Craignant pour leur vie, pendant la décennie noire que notre pays a traversée dans les années 1990 du siècle passé, des milliers de familles, qui ne se sentaient plus en sécurité dans leurs hameaux isolés des régions chaudes où elles habitaient, ont investi par milliers les périphéries des grandes villes pour s’y réfugier.
N’ayant aucun toit pour s’abriter, ces dernières ont occupé des terrains vagues pour y construire provisoirement des baraques de fortune avant de passer à la construction d’habitations en dur comme c’est le cas des centaines de familles de haï Es-Salam dans la commune de Benfréha qui ont fui le terrorisme, mais se retrouvent confrontés à un cadre de vie difficile à supporter.
En effet, ce qui n’était qu’une grande superficie de terrains vagues au début de l’année 1990, envahi par des broussailles et couvert de rocailles, est devenu au fil du temps une importante agglomération surplombant le village de Benfréha, abritant des centaines de familles. Baptisé entre temps du nom de Hai Es-Salam, malheureusement par manque de commodités les plus élémentaires, les familles qui le peuplent vivent dans des conditions lamentables.
Elles estiment même qu’elles sont marginalisées sinon comment expliquer l’absence totale des réseaux de l’eau potable, de l’assainissement des eaux usées et du courant électrique, affirment des chefs de famille qui tiennent à expliquer que leur agglomération est à cheval sur deux communes, une partie relevant de leur commune de résidence, c’est-à-dire Benfréha et l’autre partie qui porte le nom de Hai Mohamed Boudiaf, dépendant de la tutelle administrative de la commune de Hassi Bounif.
Des fosses septiques en guise de réseau d’assainissement
«Les habitants de la partie relevant de la commune de Hassi Bounif ont bénéficié depuis déjà plusieurs années de l’énergie électrique dans leurs habitations, de l’éclairage public, de l’eau potable, du réseau d’assainissement des eaux usées, d’un dispensaire, d’un CEM et de deux écoles primaires et même du bitumage de certaines rues», précisent des habitants de Hai Es-Salam, alors leur bourgade continue de vivre en marge du temps.
Et ajoutant: «Nous utilisons des bougies pour que nos enfants puissent réviser leurs leçons la nuit, des fosses septiques, comme vous pouvez le constater, les eaux usées se déversent à ciel ouvert dans ce qui ressemble à des rues, nous consommons de l’eau que nous achetons des colporteurs et dont nous ignorons la qualité, faute d’éclairage public, dès la tombée de la nuit, c’est les ténèbres et ceux qui s’aventurent dehors s’exposent au risque d’être agressés ou de se faire attaquer par une meute de chiens errants».
Est-ce logique de mener une telle vie en 2014 et à quelques 15 kilomètres seulement de la ville d’Oran, s’interrogent nos interlocuteurs qui ajoutent que la majorité de leurs enfants sont nés là, certains se sont mariés et ils ont des enfants qui continuent eux aussi à vivre dans la même misère. «Pour les citoyens de seconde zone, la misère s’hérite aussi», affirme un père de famille indigné.
La question de ces conditions de vie de cette agglomération a déjà été posée au maire à la fin de l’an dernier par nous-mêmes lors d’une entrevue, lequel nous a expliqué avoir élaboré un programme quinquennal de développement de la commune qui n’exclut pas haï Es-Salam et que le programme en question était transmis à la wilaya. Sans mettre en doute les affirmations du maire, les habitants s’inquiètent du temps que va prendre la naissance de ces projets.
«Combien de temps allons-nous encore attendre pour voir une amélioration du cadre de vie de notre bourgade, pourquoi ne pas proposer un programme de développement d’urgence, pour la réalisation de certains équipements les plus utiles et nécessaires pour alléger au moins une partie du lourd fardeau de misère que nous supportons depuis plus de deux décennies», affirment les habitants, dont certains pensent se déplacer jusqu’à Alger pour se plaindre.
A.Bekhaitia