Halilhodzic «J’ai refusé de prendre l’Algérie au Mondial 2010»

Halilhodzic «J’ai refusé de prendre l’Algérie au Mondial 2010»

Lors de son passage au Qatar, Vahid Halilhodzic, qui est rentré à Alger avant-hier, vendredi, a accordé une longue interview à la chaîne El-Djazira Sport. Il est revenu sur les raisons de son déplacement à Doha. Il a aussi avoué que, juste après la CAN, il a été contacté pour driver l’EN au Mondial sud-africain, mais il a refusé par principe.

– Vous êtes au Qatar pour superviser les joueurs algériens évoluant dans ce championnat. Pourquoi avez-vous jugé utile de les voir de près ?

– Cette visite au Qatar a été organisée depuis près de deux mois avec le président de la fédération. J’ai voulu me rendre sur place pour voir les conditions dans lesquelles ils travaillent, leur façon de vivre, car on a des objectifs à réaliser. Ajoutez à cela que nous avons beaucoup d’amis algériens qui travaillent à Aspitar et qui nous ont beaucoup aidés. C’est pour tout cela que je suis venu.

– Et comment avez-vous trouvé vos joueurs ici au Qatar ?

– J’ai été impressionné par les conditions de travail, mais, malheureusement, le rythme des rencontres n’est pas très élevé. J’ai donc expliqué aux joueurs qu’il faut travailler beaucoup s’ils veulent préserver leur place en équipe nationale. Je suis aussi venu pour voir le développement du football, d’autant plus que la Coupe du monde 2022 sera organisée dans ce pays et, on ne sait jamais, peut-être qu’un jour je serai appelé à entraîner une équipe ici.

– A présent que vous avez constaté que le rythme des matchs n’est pas très élevé, qu’allez-vous faire concernant ces joueurs ?

– Pour jouer dans le haut niveau, il faut que sur le plan physique vous soyez prêts à 100%. Lorsque j’ai vu les matchs, j’ai discuté avec les joueurs et je leur ai expliqué ce qu’ils doivent faire pour élever leur niveau, vu que l’équipe d’Algérie a de grands objectifs, à savoir la CAN 2013 et la Coupe du monde 2014.

– Comment analysez-vous votre parcours jusque-là à la tête de la sélection algérienne ?

– Il faut savoir que je suis arrivé à une période très difficile. J’avais trouvé les joueurs fatigués sur le plan moral, sans plus aucune ambition. Après ce premier rendez-vous, je ne vous cache pas que je voulais partir, vu que le groupe était anéanti. Petit à petit, nous avons commencé à nous ressaisir. Les joueurs ont commencé à discuter entre eux et à s’autocritiquer, et là, j’ai compris que cette équipe a les moyens d’avancer et de se sortir de cette crise. Et, à chaque stage, on travaille beaucoup et on parle beaucoup. Je pense que mon message est très bien passé.

– Vous dites que vous avez trouvé le groupe dans un état catastrophique. Est-ce une accusation pour vos prédécesseurs ?

– Non, pas du tout, je ne critique personne. Après la Coupe du monde, il y a eu un relâchement et le groupe est tombé dans ses travers. Il a été énormément critiqué. Il faut dire aussi que lorsque l’équipe s’est qualifiée pour le Mondial, elle s’est contentée de cela et est partie en Afrique du Sud sans ambitions, ce qui est une très grave erreur. Il y a eu après l’élimination de la CAN 2012. A présent, il faut retenir les leçons pour avancer.

– Le match Algérie-Côte d’Ivoire, vous n’êtes pas près de l’oublier…

– Oui, mais je dois dire que, juste après, certaines personnes m’ont contacté pour prendre l’équipe d’Algérie en prévision de la Coupe du monde. J’ai refusé, car cette équipe s’est qualifiée avec un staff, et ce n’est pas mon genre de prendre la place de quelqu’un d’autre, d’autant plus que ces gens-là connaissaient parfaitement le groupe, alors que ce n’était pas mon cas. Après ce qui m’est arrivé en Côte d’Ivoire je me suis dis que plus jamais je n’entraînerai une équipe africaine. D’ailleurs, il y a eu pas moins de 10 pays africains qui m’ont contacté, mais j’ai refusé à chaque fois.

– Pourtant, vous avez pris l’équipe d’Algérie…

– M. Raouraoua, qui me contactait depuis plusieurs années déjà, a pris une fois de plus attache avec moi. Après un moment de réflexion, j’ai accepté ce défi. Je savais que ça n’allait pas être facile, mais, vu que je suis assez courageux, j’ai quand même dit oui. Pour l’instant, mon message, c’est de travailler et continuer à travailler. J’ai rendu le sourire aux joueurs qui ont retrouvé la joie de jouer en sélection et ont surtout renoué avec les victoires et cette culture de la gagne qu’ils avaient perdue lors de leurs derniers matchs.

– Donc, on peut dire que vous ne regrettez pas votre choix…

– Je suis conscient de la tâche qui m’attend avec un travail difficile et à long terme. Je fais le maximum, mais je me suis mis d’accord avec le président de la FAF que si les choses n’allaient pas comme on le souhaitait on allait se séparer à l’amiable et rester de bons amis.

– Vous paraissez très optimise pour la suite…

– Vous savez, j’ai eu beaucoup d’expérience dans ma carrière et je peux vous dire que la force de cette équipe d’Algérie c’est l’union de son groupe et sa force collective. C’est pour cela que je travaille beaucoup dans ce sens et c’est ce qui explique mon optimisme.

– En Côte d’Ivoire, il y a eu l’intervention des politiques pour vous limoger. Croyez-vous qu’en Algérie ce genre d’intervention existe ?

– Non, à aucun moment je n’ai ressenti ça, car j’ai bien vu que M. Raouraoua est le premier responsable et personne n’est jamais intervenu dans mon travail. En tout cas, jusqu’à présent cela ne s’est jamais produit. En Côte d’Ivoire, j’ai été souvent convoqué au palais présidentiel où le président de la République me disait pourquoi titulariser ce joueur et pas un autre.

– Est-ce facile d’entraîner en Algérie ?

– Je dois dire que ce n’est pas facile, mais je ne suis pas une personne qui cherche les problèmes et je n’ai peur de rien et de personne. Mais, quand je vois les gens qui m’entourent partager la même vision des choses, tout se passe bien.

– Pensez-vous avoir les compétences pour qualifier l’Algérie au Mondial 2014 ?

– Les compétences, je les ai, mais aujourd’hui l’Algérie n’est pas prête pour aller au Mondial. Mais dans 6 mois ou une année, on le sera. Pour cela, il faut la mobilisation de tout le monde et beaucoup de travail. J’essaye de donner un nouveau souffle à cette équipe et, comme je vous l’ai dit, je suis optimiste.

– Ça reste pour vous un défi…

– Oui, c’est un défi, mais je veux aussi prendre ma revanche après ce qui m’est arrivé en Côte d’Ivoire, car j’avais nourri beaucoup d’espoirs avec la séléction ivoirienne.

A. H. A.