Alors qu’on s’attendait à des louanges de Vahid Halilhodzic pour le nouvel arrivé parmi les Verts, Ishak Belfodil, ce sont plutôt des mises en garde qui ont fusé de la bouche du sélectionneur. «Il n’a encore rien montré, il doit faire ses preuves», a-t-il lancé à son sujet, tout en rappelant que ce n’est qu’un élément parmi cinq avants de pointe parmi lesquels il devra choisir deux ou trois au maximum, «les plus compétitifs d’entre eux avec leurs clubs», a-t-il tenu à le préciser. En ajoutant, dans la foulée qu’il n’avait pas apprécié que Belfodil fasse volte-face l’année passée et renonce à venir tout de suite en sélection, il a donné l’image d’un sélectionneur plutôt en colère contre un joueur présenté comme un la nouvelle star du football algérien.
«Chaque détail est important, il ne faut pas créer des tensions au sein du groupe»
Qu’est-ce qui explique ce langage dur envers un joueur que les médias n’ont pas manqué de porter aux nues depuis quelques semaines ? Se peut-il réellement que le coach national veuille se passer d’un attaquant dont on dit qu’il a le niveau international ? La réponse réside dans le décryptage d’autres propos tenus par Halilhodzic au sujet de Belfodil. En fait, tout est résumé dans ce passage : «Comme nous vivons un moment particulier, puisque nous sommes déjà qualifiés pour les barrages, j’ai la possibilité de préparer minutieusement la suite. Chaque détail est important. Il ne faut pas créer des tensions au sein du groupe.»
Contrairement aux sept nouveaux du Mondial-2010, Belfodil a retardé sa venue
Autrement dit, la qualification précoce de l’Algérie pour le tour des barrages et, par conséquent, la probabilité d’une qualification au Mondial oblige le coach national non seulement à compter sur les services d’un attaquant comme Belfodil qui évolue dans le très haut niveau, mais aussi à «préparer» le groupe de joueurs à accepter l’arrivée d’un joueur qui n’a pas participé aux éliminatoires. C’est ce qu’il entend par «préparer minutieusement la suite». Le cas Belfodil est, en effet, différent de celui des sept joueurs (Mbolhi, Mesbah, Medjani, Bellaïd, Guedioura, Kadir et Boudebouz) qui avaient été appelés pour participer directement à la Coupe du monde 2010 sans avoir participé aux éliminatoires. Les sept joueurs en question n’avaient jamais été convoqués auparavant, mais ce n’est pas le cas de Belfodil que Halilhodzic voulait prendre le mois d’octobre passé face à la Libye, mais qui avait demandé à ne pas être appelé avant la fin de la saison.
Le coach fait du «marketing» interne en prévision des matches qui compteront
«Chaque détail compte. Il ne faut pas créer des tensions au sein du groupe», dixit Halilhodzic. Donc, pour faire accepter Belfodil, il le passe en public comme un joueur tout à fait ordinaire qui doit prouver sa valeur pour être retenu. En d’autres termes, il essaye de banaliser le joueur, profitant du fait qu’il n’a pas expressément besoin de lui pour le moment, dans une action de «marketing» interne à l’adresse du groupe des joueurs, comme pour leur dire : «Voyez, je traite Belfodil comme vous autres, je le critique même dans la presse car il n’est pas une star à mes yeux.» Cette manière de procéder – qu’il reconduira à coup sûr lors du match sans enjeu face au Mali – vise à évite la starisation du joueur et, par là même, à mieux le faire accepter dans le groupe, en prévision des matches qui compteront vraiment, la double confrontation décisive aux barrages et, pourquoi pas, une participation à la Coupe du monde où l’apport de chaque élément de valeur sera important. Prévenir, c’est prévoir, dit-on. Halilhodzic pourrait ajouter : c’est surtout prévoir les petits détails.