Halliche : «Avec ou sans moi,on battra le Maroc»

Halliche : «Avec ou sans moi,on battra le Maroc»

Tous ceux qui suivent les premiers pas de Rafik Halliche en Premier League pensent que l’international a le moral dans les baskets, à cause de sa situation d’éternel remplaçant à Fulham.

Eh bien non ! Halliche nous a paru très heureux et, surtout, confiant parce que sans les blessures à répétition qu’il a contractées depuis le début de saison, il serait aujourd’hui titulaire. Un statut pour lequel le joueur algérien, connu pour un être un battant, est prêt à tous les sacrifices. Et l’Equipe nationale dans tout ça ? Elle est justement liée à sa situation à Fulham. Halliche, qui ne s’est pas adressé à la presse depuis le match de Bangui, a beaucoup de choses à dire et de précisions à apporter à propos de tout ce qui a été dit à son sujet.

Bonjour Rafik, c’est quoi ce voyage éclair à Alger ?

C’est simple, le pays m’a trop manqué, la famille, ma mère particulièrement. J’avais la possibilité de venir en Algérie pendant les repos collectifs que nous accordait M. Mark Hughes, mais je n’ai pas voulu rentrer au pays parce que je soignais mes blessures. Je ne voulais pas rater des séances de soin pour ne pas casser le rythme.

Rassurez-nous, vous n’êtes plus blessé !

Absolument ! A part un malaise que j’ai ressenti à la veille du dernier match de championnat face à Blackburn qui m’a contraint à un repos de deux jours, je me sens très bien depuis 20 jours. La preuve, j’ai pu disputer le dernier match amical sans ressentir la moindre douleur, avant de rentrer au pays.

Avec l’autorisation du coach, on suppose ?

Je ne vais quand même pas venir en Algérie sans son autorisation. J’ai, par contre, bénéficié d’un jour supplémentaire par rapport à mes coéquipiers pour pouvoir profiter au maximum de ce court séjour.

Votre transfert a été accueilli avec beaucoup d’enthousiasme en Algérie, mais aujourd’hui, les gens sont un peu déçus de ne pas vous voir jouer souvent. Quelles sont les raisons qui vous ont empêché de vous imposer à Fulham ?

Je suis le premier déçu quand je ne joue pas, mais je ne suis pas inquiet, car la principale raison qui m’a empêché de jouer sont les blessures. Je n’ai jamais pu m’entraîner un mois complet sans contracter une blessure.

J’ai eu la cheville, je me suis fait opérer des adducteurs, j’ai rechuté. C’était trop pour une demi-saison. Le pire, c’est que toutes ces blessures survenaient au mauvais moment.

C’est-à-dire au moment où j’allais avoir enfin une opportunité de jouer d’entrée. Maintenant que je suis complètement guéri et en espérant que les blessures me laissent enfin tranquille, j’attends ma chance avec impatience. Ma plus grande satisfaction est que je sens au quotidien que le staff technique, M. Mark Hughes en particulier, me font confiance.

Votre guérison coïncide avec celle de Senderos, un autre arrière central. Cela vous inquiète-t-il ?

En signant à Fulham, je savais que je n’avais pas choisi la facilité. Sans Senderos, il y avait déjà Hangeland et Hugues, les habituels titulaires qui jouent ensemble depuis longtemps déjà. Mais je me connais, je suis un battant et je vais me battre pour essayer, inch’Allah, de m’imposer, même si je sais qu’on ne change pas souvent une charnière centrale. La concurrence fait partie du football, à moi de montrer à l’entraîneur qu’il peut compter sur moi, comme je l’ai fait à Madeira et bien avant au NAHD. J’attends donc ma chance tranquillement et je me tiens prêt à tout moment pour jouer.

En parlant de chance, Saâdane nous a dit, en marge de la cérémonie du Ballon d’Or, que le jour où Halliche aura sa chance, il ne lâchera plus le maillot de titulaire. Qu’en pensez-vous ?

Wallah ça fait chaud au cœur d’entendre Cheïkh Saâdane prononcer ces mots. S’il a dit ça, c’est qu’il a ses raisons, il me connaît bien et il sait que je ne lâche pas prise facilement. C’était d’ailleurs comme ça en sélection, je suis venu, j’ai travaillé sérieusement et j’ai attendu ma chance. La suite, tout le monde la connaît. Les mots de Cheïkh Saâdane m’encouragent à bosser encore pour mériter une place de titulaire à Fulham, comme je l’ai fait en Equipe nationale. Je vais tout faire pour donner raison à M. Saâdane et ne pas le décevoir.

M. Hughes, l’entraîneur, vous parle-t-il souvent ?

Je vais être franc avec vous. Si je n’avais pas senti cette confiance de la part de l’entraîneur, j’aurais peut-être demandé à partir au mercato, même blessé. M. Hughes discute avec moi, s’inquiète pour moi, demande de mes nouvelles et c’est très réconfortant tout cela. Il faut aussi se mettre à la place de l’entraîneur : j’ai débarqué dans ce club, alors que la saison avait déjà débuté.

Je me suis entraîné dix jours avec le groupe avant de rejoindre la sélection d’où je suis revenu blessé à la cheville. Par la suite, je me suis fait opérer pour rechuter encore. Ajouter à cela la blessure de Senderos, un autre arrière central. Malgré tout, j’ai pu jouer quelques bribes de matchs et j’ai presque toujours fait partie des 18. Cela prouve que le club me fait confiance. De ce côté-là, je suis tranquille et c’est pour ça aussi que je veux être digne de cette confiance.

