Halilhodzic à RMC «Si un élément menace la vie du groupe, il faut vite l’éliminer»

Halilhodzic à RMC «Si un élément menace la vie du groupe, il faut vite l’éliminer»

Dans une interview accordée à la Radio RMC, le sélectionneur national d’Algérie, Vahid Halilhodzic, est revenu sur le fiasco des Bleus lors du dernier Euro en Pologne et en Ukraine. Fidèle à sa politique, Vahid était sans pitié.

Il a tiré sur tout le monde, endossant la responsabilité de l’échec à la FFF qui n’a pas su prendre les décisions qu’il fallait au bon moment, au staff qui n’a pas eu le courage d’exclure les éléments gênants dans le groupe et aux joueurs qui n’ont pas respecté cette équipe nationale française.

Interrogé sur le rôle de l’entraîneur et sa responsabilité dans l’échec des Bleus lors de cet Euro, Vahid Halilhodzic dira : «Il faut d’abord avouer qu’il n’est jamais facile d’être le sélectionneur d’un pays comme la France. C’est une terre de football, mais hélas, ce sport dans ce pays est malade depuis 12 ans, c’est-à-dire après l’Euro gagné en 2000», avant d’ajouter : «Tous ceux qui ont eu à gérer de près comme de loin la sélection n’ont pas su guérir le groupe de sa maladie. L’évacuation du traumatisme de Knysna n’a pas été faite. C’était après ce qui s’est passé lors du Mondial 2010 en Afrique du Sud qu’il fallait réagir avec fermeté et éliminer tous ceux qui peuvent nuire au groupe.»

«L’échec était presque prévisible»

Pour Vahid Halilhodzic, le problème de l’équipe de France ne réside pas dans les qualités techniques, tactiques et physiques des joueurs qui la forment, au contraire, la France ne souffre aucunement de ce côté. Par contre, Vahid pense que le vrai problème des Coqs est dans leur groupe. «Ecoutez, l’échec de l’équipe de France lors de cet Euro était presque prévisible et je vais vous dire pourquoi : on n’a pas éliminé les tensions et les polémiques qu’il y avait dans le groupe. On n’a pas non plus fait le nécessaire pour justement évacuer ce traumatisme vécu en 2010. Vous me demandez de vous dire si Deschamps est l’homme de la situation et est-ce que c’est normal qu’un ancien capitaine d’une sélection refuse d’entraîner cette même sélection, et bien, je vous dirai que Deschamps est un entraîneur à poigne et que s’il a refusé de prendre la sélection, c’est parce qu’il sait ce qui se passe vraiment dans les coulisses des Bleus. Depuis 2000, il y a eu un double discours de la part de la Fédération française de football, des entraîneurs et de tous ceux qui sont impliqués dans la gestion de cette structure, de loin comme de près. En résumé, l’équipe de France est malade et Blanc n’a pas réussi à la guérir.»

«Il faut avoir le courage d’éliminer des éléments perturbateurs, même s’il s’agit des meilleurs joueurs»

Vahid, qui a la réputation d’un entraîneur à poigne, a été appelé ensuite à répondre à une question qui a un rapport direct avec ce qu’a fait Vahid dès sa prise de fonction durant l’été 2011. La question disait : «Vous êtes un entraîneur de poigne et vous l’avez prouvé partout où vous êtes passé. Avec l’Algérie, vous avez pris des décisions courageuses dès votre prise de fonction et qui ont fait polémique dans le pays. Vous ne pensez pas qu’il faudrait pour l’équipe de France quelqu’un comme vous, un entraîneur à poigne capable de prendre des décisions et trancher quand il le faut ?» La réponse de Vahid à cette question était la suivante : «Aimé Jacquet a réussi avec la France, parce qu’il avait eu le courage d’éliminer deux joueurs qui étaient à l’époque les meilleurs Français dans le monde (il parlait d’Eric Cantona et de David Ginola). Il avait la conviction que c’était la chose à faire et il l’a fait. C’était à lui de décider et il a pris ses responsabilités pour le bien du groupe. Quand vous voyez quelqu’un qui ne peut pas entrer dans votre groupe, quand l’un de vos joueurs fait le contraire de ce que vous attendez de lui, il faut le remercier, c’est tout. C’est compliqué, je sais, mais il faut le faire pour la survie du groupe, il faut le faire», explique Vahid.

«Le comportement humain est plus important que le comportement sportif»

Insistant sur la capacité de Deschamps à mener cette équipe de France à bon port, Vahid Halilhodzic dira : «Le vécu de Didier comme joueur de l’OM et de la Juventus et son parcours avec l’équipe de France avec laquelle il a gagné la Coupe du monde et la coupe d’Europe en tant que capitaine, sa réussite avec l’AS Monaco avec laquelle il est allé jusqu’en finale de la Champions League parle pour lui et lui donne de la crédibilité. Comme je vous l’ai dit, ce qu’il faut pour l’équipe de France, c’est un entraîneur crédible qui a de la personnalité et surtout le courage de prendre des décisions qui ne seront pas faciles, mais compliquées dans leur majorité. Il faut assumer ce genre de choses quand on choisit de faire ce boulot. Et là, je suis obligé de revenir au groupe. Un sélectionneur doit toujours donner la priorité à son groupe, parce qu’en sélection, le comportement humain est beaucoup plus important que le comportement sportif. En résumé, la stabilité et la vie de groupe passent avant l’aspect technique et tactique. La vie d’un groupe est fragile, alors s’il y a un élément qui peut lui nuire ou la déstabiliser, il faudra l’éliminer.»

«Je suis sélectionneur, je ne m’occupe pas de l’avenir de Djebbour»

A la fin de l’entretien, le journaliste de RMC a profité de l’occasion pour soutirer une information à Halilhodzic sur les rumeurs qui ont circulé comme quoi l’Olympique de Marseille voudrait faire signer Rafik Djebbour, mais Vahid a refusé d’entrer dans ce débat. «Ecoutez, je suis sélectionneur de l’équipe nationale d’Algérie, je n’ai pas à intervenir dans les choix de carrière de mes joueurs. Rafik est libre de signer là où il veut.» Sur sa situation avec l’équipe nationale d’Algérie, Vahid répliqua : «Je suis bien avec l’Algérie.»

A. B.