Hachoud : «Petit, j’ai connu la misère et la pauvreté»

Hachoud : «Petit, j’ai connu  la misère et la pauvreté»

Encore une fois, on tient à vous présenter nos condoléances après le décès de votre frère, Lahcen…

Merci beaucoup, c’est très aimable à vous. Je profite de l’occasion pour demander à tous ceux qui l’ont connu d’avoir une pieuse pensée pour lui.

Comment avez-vous vécu les dernières manifestations qui ont secoué plusieurs villes du pays ?

J’étais resté très attentif à ce qui se passait. C’est bien dommage de constater qu’il y a eu des dérapages. Les manifestations perdent de leur légitimité lorsqu’on se met à saccager les biens des particuliers dont nombreux sont ceux qui ont mis le travail de toute une vie pour monter une petite affaire. C’est ça qui est dommageable. On aurait pu manifester et continuer à le faire de manière pacifique, sans aller jusqu’à saccager ou piller les biens d’autrui.

On dirait que la hausse des prix et les autres revendications du peuple ne vous invoquent rien à vous les joueurs qui touchez quand même des primes faramineuses…

Je ne suis pas d’accord. Nous les joueurs sommes tous ou presque issus de familles à faibles revenus. Nous avons tous connu la misère et la pauvreté. Sans ça, vous pensez que je serais parti du domicile familial à dix-sept ans ? Cette situation nous concerne tous du moment que nous nous rendons tous au même marché pour faire nos provisions.

Devenir footballeur est-il un rêve d’enfance, un projet ou une vocation ?

C’était plus par vocation. Après, c’est vrai que ça a toujours été un rêve d’enfant. Ça s’est vite concrétisé puisque j’ai pu rejoindre, très jeune, le MCA, un club que je supportais depuis toujours. Les gens me prédisaient une carrière dans le foot. Je me souviens que beaucoup de gens venaient d’El Attaf juste pour me voir jouer. Cela me faisait plaisir.

Vous souvenez-vous de votre premier match avec les seniors ?

Et comment ! ça ne s’’oublie pas. C’était face au Widad de Attatba. J’avais seize ans. Le coach Hafid Seguir m’avait titularisé à l’occasion. On l’a emporté par un net 2-0 et j’avais marqué le premier !

Et la première prime ?

Aussi. 1 500 DA. C’était lors du même match.

Vous avez sans doute touché des primes plus importantes par la suite ?

500 000 dinars. Je les ai touchés à Bordj après notre qualification en finale de Coupe d’Algérie face à Sétif.

Vous avez débuté comme milieu offensif, qui est derrière votre replacement en latéral droit ?

C’est vrai que j’avais débuté comme milieu offensif. C’est l’entraîneur Teixeira, à Bordj, qui m’avait repositionné sur le couloir droit. A mon arrivée, il m’avait dit que j’avais le profil pour percer à ce poste. Et il avait bien raison puisque j’avais réalisé trois bonnes saisons. J’avais inscrit 22 buts et donné une dizaine de passes décisives.

Vous avez cité Teixeira, savez-vous où il est maintenant ?

Au Portugal, non ?

Non, il est directeur d’un hôtel à Luanda …

Ah bon ! Qu’est-ce qui l’a emmené là-bas ? J’ai toujours pensé qu’il exerçait au Portugal. C’était un connaisseur. Un homme qui vivait le foot. Je me souviens qu’au départ, je n’avais pas aimé ses remarques. Allez savoir pourquoi, je n’ai pas vraiment apprécié qu’il m’ait changé de registre. Mais après avoir pris en considération ses conseils, je me suis vraiment senti très à l’aise à droite. Grâce à lui, j’ai franchi un cap dans ma carrière et je ne le remercierai jamais assez.

Mais vous retrouvez votre poste de prédilection à l’Entente…

Oui, avec Zekri. Solinas aussi m’avait fait jouer quelques matchs au milieu.

Vous êtes en concurrence avec Raho sur le couloir droit, vous l’imaginiez avant ?

C’était un rêve de jouer avec lui. Je joue avec des joueurs que je ne voyais qu’à la télé. Imaginez donc un peu ma joie de jouer aujourd’hui avec des stars. Je me souviens qu’avant, je m’asseyais chez moi à Al Attaf sur le trottoir, pour voir passer le bus du Mouloudia.

On dit que vous êtes très proche de Chaouchi, comment le définissez-vous ?

Un type super sympa. J’ai appris à le connaître à l’Entente et, depuis, on est devenus inséparables. On passe beaucoup de temps ensemble. Sincèrement, je suis étonné par toutes les méchancetés qu’on raconte sur lui, parce que j’ai découvert un tout autre homme que celui qu’on nous sert dans la presse.

