HAÏZER (BOUIRA) ,Lawziâa pour perpétuer la tradition

HAÏZER (BOUIRA) ,Lawziâa pour perpétuer la tradition

Chaque maison aura sa part de viande

«Nous voulons que le Ramadhan soit accueilli dans la joie et l’aisance pour tout le monde.»

«Thimachrath» «Laouziaâ» c’est selon les régions que l’on désigne cette action où la solidarité et l’entraide sont concrétisées par le sacrifice de plusieurs bovins puis répartis entre les citoyens du arch. Chaque part est désignée par «thakhamth» qui équivaut à un foyer c’est-à-dire un couple marié. Pour ne pas faillir à la tradition, la région de Haïzer, plus précisément «Thadarth Inadjarène», a organisé une grande fête.

«Cette action s’inscrit dans la volonté de perpétuer les traditions, inculquer aux nouvelles générations l’esprit d’entraide et de solidarité» nous dira Meziane Chaâbane, le jeune maire de la commune, rencontré sur place en compagnie du président de l’association du village. Plusieurs boeufs ont été sacrifiés pour la circonstance. Les plus âgés de la djemaâ sont chargés de la répartition et de la distribution au CEM de Guentour sur les hauteurs de Tikjda. 250 chefs de foyer ont cotisé. «Nous voulons que le Ramadhan soit accueilli dans la joie et l’aisance pour tout le monde» nous affirmera le président de l’association. La fête se veut aussi un signe envers les plus démunis.

La viande par les temps qui courent a fini par devenir un luxe. La solidarité reste un moyen pour contrecarrer l’esprit individualiste qui a augmenté l’écart entre les pauvres et les nantis. Lors de l’opération cotisation, aucune condition n’a été imposée. Chacun peut donner ce qu’il veut. Les apports vont de 200 DA jusqu’à des milliers de dinars. «La collecte s’est faite dans l’anonymat absolu pour ne pas mettre les gens dans la gêne», nous précisera le maire de la localité. La répartition s’est faite publiquement. En plus de cette action initiée par Thajmaâth, d’autres actions d’aide et de solidarité en prévision du mois sacré du ramadhan sont prévues dans les prochains jours. La commune a prévu de distribuer des aides alimentaires aux familles les plus démunies. «La distribution des couffins du Ramadhan a débuté mais nous avons voulu qu’elle se fasse dans la discrétion la plus totale pour ne pas toucher à la dignité des gens» nous confiera le maire Chabbane Meziane. S’agissant des autres actions héritées des ancêtres, le collectif du village envisage aussi de recourir à l’aide des plus nantis qui viendront en aide aux plus démunis à la rentrée scolaire en matière d’articles scolaires et d’habillement des enfants. «Laouziaâ» a été aussi l’occasion de célébrer la Fête de l’indépendance et la commune a réservé plus d’un milliard de centimes pour la réalisation de la «maison du village «axam n’tadarth». Une stèle commémorant les chouhada sera réalisée en plus de la récompense des candidats aux meilleures notes au Bac, 3 au BEM et 3 à l’examen de la 5e année primaire. «Nous avons choisi les plus méritants pour dire que les études demeurent l’unique objectif que doit avoir l’enfant» commentera le président de l’association.

Le mois du Ramadhan est certes celui de la rahma, mais chez ces villageois cette vertu est permanente et ne se limite pas au seul mois de l’abstinence. «Leriche doit être aux côtés du pauvre à tout moment» commente cheikh Amar Amedour, du arch qui englobe les Nedjaâi. Cette vision de la vie se retrouve dans l’ensemble des villages accrochés au flanc Sud du Djurdjura.

D’Ath Aïssi à Ath Medour, Ath Halouane, Imchadallen, Icharfaouine, Ath Karbousth, Ath Hamdoune… la fête a été à son comble à quelques jours du mois sacré du Ramadhan.