Vahid Halilhodzic a bouclé sa tournée qatarie hier. En partance pour Alger, le sélectionneur national a, avant d’embarquer, accepté de nous livrer ses impressions sur son séjour à Doha, qu’il a trouvé particulièrement intéressant. Sans pour autant aller au fond des sujets, le sélectionneur national a néanmoins éclairé nos lanternes sur certains faits qui ont jalonné l’actualité
de l’EN.
Vous vous apprêtez à quitter Doha après un séjour de quelques jours, avez-vous trouvé ici ce que vous êtes venu chercher ?
En gros, oui. C’était un séjour riche en enseignements. Je pense avoir atteint les objectifs de ma venue ici. En plus d’avoir assisté à quelques matches des internationaux algériens, j’ai pu constater de visu les conditions dans lesquelles ils évoluent. Nous nous sommes revus aussi en privé pour parler de certaines choses qui me tenaient à cœur. J’ai aussi fait une virée intéressante à Aspetar. C’était une occasion pour revoir mon ami Hakim Chalabi.
Allez-vous rallier directement la ville de Tanger comme cela a été annoncé ça et là ?
Non, je vais d’abord rentrer à Alger. Il est prévu que je parte le 28 novembre à Tanger pour assister au tournoi final.
Peut-on connaître l’objet de votre réunion avec Madjid Bougherra, Karim Ziani et Mourad Meghni ?
Sans rentrer dans les détails, ce fut une rencontre fructueuse. Nous avons parlé de beaucoup de choses qui concernent exclusivement la sélection et les joueurs. Je ne suis pas venu ici pour superviser les joueurs. Je les connais déjà assez pour avoir une idée sur chacun d’eux. Après, je préfère garder pour moi ce qui s’était dit entre nous. Cela fait partie de l’intimité du groupe et il ne me tient pas à cœur d’ébruiter l’affaire.
Vous avez tenu à associer Mourad Meghni à cette réunion, est-ce à dire qu’il y a une éventualité pour que vous lui adressiez une convocation pour les échéances futures ?
Vous n’êtes pas sans savoir que Mourad Meghni est resté longtemps éloigné des terrains. Cela fait près de deux ans qu’il ne joue plus régulièrement. Depuis qu’il est là au Qatar, il n’a joué qu’un match et une mi-temps. Il sait parfaitement qu’il est loin de sa forme. Il lui faudra des mois et des mois de travail et de compétition pour qu’il retrouve la forme que nous lui connaissons. J’ai été personnellement ravi de son retour à la compétition. Je le lui ai dit, il sera rappelé lorsqu’il aura retrouvé son niveau. J’ai évoqué évidemment ce sujet avec lui. Il est conscient de la situation. Après, c’est un garçon intelligent. C’est un battant, il va revenir.
Avez-vous fixé une échéance à Meghni ? Quand est-ce qu’il pourra réintégrer la sélection ?
Difficile à dire. Je ne peux pas avancer de date, d’autant que nul n’est sûr d’être encore en vie demain…Tout dépendra de lui, de sa forme. Du travail qu’il aura accompli. Ça dépendra exclusivement de lui. Personnellement, je n’ai pas envie de précipiter les événements. Je ne vais pas arrêter la liste dès à présent. Je déciderai de son contenu au moment voulu. Une chose est sûre, seuls les meilleurs et les plus en forme seront sélectionnés.
Avez-vous évoqué le cas Meghni avec son entraîneur ?
Oui, on en a parlé. Il m’a assuré qu’il accordait un grand intérêt au cas de Mourad. Il m’a aussi confié que c’est un joueur important dans son équipe et que ça lui tenait à cœur de le récupérer.
Qu’en est-il de Karim Ziani ?
J’ai été étonné de le voir titulaire, alors qu’il ne s’est pas entraîné depuis vingt jours ! J’ai su que c’est son entraîneur qui avait insisté pour qu’il joue ce match. J’avoue qu’il a risqué avec lui, car on ne fait pas jouer un match complet à un joueur qui est resté vingt jours à se soigner. C’est une grosse erreur.
On dit que vous avez tenu un langage ferme aux joueurs lors de votre réunion, est-ce vrai ?
C’est complètement faux. S’il vous plaît, arrêtez d’amplifier les choses qui sont toutes simples. La rigueur est importante dans tout ce que nous entreprenons. Sans ça, on aurait tout faux et, par conséquent, l’échec ne serait pas loin. Après, j’étais toujours franc et direct. S’il y a quelque chose qui ne me plaît pas, je le dis en face, les yeux dans les yeux. Je ne suis pas un hypocrite. Lorsque j’avance que le championnat du Qatar est faible comparé aux championnats européens, je le dis en connaissance de cause. Je n’ai pas découvert l’Amérique, mais je le sais ! Après, les joueurs qui ont choisi de poursuivre leurs carrières au Qatar sont libres de leurs choix. Ils doivent juste comprendre que jouer pour la sélection requiert un niveau de compétitivité élevé.
Et si l’on devait comparer le championnat qatari avec le championnat algérien ?
Difficile de se prononcer. A chacun ses spécificités. En matière de moyens et d’individualités, le championnat qatari est meilleur. Les clubs ont les moyens de recruter quatre joueurs professionnels. Les infrastructures sont aussi meilleures. Après, du point de vue collectif, de l’engouement et de la passion, le championnat algérien est meilleur. Lorsque vous jouez devant des gradins vides, il est difficile d’être à 100 %.
Il y a un joueur qui joue à l’étranger qui a conditionné sa venue en sélection par une place de titulaire, qu’en pensez-vous ?
C’est qui ce joueur ? Maradona ou Messi ? Soyez-en certains, je ne vais pas mendier. Tout joueur appelé en sélection doit en être fier, sinon, il n’a qu’à rester chez lui. Il doit avoir la hargne et être heureux de jouer pour son pays. Pour moi, un joueur qui pose des conditions pour la sélection n’est pas un Algérien à 100%. Je n’ai jamais été obligé de sélectionner un joueur, fut-il une star.
Qu’en est-il du cas de Mikaël Fabre qui n’a pas répondu présent au dernier stage de la sélection pour, soi-disant, blessure ?
Le règlement interne de la sélection est connu de tous. Je ne vais pas verser dans la politique des deux poids deux mesures. Les joueurs qui ne s’y soumettent pas n’ont pas leur place en sélection. Concernant Fabre, nous avons effectivement reçu un fax de son club qui atteste sa blessure. Je ne veux pas confirmer ou infirmer ce document. Nous attendons de recevoir le rapport médical pour être fixé. J’ai été néanmoins triste que Fabre n’ait pas daigné se présenter au regroupement, parce que j’ai ressenti chez lui une grosse envie de jouer pour l’Algérie. Dommage. Pourquoi s’est-il comporté de la sorte ? Quelles sont les raisons de son absence ? Franchement, je n’en sais rien. Après, le règlement sera appliqué sur lui.
Doit-on comprendre que vous n’allez pas lui adresser une convocation pour le prochain stage ?
Sur le principe non. Après, je ne sais pas si je vais le convoquer ou non.
Vous avez qualifié Bouchouk récemment de joueur de cirque, comment l’avez-vous trouvé lors de l’opposition Algérie Vs Algérie ?
Avant que je décide de le convoquer, personne ne parlait de lui. Maintenant, je vois qu’il y a beaucoup trop de bruit autour de lui. Du coup, je préfère me taire.
L’avez-vous trouvé au moins bon ?
S’il a été bon, il continuera avec nous, dans le cas contraire, il n’aura pas sa place parmi nous. Voilà tout.
