Hamid Grine a profité d’une conférence sur l’éthique journalistique pour répondre à des questions liées à son secteur. A commencer par la création de nouvelles télévisions privées qui doit désormais avoir l’accord préalable de l’autorité de régulation. Sauf que cette instance n’existe pas encore. « Aucune chaîne de télévision ou de radio ne peut être créée sans l’accord des autorités. L’Etat algérien a été extrêmement tolérant, mais cette tolérance a des lignes rouges qu’il ne faut pas franchir », a déclaré le ministre.
A une question sur l’accréditation des chaînes algériennes de droit étranger, M. Grine a précisé que « le moment venu » des fréquences (actuellement au nombre de 13) seront « allouées », précisant qu’ »il reviendra à l’autorité de régulation de déterminer les chaînes de télévision qui répondent au cahier des charges ». En revanche, le ministre a souligné que les cinq chaînes déjà accréditées ont accompli un « saut qualitatif » depuis leur lancement. Il s’agit entre autres d’Ennahar, Echourouk, Dzair TV du groupe Haddad…
Une autre question qui a agité ces derniers temps le monde des médias : le rachat du groupe de presse El Khabar par le patron de CEVITAL, Isaad Rebrab. Se refusant de trancher, car l‘affaire n’est pas encore totalement conclue, le ministre s’est contenté de dire qu’il allait voir « si la loi permettait cette transaction ».
Sur 150 journaux seuls 10 sont gérés comme des entreprises
Au sujet de la prolifération de journaux sur le marché, Hamid Grine rappelle déjà le chiffre : 155 titres et parmi cette masse « Peut -être qu’il y a 20 ou moins qui ont un poids et une importante sur le marché », considérant que « sur les 20, il y a peut-être 10, qui sont érigés et gérés comme des entreprises de presse », avec des journalistes ayant des cartes de presse professionnelle, leurs droits sociaux et des salaires convenables.
« Les autres sont bâtis et gérés comme des épiceries. Certains journaux n’ont aucun journaliste doté de la carte de presse professionnelle, n’assurent pas la couverture sociale de leurs journalistes et n’ont pas de contrat de travail », a-t-il regretté.
Selon lui, un journal qui « peut exister sans la publicité étatique est un journal professionnel au sens propre du terme », avant de souligner que la crise de la presse écrite n’était pas spécifique à l’Algérie, mais se pose aussi à l’étranger en Europe, en Amérique, et dans les pays voisins.
Faut-il entendre que le journal El Moudjahid, qui n’existe que par la grâce de la publicité étatique n’est pas un journal professionnel ?
Interrogé sur la mise en place de l’Autorité de régulation de la presse écrite, il a indiqué que la loi la prévoyait, mais « en tant que ministre et vu l’évolution de la presse, je m’interroge sur l’opportunité de cette autorité de régulation ». « Dès lors qu’il y aura un conseil de l’éthique, qui va s’auto-saisir de tous les problèmes liés à la déontologie et à l’éthique, je ne vois aucune utilité (…) de l’opportunité de cette autorité », a-t-il affirmé en considérant qu’elle « est nécessaire dans l’audiovisuel » et peut dans ce cas « se substituer à l’autorité du ministère de la Communication ». Sauf que cette autorité est votée par le parlement.
Le ministre s’est ensuite interrogé si on allait « vers un amendement ou non », estimant que la question était « prématurée » et que la question est de se « mettre en conformité avec la nouvelle Constitution ». Pour ce qui est de la loi sur la publicité, M. Grine a indiqué qu’au moment « opportun » elle passera au parlement et qu’il ne fallait s’attendre à « aucun miracle ». « C’est une loi qui va régir le secteur », dit –il.
Interrogé sur la nomination d’un nouveau responsable à la tête de l’Autorité de régulation de l’audiovisuel (ARAV), le ministre a rappelé que cela relève des prérogatives du président de la République.