Suite aux dénonciations soulevées sur la mauvaise prise en charge des hadjis cette année, le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Bouabdallah Ghlamallah, sort de ses gonds et affirme qu’il n’y a rien à reprocher aux instances relevant de son département, chargées d’accompagner les pèlerins aux Lieux Saints.
Invité hier de la Chaîne III de la radio nationale, il a souligné que l’opération hadj 2010 s’est bien déroulée dans l’ensemble et qu’il n’y a rien à reprocher à la prise en charge des 3000 pèlerins algériens. La preuve, selon lui, «c’est qu’ils (les pèlerins) sont rentrés en bonne santé. N’est-ce pas une preuve d’une bonne prise en charge ?» interroge-t-il.
Plus explicite, il ajoute : «Le seul petit problème enregistré a eu lieu le jour de wakfat Arafa, où les hadjis étaient surexcités et n’ont pas voulu attendre l’arrivée des moyens de transport que la commission algérienne a prévu pour eux, malgré que l’heure du départ ait été bien affichée dans tous les bureaux de renseignements mis en place pour les Algériens.» Et d’enchaîner :
«La défaillance a été la conséquence tout simplement du refus des pèlerins d’attendre l’heure du départ et ont préféré se déplacer plus tôt, alors que l’accomplissement du rite peut s’étaler sur 15 heures.» Il conclut : «Nous faisons face chaque année à ce genre de situation, ce n’est pas nouveau.»
Interrogé sur les espaces réservés aux pèlerins algériens, il atteste que les tentes mises à leur disposition n’étaient pas suffisantes, ce qui a engendré un certain malaise parmi les hadjis. Bouabdellah Ghlamallah annonce, dans ce cadre, qu’il sera remédié à cette lacune dès l’année prochaine, puisqu’un travail se fait dans ce sens avec les autorités saoudiennes pour trouver un consensus.
Il rappelle toutefois que le pèlerinage est une opération qui exige certaines conditions, particulièrement physiques et intellectuelles. Il estime que «les gens font une confusion entre le pèlerinage et les voyages touristiques». Selon lui, «le pèlerinage est une forme de djihad (combat) qui nécessite patience, corpulence et effort intellectuel». Or, ajoute-t-il, «la plupart des personnes qui partent sont celles dépassant la soixantaine».
Les carnets de santé des hadjis falsifiés
Dans le même sillage, il affirme que beaucoup de carnets de santé des hadjis ont été falsifiés afin de pouvoir profiter de l’opération. La plupart, selon lui, sont des personnes ayant accompli leur devoir religieux, parfois plusieurs fois, pénalisant ainsi ceux qui rêvent de faire ce voyage rituel aux Lieux Saints une fois dans leur vie. Interrogé sur les deux agences de voyages étatiques (Onat et Touring Club) ayant participé à l’opération et qui ont été rudement critiquées, M. Ghlamallah répond :
«Les défaillances des deux opérateurs publics sont connues.» Voulant mettre un terme aux spéculations, il explique : «Les capacités de chaque opérateur ne dépassent pas les 1000 hadjis, alors que l’on a autorisé à chaque agence de servir 7000 pèlerins. Le nombre des agents est également trop limité.» «C’était une opération commerciale pour eux», regrette-t-il. Il rappelle qu’une commission de suivi est en cours d’élaborer un rapport d’évaluation de l’opération 2010 et qui sera bientôt prêt.
Concernant le fonds de la zakat, il espère que l’objectif fixé, 1 milliard de centimes, soit atteint. Cependant, cet argent reste, à son avis, insuffisant pour couvrir l’aide aux personnes nécessiteuses qui ne cessent d’augmenter.
Il estime que même le paiement des travailleurs intégrés dans le filet social devrait être pris en charge par le fonds de la zakat et non par l’Etat. Il regrette ainsi la faible contribution de la population, et ce, à cause de leur manque de confiance, mais «artificielle». Le ministre considère que les «radins» arrivent toujours à trouver explication à leur manque de générosité.
La distribution du fonds de la zakat se fait, a-t-il bien voulu préciser, en toute transparence, notamment pour les crédits accordés aux jeunes gens pour la création d’entreprises. Dans ce cadre, 3000 projets ont été réalisés à l’échelle nationale. Cette année, les premiers crédits vont être octroyés aux jeunes de Aïn Defla, et ce, à partir de la semaine prochaine.
Affaire de la mosquée d’Aghribs
Rappelant que le projet de la construction de la mosquée a divisé la population du village d’Aghribs, le ministre a souligné qu’il s’agit d’un malentendu entre les habitants de cette localité et qui devrait se régler incessamment, puisque des émissaires du ministère sont sur les lieux afin d’apaiser les tensions.
Il rappelle, dans ce cadre, que 3500 mosquées en cours de réalisation sont initiées par la population. L’Etat ne peut pas interdire ce travail de bienfaisance, mais elle veille au respect du plan de l’urbanisme.
Les formations des imams
Bouabdellah Ghlamallah a souligné par ailleurs que des formations sont organisées au profit des imams. «Les imams doivent répondre à certaines exigences et suivre les nouveaux courants. Nous préparons une génération beaucoup plus formée.» Et d’ajouter : «La population algérienne évolue intellectuellement.» Ainsi, 50 imams ont bénéficié d’une bourse leur permettant d’acquérir un magistère à l’école d’El Azhar.
Ces derniers, une fois rentrés, devront à leur tour faire bénéficier leurs collègues des expériences acquises. Les formations seront organisées sous forme de regroupement pour attirer l’attention des imams par rapport aux nouveaux courants et certains fléaux de la société, notamment le sida et la drogue.
Le prosélytisme en Algérie
Interrogé sur l’impact de l’évangélisme en Algérie, le ministre estime que ces campagnes ont toujours existé en Algérie, mais de façon timide. Selon lui, c’est une action politique qui vise à créer des minorités au sein de la population pour pouvoir intervenir en leur nom en temps opportun.
Samira Azzegag