Halliche «Il m’était très dur de regarder la chute de Marrakech»

Halliche  «Il m’était très dur de regarder la chute de Marrakech»
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«Il y a une explication interne ou externe a se 4 à 0»

Il n’était pas présent à Marrakech, ni sur le terrain ni dans les gradins, et ce, malgré l’invitation qu’il a reçue en compagnie de Meghni pour assister au match en tant qu’invité d’honneur.

Rafik Halliche a préféré rester loin des projecteurs et c’est donc de là qu’il a assisté impuissant à la déroute de l’EN. Il a néanmoins bien profité de ses vacances, car le plus important pour lui, c’est de retrouver en force Fulham où il a décidé de rester pour entamer son boulot cette fois-ci dès le début et sous les ordres d’un nouvel entraîneur. Dans cette interview accordée hier à Compétition, il revient sur toutes ces étapes et nous parle de ses vœux pour la nouvelle saison

– Alors Rafik, vous êtes de retour au pays. Est-ce qu’on peut dire que c’est déjà la fin des vacances ?

– C’est toujours important pour moi de passer voir la famille, les parents, il n’y a pas meilleure solution pour mieux se ressourcer. Disons que c’est la dernière étape de mes vacances.

– Après, ça sera la reprise ?

– Ah oui, c’est pour bientôt.

– C’est pour quand ?

– La semaine prochaine.

– Ah bon !

– Oui, et puis notre premier match, on le jouera le 30 de ce mois. Je crois que c’est un tour préliminaire de l’Europa League, l’équivalent de l’Intertoto.

– Et dire qu’en Algérie, le championnat ne prendra fin que le 8 juillet prochain !

– (Il rit). Que voulez-vous que je vous dise, c’est comme ça.

– Vous savez sans doute qu’on va vous parler du fameux match face au Maroc. Comment avez-vous vécu cette partie et la débâcle de vos coéquipiers ?

– C’était très dur de regarder une telle chute, surtout que je ne m’attendais vraiment pas à un tel score, ni à ladite prestation, car pour moi, il y avait un bon groupe et un bon effectif à Marrakech.

– Qu’est-ce qui est arrivé à votre avis ce soir-là ?

– Je ne sais pas trop. Je n’ai pas été là bas, donc je ne peux pas vous dire ce qui s’est passé. Ça peut être des choses internes, mais aussi des facteurs provenant de l’extérieur,

– Mais le score de 4-0 est un peu trop pour une équipe mondialiste…

– Si je réponds à cette interrogation, je m’immiscerai dans les affaires tactiques. Or, moi, je ne veux pas le faire, donc évitez-moi ce genre de questions s’il vous plaît.

– On vous demande de nous répondre en tant que supporter d’une EN dont les défaites par des 3-0 et 4-0 sont de plus en plus fréquentes…

– C’est sûr que des scores pareilles peuvent nuire à une équipe de foot, mais il ne faut pas non plus accabler les joueurs. Il y a sans doute une explication à ce qui s’est passé. Ceci dit, il ne faut pas s’arrêter là et pensons au futur.

– Vous vous êtes sans doute retrouvé dans l’obligation d’expliquer la déroute à vos amis et à vos proches, hein ?

– Oui, tout le monde voulait savoir, mais cette fois, comme tout le peuple algérien, je n’avais pas quoi dire et j’étais très déçu, mais les gens doivent savoir tout de même qu’il ne faut pas fustiger les joueurs ni même le staff, car ils ne voulaient pas cela. Ils visaient tous une victoire et ce qui s’est passé les dépasse.

– Mais avouez que vous vouliez bien être présent à Marrakech sur le terrain…

– C’est clair. J’ai été très déçu d’être absent, car jouer pour mon pays, pour les couleurs nationales et être avec mes frères a toujours été mon but en sélection. Puis, il y a une autre chose que je veux faire passer.

– Laquelle ?

– C’est concernant Benchikha. Sincèrement, il ne méritait pas ce qui lui est arrivé, car ce n’est sans doute pas à cause de lui que l’équipe est passée à côté. C’est un entraîneur qui travaille. C’est un bosseur, il ne faut pas le désigner comme responsable de cette débâcle.

– Là vous nous surprenez, car on pensait que vous lui en vouliez toujours…

– Non, je n’ai aucune haine envers Benchikha. Au contraire, je sais que le monde du foot est ainsi fait.

– Et puis, il a démissionné maintenant…

– Il a eu le réflexe qu’il fallait, car ce n’est pas n’importe qui, c’est quelqu’un d’honnête. Il a préféré se retirer, car il a vu qu’il ne pouvait rien.

– Vous n’avez bossé avec lui que lors du stage précédant le match de la Centrafrique…

– Dommage, on n’a pas trop bossé ensemble, car j’ai vu comment il raisonnait. J’aurais pu donner un coup de main à l’équipe sous ses ordres.

