A 24 heures du rendez-vous algéro-égyptien, la rue de Khartoum se pare de plus en plus de vert, blanc et rouge, les couleurs de l’Algérie. Toute la journée de lundi et dans la nuit de mardi, les avions en provenance d’Alger n’ont pas cessé de déverser des flots de supporters de l’équipe d’Algérie.
Mardi matin, malgré un soleil de plomb, la température n’était pas aussi caniculaire qu’on aurait pu le penser. Le thermomètre devait certainement afficher quelque 25 degrés Celcius. Les Soudanais vaquent à leurs occupations quotidiennes et ne semblaient pas gênés par ce tohu-bohu créé par les supporters algériens qui, par grappes, défilaient un peu partout dans la grande cité soudanaise.
Le plus étonnant est qu’on a l’impression qu’il n’y a que des Algériens ici. En effet, nous n’avons pas vu le moindre fan de la sélection d’Egypte. «Ils sont là, j’en suis sûr, mais ils se terrent, nous a dit un supporter algérien. Ils ont peur de nous, car ils savent que nous n’allons pas rester les bras croisés à les contempler.»
Un hôtel sous haute surveillance
Non loin de la cohue du centre-ville, dans un des quartiers résidentiels de Khartoum, l’équipe d’Algérie poursuivait sa veillée d’armes en prévision du match d’aujourd’hui dans son hôtel Bordj El Fatah. Un hôtel majestueux à la forme architecturale originale, puisque en forme d’œuf. C’est là que Rabah Saâdane et sa troupe ont pris leurs quartiers depuis leur arrivée dans la capitale soudanaise, dimanche. Ils y occupent deux étages, le 12e et le 13e, et il est impossible d’y accéder tellement le cordon de sécurité est hermétique.
Pour éviter tout contact avec ce qui pourrait contrarier la concentration des Verts, des espaces y ont été aménagés où les joueurs bénéficient d’un maximum de commodités pour y effectuer un bon séjour. Nous avons réussi malgré tout à nous faufiler dans le hall de l’hôtel où nous avons rencontré des membres du staff médical de l’équipe nationale. L’un d’eux n’a pas hésité à nous faire part du grand soulagement qu’il éprouvait en se trouvant à Khartoum.
«Nous ne sommes pas en Algérie, mais je vous prie de me croire que nous nous sentons comme des oiseaux qu’on vient de libérer de leur cage, nous a-t-il dit. Au Caire, nous étions pris en otages. Les Egyptiens nous ont fait souffrir le martyre. On avait l’impression que nous étions dans une ville en état de guerre. Il fallait à tout moment faire attention à ne pas tomber dans un guet-apens.
Non contents de nous tabasser, les Egyptiens ont ajouté d’autres ficelles pour nous perturber. Savez-vous qu’ils ont permis l’organisation d’un mariage dans notre hôtel à midi, le jour du match ? Ils nous ont également empêchés de dormir la veille du match en faisant du boucan tout autour de l’hôtel.
Et pour corser l’addition, ils ont trouvé le moyen au moment de notre arrivée d’entamer des travaux dans notre étage. Les chignoles fonctionnaient à plein régime. Nous sommes bien entendu intervenus auprès de la direction de l’hôtel pour que cesse tout ce cinéma. Ce que je peux vous dire, c’est que quelque part il est heureux que nous ayons perdu, parce que si nous avions gagné, je suis sûr que nous ne serions pas sortis vivants du stade.»
Touchés mais désireux de jouer
Un autre membre du staff médical nous a fait part de la très grande disponibilité des Soudanais à leur égard. «Ils font tout pour nous faire plaisir. Cela nous change du Caire. Même les gens de la rue nous témoignent leur amitié. D’après moi les Soudanais seront avec nous mercredi soir.» L’équipe d’Algérie a effectué deux entraînements ici à Khartoum depuis son arrivée dimanche soir, lundi et mardi.
C’est lors du premier qu’elle a pu fouler la pelouse du stade du club d’El Merreikh, celui où doit se dérouler le match de ce soir. Un entraînement à huis clos, comme l’a décidé le coach national, Rabah Saâdane. Malgré cela, nous avons appris que les deux éclopés, Rafik Halliche et Hassan Yebda, ont pu courir et taper dans le ballon. «Normalement ils sont OK pour le match, nous a révélé un membre du staff médical de l’EN.
Vous savez, il y a d’autres joueurs qui sont plus ou moins touchés mais ils surmontent leur mal. Ils sont déterminés à jouer le match quel que soit leur état de santé.» La remise sur pied de Halliche est une bonne nouvelle pour Rabah Saâdane qui pourra aligner la défense du Caire, excepté Lounès Gaouaoui, suspendu, qui sera probablement remplacé par Faouzi Chaouchi. Il en est de même du rétablissement de Yebda, qui tombe à point nommé pour apporter une solution au remplacement de Khaled Lemouchia, lui aussi suspendu.
De notre envoyé spécial à Khartoum Ahmed Achour