Dimanche dernier, l’auteur algérien prolixe, Hamid Grine, était l’invité de l’espace culturel «Echos de plumes» au Théâtre national algérien (TNA). L’animateur, Abderezak Bouazarra, le présentera en soulignant que «ce n’est pas seulement un talentueux romancier, mais c’est aussi un artiste qui vit intensément au contact des personnes et de la vie de tous les jours, en contemplant et écoutant tout ce qui l’entoure».
Prenant ensuite la parole, Hamid Grine est revenu sur son parcours de journaliste sportif à la radio dans les années quatre-vingt. Il souligne, à ce propos : «A l’époque, le sport était le seul secteur où l’on pouvait s’exprimer franchement sans langue de bois.» «Ce qui est paradoxal, c’est que, par rapport à mes études de doctorat en sociologie, je suis plus attiré par la culture et la société. Mais je suis aussi un féru de sport et à l’époque il y avait un contexte historique où le sport était vraiment à son apogée, et c’était très passionnant d’être au cœur de ce contexte», précise-t-il.
Abordant son parcours d’écrivain, il rappelle qu’entre 1986 et 1990 il avait écrit sept ouvrages sur le sport, dont le premier, dédié à Belloumi, avait connu un succès phénoménal. Il explique par la suite que, par rapport à un certain contexte personnel et même national, il s’était éloigné de l’écriture jusqu’à la publication d’un nouvel ouvrage à caractère politique en 2004. Puis, c’est tout naturellement qu’il s’est mis à l’écriture de romans. Ce qui lui procure un bonheur immense. Interrogé sur ses sources d’inspiration, il confiera qu’il puise sa verve dans le vécu de la société algérienne et de ses semblables et aussi dans sa propre expérience.
Questionné sur le lectorat qu’il cible à travers ses romans, l’auteur répliquera : «J’écris pour les Algériens. Quand j’écris, je pense à Idir, je pense à Abderezzak, je pense à Amel et à tous mes lecteurs algériens. Je n’écris pas pour plaire aux étrangers comme le font certains. Dans mes romans, il m’arrive de critiquer les Occidentaux. En tant qu’auteur algérien, je pense qu’il est important d’écrire sur ce que l’on vit et de créer des personnages auxquels les Algériens peuvent s’identifier.»
A propos des contraintes qu’il s’impose pour ne pas heurter la sensibilités des lecteurs algériens, il confie : «Quand j’écris, j’ai deux contraintes, la première c’est ma femme et mon fils auxquels je soumets le texte afin qu’ils me donnent leur point de vue et me censurent s’il le faut. Ma deuxième contrainte : c’est ma position sociale et mon travail. Pour le moment, je ne peux aborder certains sujets sensibles.» Toutefois, Hamid Grine mettra en exergue le fait que cela ne l’empêche pas de dénoncer certains problèmes sociaux ou nationaux, à l’instar de la question de la sauvegarde du patrimoine et de sa transmission qu’il pose dans son dernier roman le Café de Gide.Abordant son prochain roman qui sera publié également aux éditions Alpha, il annonce que le sujet de cette nouvelle œuvre porte sur le monde des médias et de la presse écrite. Le personnage principal est un directeur de journal qui se retrouve en prison.
Pour conclure la rencontre, Hamid Grine donnera un conseil à tous ceux qui veulent se mettre à l’écriture en citant Dostoïevski : «Ecrivez ce que vous voyez, racontez ce que vous entendez.»