L’arrivée de Vahid Halilhodzic a déjà commencé à tracer les barrières et définir les prérogatives de chacun. Dans l’interview qu’il a accordée hier à L’Equipe, le Bosniaque a directement menacé tout joueur qui ne respecterait pas son règlement intérieur d’exclusion. Certains vont accueillir ça avec joie, d’autres, par contre, pourraient se sentir visés ou menacés.
Plus clair que ça, il n’y a pas. Vahid Halilhodzic veut démarrer sur de nouvelles bases. Cela impliquerait une nouvelle organisation, un nouveau fonctionnement et aussi une nouvelle mentalité. Certains joueurs pourraient quitter, momentanément ou définitivement, la sélection, d’autres, certainement, vont revenir ou débarquer pour la première fois en équipe nationale. S’il y a bien une catégorie qu’il faudra suivre avec attention, c’est celle où figure des joueurs mondialistes et des joueurs qui avaient pris part à la Coupe d’Afrique des nations en Angola et qui ont été écartés pour une raison ou une autre de la sélection.
Le rappel de Chaouchi s’impose
Quand on voit les prestations de notre gardien de but numéro 1 de l’équipe nationale, Raïs Waheb Mbolhi, avec son club en Russie, on ne pourra que s’inquiéter. Ce gardien qui inspirait jadis l’assurance et la tranquillité est devenu depuis qu’il a rejoint le championnat russe un portier fragile qui encaisse des buts tout bêtes à chaque match. Avant-hier encore, Mbolhi a encaissé trois buts, dont deux par sa faute. Il est de loin le gardien qui a encaissé le plus de buts en Russie. Même si sa défense et son équipe sont faibles, ramasser le ballon de sa cage à plusieurs reprises chaque semaine affecte tout gardien de but et lui fait perdre son niveau. Avec Chaouchi comme second, le problème en EN ne se poserait pas. Vahid, qui est certainement au courant de ce problème, pourrait être obligé de rappeler Faouzi pour concurrencer et bousculer Mbolhi. Il le connaît assez bien pour l’avoir affronté en ¼ finales de la CAN 2010. Chaouchi pourrait donc être le premier à bénéficier de la venue de Vahid, à condition que ce dernier sache le dompter et lui faire oublier ses folies.
Halliche, un retour salutaire
Tout le monde est d’accord pour dire que les succès de l’équipe nationale reposaient essentiellement sur la solidité de sa défense. Avant la CAN et la Coupe du monde, il était difficile pour n’importe quelle attaque de franchir ce rideau composé de Bougherra, Belhadj, Antar, Halliche et Matmour puis Kadir. Depuis les blessures à répétition de Rafik Halliche, l’EN n’a plus eu cette capacité à garder sa cage vierge, même contre les plus faibles équipes du continent. Les spécialistes auxquels nous avons parlé de ce joueur nous ont tous dit que la faiblesse de la défense est liée directement à l’indisponibilité de Rafik Halliche. Les statistiques faites depuis qu’il n’est plus avec l’EN appuient avec force cette hypothèse. Benchikha pouvait bien le faire jouer en Centrafrique, mais il ne l’a pas fait. Les Algériens pensaient le revoir avec le maillot vert à l’occasion du match aller face au Maroc, où le joueur a affirmé et réaffirmé son aptitude à jouer ce match, mais ABC en a jugé autrement. Le même scénario s’est reproduit lors de la débâcle de Marrakech. Aujourd’hui que Vahid est là, on pourrait espérer qu’il le convoquera ne serait-ce que pour lui parler et voir de lui-même si ce joueur est toujours capable de jouer en sélection ou pas. La faiblesse de la défense de l’EN et la baisse de niveau et de forme de certains joueurs qui évoluent dans l’axe central ne pourront qu’accélérer les choses.
Meghni ressuscitera avec lui
Le troisième joueur cadre de cette équipe et qui n’a pas joué avec la sélection depuis plus d’une année, c’est Mourad Meghni. Cet excellent joueur et valeur sûre de l’équipe nationale pouvait, lui aussi, à l’instar de Halliche, reprendre sa place avec les Verts à l’occasion du match face au Maroc. Là aussi, Benchikha a décidé de ne pas lui donner sa chance de prouver qu’il n’est pas mort. La venue de Vahid Halilhodzic ne pourra que lui être bénéfique. Le joueur dit qu’il se sent bien et apte à répondre à une convocation en sélection, cet appel arrivera aux oreilles de Vahid qui décidera si Meghni sera appelé ou pas. Tous les indices disent que c’est OK pour lui, surtout qu’il a changé de club et de championnat spécialement pour avoir plus de chances de jouer et de retourner en équipe nationale.
Belhadj et Ghezzal,
une chance de prouver que les autres avaient tort
Nadir Belhadj et Abdelkader Ghezzal étaient tous les deux titulaires face à la Cote d’Ivoire. En plus de Meghni, ils avaient été époustouflants. Ghezzal avait fatigué la défense ivoirienne avec ses appels de balle incessants et sa combativité lors de tous les duels. Belhadj, lui, faisait ce qu’il voulait sur son couloir gauche. Il était même derrière le but égalisateur de Bougherra dans les temps morts. Vahid Halilhodzic, qui était sur le banc de touche adverse, ne peut pas oublier de tels joueurs. Dès sa prise de fonction, il demandera de leurs nouvelles. Il pourra même les convoquer pour le prochain stage en août prochain. Il faut dire que personne n’avait compris les raisons exactes de la mise au frigo de ces deux joueurs. Les raisons sportives ne peuvent expliquer le comportement de Benchikha avec eux, bien des choses se sont passées entre eux en Afrique du Sud. Si Ghezzal avait quelque chose à se reprocher et a gardé tout pour lui, Belhadj voit en sa non-convocation au Luxembourg et sa mise sur la touche face au Maroc comme une injustice pure et simple de la part du général.
Bouazza, Ghiles,
Ziaya, Abdoun, Chadli
et les autres
Il y en a ceux qui se sont vu marginaliser ou être sous-estimés par Saâdane et Benchikha. L’exemple le plus frappant est celui de Djamel Abdoun. Malgré toutes ses qualités, il n’a jamais eu une vraie chance de montrer ce qu’il vaut. Cette chance, il pourra l’avoir avec Vahid. Si vraiment il mérite sa place, il l’aura. C’est à lui de prouver dans son club et en sélection qu’il est méritant et que Saâdane et Benchikha se sont trompés à son égard. Le deuxième joueur à avoir supporté les injustices de l’ancien staff, plus particulièrement de Rabah Saâdane, c’est Hameur Bouazza. Attaquant très puissant, le Cheikh l’a exclu de la sélection après avoir fait un excellent tournoi en Coupe d’Afrique des nations en Angola. C’est même lui qui donna la qualification face à la Cote d’Ivoire en inscrivant le but de la victoire. Depuis, aucun signe de lui. Sa blessure n’a fait qu’arranger les choses pour Saâdane qui s’est trouvé une belle excuse à sa non-convocation. On pourrait dire la même chose de Ghiles, Ziaya, et Chadli Lamri ainsi que quelques joueurs locaux méritants. En tout cas, et cela concerne tous les joueurs cités, on pourra dire qu’ils ne seront pas marginalisés ou écartés pour des raisons extra-sportives. S’ils sont sélectionnés, c’est parce qu’ils le méritent, sinon ils ne pourront s’en vouloir qu’à eux-mêmes.
A. B.