Haïti, une île en proie aux crises

Haïti, une île en proie aux crises
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HAÏTI – Le petit pays a été violemment frappé par un séisme alors que sa situation s’améliorait à peine…

Le sort s’acharne sur Haïti. Le pays, parmi les plus pauvres du monde, compte avec ce séisme une énième blessure. En 2008, l’île avait été touchée par quatre cyclones, qui avaient déjà fait des milliers de victimes.

Cette même année, les émeutes de la faim s’étaient emparées de l’île, la grande pauvreté des Haïtiens (56% des Haïtiens vivent dans une extrême pauvreté selon le Programme des Nations unies pour le développement) ne leur permettant pas de faire face à la flambée des prix des matières premières.

Ce tremblement de terre vient donc parachever de façon dramatique un cycle de crises quasi perpétuel depuis la prise de pouvoir de François Duvalier en 1964. «Haïti est un Etat effondré, qui vient littéralement de s’effondrer», constate Jean-Marie Théodat, maître de conférence à Paris I et membre de l’Institut des Amériques (Ida), contacté par 20 minutes.fr.

Pourtant, depuis quelques mois, les indicateurs semblaient repartir légèrement à la hausse avec un retour à la croissance (environ 2%) et une inflation mieux maîtrisée.

«Haïti est un pays où au quotidien manquait l’indispensable»

«On en discutait justement lundi soir, a raconté à 20minutes.fr une Haïtienne de la diaspora, rentrée aux Etats-Unis la veille du séisme. Pour la première fois depuis 25 ans, on se disait que c’était la première année où ça allait un peu mieux, qu’on voyait le bout du tunnel», explique-t-elle.

Mais ce semblant de sérénité aura été de courte durée. Haïti, qui compte 9 millions d’habitants et dont la population tente par tous les moyens de fuir une situation socio-économique désastreuse à l’autre bout de l’île en République dominicaine, en Guadeloupe, en Guyane ou encore aux Etats-Unis (au total plus de 2 millions d’Haïtiens vivent en diaspora), risque donc de connaître de nouveaux exodes.

«Haïti est un pays où au quotidien manquait l’indispensable, il est donc sur que certains, ayant tout perdu, vont tenter de fuir», confirme Jean-Marie Théodat. La république voisine risque néanmoins de voir un très mauvais oeil un nouvel afflux de réfugiés haïtiens.

Cet été, Santiago de los Caballeros, deuxième ville de République dominicaine, a été le théâtre d’une chasse aux Haïtiens, lancée par des Dominicains armés de machettes et de bâtons. Et, malgré des activités de rapprochement, initiées par les organisations de défense des droits humains et par les dirigeants des deux côtés de l’ile, les heurts restent fréquents dans les zones frontalières.

Armelle Le Goff