Le premier round des négociations avec Fulham vendredi matin.
Il ne manque que le visa et la visite médicale.
C’est le bout du tunnel pour l’un des plus grands espoirs du football algérien, Rafik Halliche. Ce pur produit du football algérien (il y en a parfois), qui a énormément progressé depuis qu’il a fait le choix judicieux d’aller tout jeune en Europe, va passer un nouveau cap en évoluant dans un championnat prestigieux, la Premier League. Il ne reste que quelques détails à régler pour voir l’enfant du NA Hussein Dey débarquer à Londres, la capitale européenne qui compte le plus grand nombre de clubs de l’élite, pour s’engager avec Fulham.
Des clubs s’étaient renseignés sur lui, mais sans offre concrète
C’est l’aboutissement de négociations concrètes qui ont débuté il y a quelques jours. En fait, depuis la Coupe du monde, aucune offre de recrutement n’a été formulée à son club. Des clubs se sont renseignés à son sujet, comme cela se fait dans le monde du football, mais une demande d’informations ne peut être assimilée à une proposition de transfert. Ainsi, un club français (qui n’est pas Lille, comme annoncé par certains, mais l’AS Saint-Etienne), un club espagnol, trois clubs allemands et cinq clubs anglais ont cherché à s’informer sur Halliche, sans pour autant qu’il y ait d’offres concrètes par la suite.
Arsenal, du n’importe quoi !
La plus grande énormité débitée au sujet des prétendus contacts de l’international algérien est l’intérêt supposé d’Arsenal. Le joueur a eu beau démentir, certains se sont évertués à insister, inventant chaque jour des arguments et des chiffres plus farfelus les uns que les autres.
Il aura fallu que le club londonien publie un démenti formel sur le site pour que les affabulations diminuent, sans pour autant cesser. C’est que les agents de Halliche et Benfica n’ont rien reçu, absolument rien, de la part d’Arsenal. Le transfert vers Fulham constitue donc une gifle –encore une !- à la face des bonimenteurs.
L’option de prêt à Guimaraes rejetée
Le seul club qui voulait vraiment prendre Halliche est Guimaraes, mais seulement sous forme de prêt, ce que le joueur a catégoriquement refusé. Le joueur trouve que trois prêts successifs depuis qu’il a signé au Benfica en janvier 2008, c’était assez. Le premier, sitôt après avoir rejoint le club portugais, était logique puisqu’il lui fallait fourbir ses armes dans le championnat portugais. Le deuxième, six mois plus tard, était sur insistance du Nacional de Madère, désireux de profiter davantage du talent de l’Algérien.
Le troisième, l’été dernier, était sur exigence express du joueur, qui craignait d’être confiné sur le banc des remplaçants ou, pire, de ne pas être souvent convoqué alors qu’une qualification en Coupe du monde et, par conséquent, une participation au Mondial, se profilait à l’horizon.
Le premier round des négociations avec Fulham vendredi matin
Là, il ne peut pas se permettre un quatrième prêt en deux ans et demi. Puisque Benfica ne veut pas lui faire confiance, autant partir faire valoir son talent ailleurs. Ailleurs, c’est l’Angleterre de préférence. En effet, ses agents ont tout de suite détecté en lui les qualités appropriées pour s’imposer dans le football britannique : la corpulence, l’impact physique, le jeu de tête… Ses prestations plus que convaincantes durant la Coupe du monde face à l’Angleterre et aux Etats-Unis, deux sélections au jeu typiquement British, n’ont fait que conforter cette option et c’est pour cela que la prospection s’est focalisée en Premier League, avec comme intérêt concret celui de Fulham. Le premier round des négociations a eu lieu vendredi matin à Lisbonne entre Rui Costa, directeur sportif du Benfica, Halliche et ses agents. Les choses se sont très bien passées puisque le club lisboète s’est montré satisfait de l’offre financière de Fulham.
Le visa pour le Royaume-Uni, seule formalité manquante
L’accord du Benfica ayant été obtenu, reste à aborder les modalités financières du nouveau contrat de Rafik Halliche avec Fulham et, dans la foulée, passer la visite médicale traditionnelle. Pour ce faire, il faut se rendre à Londres.
Or, le joueur, né et ayant grandi en Algérie, n’est pas un joueur de la communauté européenne et a donc besoin d’un visa d’entrée au Royaume-Uni. Comme il se trouve que les services consulaires de l’ambassade du Royaume-Uni à Lisbonne sont fermés trois jours de suite (vendredi, samedi et dimanche), ce n’est que lundi que la procédure de délivrance du visa pourra être lancée dans la capitale portugaise. Ce ne sera en principe qu’une formalité vu que le joueur est en possession d’une invitation officielle de Fulham.
Fulham, un outsider derrière le Big Four
Ainsi, la signature de l’international algérien en faveur de Fulham n’est qu’une question de jours. Cela lui permettra à Halliche non seulement d’évoluer dans l’un des championnats les plus prestigieux au monde, mais aussi dans un club qui fait fugure d’outsider en Premier League derrière les intouchables Big Four (Chelsea, Manchester United, Arsenal, Liverpool).