En signant à Fulham, avez-vous senti une différence par rapport à ce que vous avez vécu à Madeira ?

C’est le jour et la nuit. Il ne faut pas oublier que j’ai rejoint le finaliste de l’Europa-League et l’un des championnats les plus relevés du monde. J’ai senti que je suis passé à une étape supérieure, pas seulement dans l’organisation et les structures du club, mais aussi à l’entraînement. Ici, il y a un suivi permanent de la part des responsables du club. Mon travail ne s’arrête pas après l’entraînement puisqu’on me demande de faire et de ne pas faire un certain nombre de choses, une fois l’entraînement terminé.

Comme par exemple ?

Y a beaucoup de trucs. On me demande de boire une certaine quantité d’eau, à faire attention à ce que je mange, à récupérer, et on veille surtout à ce que je fasse tout ça en vérifiant tous les matins avant l’entraînement. A Fulham, je suis un travailleur au sens propre du terme.

Comment passez-vous vos journées à Londres ?

De quelles journées vous parlez ? Je m’entraîne jusqu’à 14h, le temps d’arriver à la maison et la nuit tombe à 15h30. La journée est terminée (il rit). La seule chose qui m’ennuie à Londres, c’est le climat et les journées courtes, surtout en hiver et en automne. Heureusement que j’ai des amis, beaucoup d’amis algériens, en plus d’un cousin et d’un parent. Grâce à eux, je me retrempe dans l’ambiance du pays en organisant des sorties entre Algériens et des qaâdas à l’algérienne.

Vous avez eu le temps d’apprendre un peu l’anglais ?

Ça va, je me débrouille pas mal. A l’entraînement par exemple, j’apprends beaucoup, car ça parle uniquement anglais. Vous allez me dire que je n’ai pas le choix.

Quels sont vos amis au sein  du club ?

Je me suis vite lié d’amitié avec Kamara, Dembélé et Senderos qui parlent français. Cela peut vous surprendre peut-être, mais avec Senderos, on se soutient beaucoup, je demandais de ses nouvelles lorsqu’il était blessé et il faisait de même. Avec les autres, ça commence à venir. Par exemple, tout le monde m’a soutenu à chaque fois que je me suis blessé. Damien Duff, qui est pourtant une star en Angleterre, demande souvent de mes nouvelles et m’encourage à travailler. Il n’y a rien à dire, Fulham est une équipe familiale.

Vous arrive-t-il de recevoir des coups de fils de la part des joueurs de l’Equipe nationale ?

Bien sûr ! Les plus assidus sont Anthar Yahia et Madjid Bougherra qui ne ratent aucune occasion pour m’appeler ou m’envoyer des textos. Il y a d’autres joueurs qui ont changé de numéros et que je n’arrive pas à contacter, mais on se passe le bonjour à travers nos contacts communs. Guedioura, lui, ne rate aucune occasion de venir me voir à Londres où on profite pour prendre un pot ensemble et discuter de tout. J’ai découvert en Guedioura un garçon très attaquant. Moi en tout cas, je suis le parcours de tous mes amis de l’Equipe nationale. Par exemple, j’ai été ravi d’apprendre que mon frère Mourad (Ndlr, Meghni) est complètement guéri. Sa place est sur un terrain de football, car c’est un plaisir de le voir tripoter le ballon. Je lui dis : «Ya Mourad, n’arrêtes pas de jouer même pendant les vacances, on a tous envie de te revoir sur un terrain de football !»

A quand remonte votre dernière discussion avec M. Benchikha ?

Je ne me rappelle plus, mais il m’appelle souvent. S’il ne le fait pas, il m’envoie des messages pour s’enquérir de mon état de santé et de ma situation à Fulham. Avec le coach, le contact n’a jamais été rompu.

Mais il ne vous a pas convoqué pour le match face au Maroc ?

A ce que je sache, la liste n’a pas été rendue publique. Maintenant si tel est le cas, je respecterai sa décision. C’est lui le premier responsable technique de l’Equipe nationale et c’est lui qui choisit le groupe qui réponde à ses attentes pour jouer contre le Maroc.

Vous n’avez plus été convoqué depuis le match de Bangui. Cela vous inquiète-t-il ?

Je n’ai pas été convoqué face au Luxembourg parce que j’étais blessé, puis face à la Tunisie, mais le stage a finalement été annulé. Je n’ai donc raté qu’un seul stage en deux ans à cause de la blessure. Ce n’est pas mal tout ça, non ?

Donnez-nous un pronostic face au Maroc ?

Si on retrouve notre solidarité et avec le soutien des supporters, on va les battre, c’est certain. Les gars savent que pour rester dans la course, il faut à tout prix battre les Marocains, cela suffit pour les gonfler à bloc.

Avec ou sans Halliche ?

Avec ou sans moi, car une victoire de l’Equipe nationale fera plaisir à tous les Algériens et moi j’en fais partie. Je serai le supporter numéro 1 des Verts, le 27 mars.

On voit que vous êtes impatient de rejoindre la famille (Ndlr, entretien réalisé juste après la prière du vendredi), on va donc clore cet entretien…

Avant de clore l’entretien, je voudrais lancer un message à travers votre journal pour le jeune Amokrane du RC Kouba. C’est un jeune footballeur pétri de qualités qui se trouve à l’hôpital pour subir une opération délicate. Je lui souhaite un prompt rétablissement et bechfa inch’Allah. C’est un sportif, donc un battant, il doit combattre la maladie de toutes ses forces. Que Dieu le guérisse inch’Allah. !