Hafid djelloul,DG de l’onil,dénonce «La justice poursuivra les transformateurs indélicats»

Hafid djelloul,DG de l’onil,dénonce «La justice poursuivra les transformateurs indélicats»

La poudre de lait, soutenue par l’Etat et distribuée par l’Office national interprofessionnel du lait (Onil), ne doit pas être destinée à la production de petit-lait, de yaourt ou d’autres produits laitiers.

Mais certaines laiteries ne respectent pas cette mesure alors que la poudre acquise auprès de l’Onil doit être destinée «exclusivement» à la production de lait en sachet, vendu à 25 DA, a estimé Hafid Djellouli, directeur général de l’office.



Ce responsable nous indiquera qu’une opération d’intensification des contrôles au niveau des laiteries a été décidée cette semaine afin de mettre un terme aux agissements de certains transformateurs qui n’hésitent pas à utiliser la poudre de lait importée soutenue par l’Etat pour fabriquer des produits laitiers. En reconnaissant que

«l’office ne peut pas tout contrôler», il a souligné que «la malice a des limites». Il n’a pas écarté, à cet égard, la possibilité d’engager des actions en justice à l’égard des transformateurs indélicats.

«Nous avons un grand travail à faire. Nous allons instituer des actions de contrôle au niveau des laiteries». En acceptant le contrôle, c’est «la transparence qui sera favorisée», a-t-il insisté.

Selon lui, «l’Onil a l’obligation de renforcer les instruments de contrôle pour qu’il y ait une utilisation rationnelle de la poudre de lait soutenue».

40 millions DA/jour pour le lait en sachet

L’Etat, rappellera le même responsable, intervient pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens. Pour la filière, l’Etat dépense quotidiennement 40 millions DA entre primes destinées aux différents intervenants et la subvention de la poudre de lait importée.

Les 150 laiteries en exercice produisent quotidiennement 4 millions de litres de lait pasteurisé alors qu’au cours du mois de Ramadhan cette production peut atteindre 5,5 millions de litres par jour. C’est ce qui dénote la lourde mission de l’office appelé notamment à organiser la filière.

Hafid Djellouli annoncera, par ailleurs, la prochaine révision du programme d’affectation de la poudre afin de réajuster l’approvisionnement entre les différentes laiteries au niveau de l’ensemble des régions.

«Nous allons le faire de manière concertée et organisée», a-t-il assuré. En considérant que c’est «un choix stratégique pour le développement de la filière», Hafid Djellouli a plaidé pour une meilleure organisation de la filière, surtout après la récente hausse du prix de la poudre au niveau du marché international.

Même des avances ont été accordées

Sollicité au sujet du respect des affectations mensuelles, il a affirmé que le programme en question a été respecté et même la prime de soutien pour le mois de juillet a été versée pour l’ensemble des intervenants de la filière.

Mieux encore, certains transformateurs ont bénéficié d’avances afin de pouvoir répondre à la forte demande de consommation exprimée au cours des dix premiers jours du mois de Ramadhan.

En reconnaissant que quelques dysfonctionnements ont été enregistrés il y a juste quelques jours, il a affirmé que les besoins de certaines laiteries sont couverts jusqu’au 20 septembre.

Actuellement, l’Algérie compte 150 laiteries dont 129 conventionnées avec l’Onil. «Nous incitons les transformateurs à créer des centres de collecte qui permettront un rapprochement entre les éleveurs et les laiteries», a-t-il indiqué.

De son avis, il faudra créer 1200 centres afin d’améliorer le taux de la collecte. Les appréhensions affichées par les laiteries devront être dissipées à travers un travail de groupe et de concertation qui se renforcera avec la création des comités interprofessionnels régionaux.

Possibilité de réviser les primes à la hausse

«Nous sommes prêts à réévaluer les primes accordées aux différents intervenants et à revoir les mécanismes de soutien», poursuivra-t-il, afin d’inciter les transformateurs à intégrer le lait cru dans la fabrication du lait en sachet.

La priorité pour l’office est orientée vers le programme de développement de la production nationale. L’office a réussi à faire baisser la facture d’importation.

Après avoir importé 125 000 tonnes de poudre de lait et collecté 112 millions de litres de lait cru en 2009, l’Onil projette de réduire encore les quantités importées et augmenter aussi les volumes de lait cru collectés.

L’office incite «les opérateurs à investir dans le segment de la production nationale», a indiqué M. Djellouli. Concernant la prochaine création des comités interprofessionnels régionaux, il a expliqué qu’ils prendront la forme de pôles qui représentent 5 wilayas chacun.

Le premier objectif arrêté est de réhabiliter les bassins laitiers en plus de l’instauration d’un esprit de mutualité entre les différents intervenants. A travers ces comités, il sera possible de faire des propositions à l’Onil.

«Le plus important pour nous c’est qu’une confiance soit instaurée entre l’ensemble des intervenants.» Il a annoncé, à cette occasion, l’organisation d’une réunion des comités du pôle d’Alger et de Tizi Ouzou, juste après l’Aïd.

Et d’ajouter que les comités regroupent les différents intervenants comme les éleveurs, les collecteurs, les transformateurs, les banques, la chambre d’agriculture et de commerce et la Caisse nationale de mutualité agricole.

En signant des contrats-programmes avec les instituts relevant du secteur agricole comme l’Institut national des grandes cultures (ITGC), des programmes de formation seront assurés au profit des différents intervenants. Des objectifs de collecte sont arrêtés et une organisation est en cours de mise en place.

Aide à l’amélioration de la distribution

Concernant la distribution, l’office a exprimé sa disposition pour contribuer à l’améliorer. Les laiteries qui veulent distribuer du lait dans les autres wilayas seront appelées à informer l’Onil afin d’avoir une traçabilité. Ceci permettra d’avoir une cartographie de la distribution pour pouvoir intervenir efficacement, a-t-il expliqué.

L’Onil fera appel, dans ce contexte, aux chambres d’agriculture, de directions de commerce de wilaya afin de connaître les insuffisances dans un marché de distribution déstructuré.

D’ailleurs, c’est ce qui explique la pénurie enregistrée dernièrement dans certaines wilayas. «Nous avons un engagement de collecter 500 000 litres de lait en 2010», a-t-il souligné.

Par Karima Sebai