Quels sont vos plus proches amis dans le football ?

J’en ai plusieurs, Bitam, Koudri…

Qu’est-ce qui a manqué à l’Entente pour être sacrée championne d’Afrique ?

Un peu de chance, c’est tout. Parce que je ne pense pas qu’il y ait eu faillite du point de vue stratégique. La direction a mis les moyens qu’il faut. Nous avions quand même un groupe de qualité. Le choix des entraîneurs aussi était judicieux. Après, il y a des impondérables qu’on n’a pas su gérer. C’est ça à mon avis qui a fait qu’on n’ait pas réussi à atteindre un niveau supérieur lors de la compétition.

Quel est votre meilleur souvenir ?

Il y en a plusieurs. Je vous citerai, deux…trois ou plutôt quatre ! Ma réussite dans le métier, mon transfert au MCA, la finale de la Coupe d’Algérie jouée avec Bordj. Et enfin mon transfert à l’Entente.

Et le pire ?

En fait, tout est lié au mektoub.

Possédez-vous une voiture ?

Oui.

Quelle marque ?

Golf 6.

Qu’est-ce qui a motivé ce choix ?

J’aime bien les belles voitures.

La vitesse aussi ?

Oui, j’avoue. (Rires).

Combien de fois vous a-t-on retiré le permis ?

Deux fois !

Faites-vous jouer votre notoriété pour gagner la sympathie d’un policier en cas d’infraction ?

Non, jamais.

Comment était votre enfance ?

Difficile. J’ai connu la faim et la misère comme  beaucoup d’Algériens. J’ai vécu à la cité universitaire Taleb-Abderrahmane de Ben Aknoun étant donné que je n’avais pas où loger. J’avais collectionné les petits boulots. J’ai tenu un étal de cigarettes. J’ai vendu du jus et des cacahuètes au marché d’El Attaf. Je ne m’en cache pas.

Avec qui aimeriez-vous partir en vacances ?

Chaouchi et Bitam.

A l’opposé, avec qui ne partiriez-vous pas ?

Avec mon entraîneur. Je ne pense pas que je me sentirai à l’aise.

Avec quel joueur aimeriez-vous jouer un jour ?

J’en n’ai pas un en particulier. Je joue à Sétif avec la crème du football national.

Vous êtes plutôt mer ou montagne ?

J’aime bien la mer.

Avez-vous un compte Facebook ?

Oui.

Vous y êtes accro ?

Non, pas du tout. Je ne reste pas plus d’une heure devant le micro.

Avez-vous eu des contacts de l’étranger ?

J’ai eu quelques touches, mais ça n’a jamais dépassé le stade de l’intérêt. Ce sont en fait des managers qui me proposent des clubs. J’ai eu, certes, un contact de Dijon. Ils m’ont contacté plusieurs fois, mais j’ai préféré l’Entente, car à mon avis, le niveau est pratiquement le même.

On dit que vous êtes le chouchou de Serrar, c’est vrai ça ?

C’est de loin le meilleur président d’Algérie. Je ne dis pas ça parce qu’il est mon président, mais c’est la réalité. J’espère qu’il restera longtemps parce qu’il a le vécu et les compétences.

La nature chez un homme ?

Qu’il se comporte en homme tout simplement.

Chez la femme ?

La fidélité.

On sait que vous êtes en relation avec une fille de Batna, c’est pour quand le mariage ?

Bientôt.

L’attaquant le plus dur à marquer ?

Derrag incontestablement. Ce gars est pétri de qualités. Tu ne sais pas ce qu’il peut te sortir lorsque tu l’as en face.

Combien de penaltys avez-vous concédés ?

Un seul. C’était avec Bordj. On jouait la JSK.

Quel est, selon vous, le meilleur arbitre ?

Amalou !

Barça ou Real ?

Real.

Comment avez-vous accueilli votre sélection au CHAN ?

Sincèrement, je ne m’y attendais pas.

Jeans-baskets ou costume-cravate ?

Les deux. C’est selon les occasions.

Niveau d’études ?

Deuxième année secondaire.

La matière que vous maîtrisiez le plus ?

La littérature arabe.

Votre acteur préféré ?

El Hadj Lakhdar.

A qui voudriez-vous demander pardon ?

A Aktouf.

Etes-vous de nature à veiller beaucoup la nuit ?

Oui, beaucoup. Je ne dors jamais avant minuit. C’est comme ça depuis toujours.