fois-ci, la situation est différente et c’est ce que le MSP a compris. En plus de cela, on ne peut pas dire que le MSP était au pouvoir mais juste un instrument dont se servait le pouvoir en place pour maquiller ses desseins.

Le MSP, à travers son président, a appelé à un front commun des islamistes pour aborder ces élections. L’ancien transfuge du MSP, Abdelmadjid Menasra, qui a fondé un parti islamiste, a décliné cette invitation en arguant du fait que son parti ne s’alliera pas à un parti membre du gouvernement. Quelle est la position du mouvement El Islah sur cette question?

On n’a pas de différences avec nos frères du MSP qui est un parti islamiste. On va vers une alliance s’ils veulent et on accepte d’être avec Menasra s’il le veut et même avec Djaballah car le temps est au sérieux et non à la paresse. On ne veut pas devenir la risée pour nos frères et on ne veut pas non plus que le peuple algérien nous blâme car les alliances ou l’alliance est une revendication populaire et une demande islamique pour que les rangs ne se dispersent pas.

Ces législatives interviennent après un processus de réformes politiques. Quel bilan faites-vous de ces réformes sachant que votre parti a participé aux consultations politiques qui ont abouti aux textes de lois publiés récemment dans le Journal officiel?

Nous étions les premiers à ces consultations, croyant qu’elles allaient appuyer le discours du Président le 15 avril. Mais, en fin de compte, la page des consultations était tournée sans que les résultats paraissent.

On les a trouvés au Conseil des ministres sous forme de projets de loi vidés de leur contenu. Mais ce qui nous a fait le plus de mal, c’est le fait que les députés des deux partis du pouvoir se soient dressés comme un obstacle face aux amendements qui auraient pu donner un sens à ces réformes. Pourtant, c’est le peuple qui les a élus et ils représentent le peuple et non le pouvoir. Ils étaient plus royalistes que le roi.

C’est pour cela que toutes les lois organiques n’ont pas satisfait les parties auxquelles elles ont été destinées. Je cite la loi sur l’information contestée et rejetée par les journalistes eux-mêmes qui ont organisé un sit-in devant l’APN pour protester contre cette loi qui ne répond pas à leurs attentes. D’ailleurs, la loi de 1990 est considérée meilleure que celle-ci.

Et que dites-vous à propos de l’abstention qui se profile à l’horizon?

Le pouvoir, la fraude et les exclusions sont la cause de l’abstention. Mais cette fois-ci, El Islah a un autre avis sur cette abstention au moment où il appelle le peuple à assumer sa responsabilité dans la défense de sa volonté.

El Islah voit que le peuple a besoin du changement et est jaloux quand des changements interviennent dans son environnement et pas dans le sien.

Il va se bousculer sur les bureaux de vote comme en Tunisie, au Maroc et en Egypte pour donner sa voix aux islamistes..