– La défense encaisse beaucoup de buts et on en parle beaucoup. Bougherra nous a déclaré qu’il a perdu ses automatismes avec Antar Yahia, cela est dû à votre absence peut-être…

– Peut-être, mais je préfère ne pas m’étaler sur ce sujet.

– Vous étiez invité à assister à cette rencontre de Marrakech avec Meghni, lui est venu, mais pas vous, pourquoi ?

– C’était vraiment plus fort que moi, des raisons familiales m’en ont empêché. J’ai lu çà et là que je n’ai pas fait le déplacement, car j’étais en colère. Croyez-moi que cela est totalement faux, car tout simplement j’avais des empêchements ce jour-là.

– On a parlé de quatre joueurs de l’EN qui ont découché à 48h du match…

– Franchement, je ne le pense pas. Certes, je n’étais pas là, mais je sais que la majorité sont des pros qui ne font pas ce genre de trucs avec leurs clubs, alors comment peuvent-ils déroger à la règle en sélection ? Puis, il y a autre chose…

– Allez-y…

– Je me souviens quand on est revenus du Mondial, on a entendu des histoires de ce genre. On sait que c’était totalement faux, alors je présume que c’est le même scénario qui se répète.

– Parlons un peu de vous à Fulham. Vu que vous êtes allé en vacances, peut-on dire que ça y est, vous allez y rester ?

– Il n’y a aucun doute là-dessus, cela fait longtemps que ma décision a été prise. Je compte rattraper le temps perdu et surtout éviter les erreurs du passé. Je dois donc débuter avec le groupe, contrairement à l’année dernière, où le ratage de la préparation m’a tout fait chambouler.

– Hughes est parti, est-ce une sorte de soulagement pour vous ?

– Pas du tout. J’appréciais son travail, mais je comprends aussi ce que vous voulez insinuer. Ma réponse dans ce cas-là est : peut-être, car avec le nouveau coach, les cartes seront redistribuées avec égalité et je ferai de mon mieux pour m’affirmer.

– Du coup, c’est le Néerlandais Martin Jol qui sera votre nouveau coach, vous le connaissez ?

– Bien évidemment. On m’a parlé un peu de lui. On m’a dit que c’est un coach sympa qui est très communicatif avec ses joueurs et c’est très important dans une équipe.

– Le fait qu’il soit Néerlandais est une bonne chose pour vous aussi…

– Exactement, on connaît les coachs hollandais. Ils ont la mentalité européenne et aiment les joueurs techniques, doués balle au pied. Bref, je ferai en sorte de lui plaire moi aussi.

– Pourvu aussi que les blessures vous épargnent…

– C’est aussi pour ça que je veux effectuer une bonne préparation cette saison.

– Malgré votre décision de rester à Londres, Bursaspor et d’autres équipes ont cherché après vous…

– Il y a eu un très grand nombre d’équipes qui ont contacté mon manager, mais on a poliment décliné ces offres, car j’avais déjà décidé de rester.

– Pour clore cet interview, revenons un peu à l’EN. Pensez-vous, qu’après cette déroute, on a encore une chance d’aller à la prochaine CAN ?

– Il n’y a pas un joueur qui peut y croire comme moi. Je suis le seul qui joue en Angleterre, et croyez-moi, j’ai vu tellement de scénarios incroyables depuis que je suis à Londres que je ne vois plus le football comme avant. Chaque semaine, j’assiste à des retournements de situation. Un 2-0 qui se transforme en un 2-3 par exemple, et je crois que c’est la seule solution qui nous permettra de rester concentrés, bien qu’en réalité, on est bel et bien éliminés à 90%.

– Ces jours-ci, on parle beaucoup du nouveau sélectionneur, et apparemment, il va être étranger. Qu’est-ce que vous en pensez ?

– Je crois qu’il y a des personnes spécialisées pour ça qui gèrent bien ce dossier, à l’image de Raouraoua. Il connaît bien son boulot et on lui fait confiance. Je n’ai donc pas de préférence, et puis il y en a tellement de noms qui circulent dans la presse qu’on ne sait pas vraiment où est la vérité.

– On annonce même que ça devrait être Halilhodzic, vous le connaissez ?

– Quel que soit son nom, le nouveau coach sera le bienvenu. Pour ce qui de Halilhodzic, bien sûr que je le connais à travers ce qu’il a derrière lui comme carrière.

– On vous laisse le soin de conclure…

– Mon mot de la fin, c’est pour les fans. Je leur dis que ce résultat face au Maroc est comme une fièvre qu’on chope et dont on se débarrasse rapidement. Ils ne doivent pas s’inquiéter, l’EN reviendra en force.

S. M. A.