Hadj Nacer affirme que la dépréciation de la monnaie nationale va se poursuivre “Le dinar s’appuie seulement sur le sous-sol”

Hadj Nacer affirme que la dépréciation de la monnaie nationale va se poursuivre  “Le dinar s’appuie seulement sur le sous-sol”
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La chute du dinar algérien va se poursuivre. Après la sortie, ces derniers mois, d’économistes pour alerter sur la courbe descendante de la valeur de la monnaie nationale, c’est au tour de Abderrahmane Hadj Nacer, qui a occupé le poste de gouverneur de la Banque d’Algérie de 1989 à 1992, de livrer le verdict suivant : “Le dinar ne s’arrêtera pas de se déprécier”.

Dans une interview au journal électronique TSA et publiée hier, ce dernier a mis en évidence le lien entre la santé de la monnaie et la question de “la confiance” ou la nécessité d’“une forme de légitimation populaire”.

Selon M. Hadj Nacer, l’Algérie, qui a besoin d’investir dans sa monnaie et qui doit convertir à l’étranger “les dinars excédentaires en or, en devises ou en pierres”, n’a toujours pas réglé ses “trois problèmes”. Notre pays, a-t-il déclaré, est confronté au manque de “confiance entre la population et les dirigeants”, mais aussi entre “le reste du monde et l’Algérie”. Il a, en outre, insisté sur le fait que la valeur de la monnaie “se base sur des éléments tangibles”, alors que le dinar algérien, lui, s’appuie seulement sur “le sous-sol”, dont le prix des hydrocarbures “n’est pas déterminé par l’Algérie mais à l’étranger”.

L’ancien gouverneur de la Banque d’Algérie a enfin évoqué la dépendance “totale” de notre pays vis-à-vis de l’étranger, en affirmant que “tout ce dont on a besoin vient de l’étranger, donc la monnaie ne représente rien et n’a pas d’ancrage dans une économie réelle”. L’interviewé conviendra, néanmoins, que la chute de la valeur du dinar “est une bonne nouvelle” d’un point de vue technocratique. “Historiquement, il y a une corrélation, en Algérie, entre le prix du pétrole et les équilibres du pouvoir. À chaque fois que l’on assiste à une telle crise, on a vu un rééquilibrage de la balance en faveur de la technostructure, alliée au peuple”, a-t-il indiqué, laissant entendre que le pouvoir est aujourd’hui dans l’obligation de “négocier” et d’introduire “les réformes les plus intéressantes pour le pays”, qui rencontreront l’adhésion de la population.

LG Algérie

Ce qui ne l’empêchera pas d’observer qu’avec un régime qui “tire toute sa légitimité de l’international, alors que celui-ci exerce des pressions” et un pouvoir qui “est dans une logique de soumission”, l’Algérie, “même avec des réserves”, n’aura “plus le temps” de mener ses réformes. Plus loin, ce dernier s’est exprimé sur l’“inquiétude” des dirigeants devant l’état des lieux. “Cette fois-ci, ce qui est intéressant, c’est que le pouvoir se rend compte que la machine administrative qui faisait fonctionner le pays en période de crise est morte. Les générations appelées à gérer le pays ne sont pas assez formées, en l’absence de transmission de savoir, de techniques et d’expérience”, a-t-il relevé.

À la question de savoir si la convertibilité du dinar pose problème, M. Hadj Nacer a rappelé que dès 1990, la Banque d’Algérie “a prévu l’investissement de la convertibilité du dinar (…), en même temps que l’investissement à l’étranger”. Non sans expliquer que la convertibilité du dinar est “un instrument politique” qui oblige à rendre des comptes, sur les plans politique et technique, et qui finit par imposer “la transparence”.

Par ailleurs, il a salué les changements qu’a connus la Banque d’Algérie, plus précisément en matière d’autorisation, de l’investissement à l’étranger pour les entreprises algériennes. Il a qualifié l’initiative de “bonne chose”, mais à condition que sa mise en œuvre “soit transparente” et profite aux chefs d’entreprise qui le méritent.