Pour rappel, Fulham a atteint, au mois de mais dernier, la finale de l’Europa League (anciennement Coupe de l’UEFA), qu’il a perdue 2-1 après prolongations face à l’Atlético Madrid d’un certain Diego Forlan, buteur en l’occasion. D’ailleurs, ce fabuleux parcours a valu à l’entraîneur de Fulham, Roy Hodgson, d’être désigné meilleur manager anglais de la saison et d’être recruté comme nouvel entraîneur de Liverpool en remplacement de Rafael Benitez, parti prendre la place de José Mourinho à l’Inter.
Mark Hughes reconnaît le talent, pas les noms
Cette saison, c’est Mark Hughes, ancienne gloire de Manchester United et qui a notamment entraîné Blackburn et Manchester City, qui prendra les destinées techniques de Fulham. Il a sans doute apprécié les prestations de l’international algérien lors des matchs de la sélection nationale.
Il a été séduit surtout par le fait qu’il s’agit d’un joueur jeune (il bouclera ses 24 ans le 2 septembre prochain), en nette progression et a tous les atouts pour s’affirmer dans le championnat anglais. Du fait, Hughes est connu comme étant quelqu’un qui croit au talent et non pas aux noms, ce qui fait qu’il n’hésitera jamais à titulariser Halliche s’il le juge plus apte et plus méritant que les défenseurs centraux habituels du club.
Halliche va demander à être exempté du stage de l’EN
Du fait que son transfert se règlera cette semaine, Rafik Halliche va demander au sélectionneur Rabah Saâdane de l’exempter du stage de la sélection nationale qui débutera aujourd’hui, ainsi que du match amical qui le conclura ce mercredi face au Gabon. Compte tenu de la particularité de la situation et du sérieux dont a toujours fait montre le joueur, sa demande a de fortes chances d’être acceptée.
Fulham appartient à un… Egyptien
Situation insolite : Fulham, club que s’apprêtre à rejoindre Rafik Halliche cette semaine, appartient à un Egyptien. Il s’agit du milliardaire Mohamed Al Fayad, propriétaire de la chaîne de magasins Harrods et père du défunt Dodi Al Fayad, amant de la princesse Diana avec qui il est tragiquement décédé à Paris en 1997.
Un vrai club tremplin
Fulham a été un passage décisif pour de nombreux joueurs qui ont, par la suite, décroché un contrat avec l’un des grands clubs anglais.
Il en est notamment le cas du défenseur irlandais Steve Finnan, recruté par Liverpool (et vainqueur de la Ligue des champions avec ce club), de l’attaquant français Louis Saha, repéré et ramené par Manchester United, ainsi que du gardien de but néerlandais Erwin van der Sar, qu’on croyait fini après son passage à la Juventus, mais qui s’est relancé à Fulham au point de plaire à Sir Alex Ferguson qui l’a recruté à Manchester United. D’ailleurs, aussi bien Saha que Van der Sar ont remporté par la suite la Ligue des champions.
«Step by step», le pari gagnant des Halliche
Le NAHD, Nacional de Madère, puis Fulham, soit un club algérien qui favorise les jeunes, puis un club d’un championnat européen, puis un club du meilleur championnat européen. L’ascension que connaît Rafik Halliche est d’une cohérence telle que cela constitue le meilleur encouragement possible aux jeunes joueurs locaux qui aspirent à percer et à s’affirmer au plus haut niveau.
N’y a-t-il donc que Halliche comme espoir dans le football algérien contemporain ? Est-il l’exception à la médiocrité ambiante ? Que non. Il y a de jeunes talents, certains sans doute encore plus talentueux que le défenseur international algérien, mais la différence, fondamentale en l’occurrence, est que Halliche écoute les bons conseilleurs, à la tête desquels son père –qui est presqu’aussi son meilleur ami-.
Il a la chance d’avoir comme père non seulement un homme sage, mais également et surtout un ancien sportif de haut niveau, champion d’Algérie et d’Afrique de judo, qui connaît les joies indicibles et incommensurables que procurent les succès sportifs.
Là où d’autres jeunes joueurs, appâtés par le gain facile, auraient fait des choix d’argent en optant pour les clubs qui leur procureraient la «ch’kara» tout de suite, Halliche fils, sur conseil précieux de Halliche père, a fait un choix de carrière en optant pour une ascension par étapes, «step by step» comme diraient les Anglais qui ont eu à découvrir un Rafik intraitable une certaine soirée du 18 juin 2010 au Cap et qui l’accueilleront la semaine prochaine dans leur championnat.
Le challenge sportif avant l’aspect financier : c’est la devise –qui n’est pas l’euro- prônée par les Halliche. Et ça rapporte gros ! Déjà, une participation à une CAN et un Mondial. Ensuite, un salaire décent. Prochainement, une progression et une notoriété qui permettront au joueur de franchir certainement d’autres caps. Avec la baraka de son papa et de tout un peuple.