Le Temps d’Algérie : Le rapport de la CNCPPDH sur les droits de l’homme vient de rouvrir le dossier des disparus. Quel est votre avis ?
Hacène Ferhati : C’est une preuve que le dossier n’est pas clos comme cela a été affirmé par certains dont le président de la Commission, Farouk Ksentini lui-même. Nous tenons toujours à la vérité, à la justice et à la vraie réparation. Le fait que le rapport de cette commission, qui dépend de la présidence, évoque la question est déjà une bonne chose pour nous qui nous battons depuis presque dix-huit ans pour cette cause. Maintenant, on est en droit de se demander de quelle crédibilité peut se prévaloir la commission toute en espérant que le contenu de ce rapport sera suivi d’effet, surtout qu’il appelle à l’instauration d’un dialogue entre les pouvoirs publics et les familles des disparus.
Justement, le rapport plaide pour le dialogue. Etes-vous prêts à engager ce dialogue avec les pouvoirs publics ?
Nous n’avons jamais dit que nous sommes contre le dialogue. Nous avons toujours demandé un dialogue sérieux autour de cette question. Il faut savoir que des centaines de familles de disparus se battent depuis des années pour savoir la vérité sur le sort de leurs proches. Certains sont malades et même très malades. D’autres ont déjà quitté ce monde sans savoir la vérité qu’on ne cessera jamais de chercher.
On espère qu’en 2016, en lisant ce rapport, on va ouvrir une brèche pour dialoguer sur la question. Mais il appartient aux pouvoirs publics, qui détiennent le pouvoir de décision, d’ouvrir ce dialogue avec les familles des victimes. Sur ce point, le rapport peut constituer, s’il est suivi d’effet, une formidable avancée pour cette question. Le fait de relever que le dossier n’était pas clos est déjà un acquis. Le discours développé dans le rapport est beau, mais encore faut-il qu’il soit suivi d’effet.
La CNCPPDH a exprimé également son soutien aux familles des disparus dans la quête de vérité. Comment appréciez-vous cela ?
Cela nous étonne au même titre qu’il nous conforte d’autant plus que le dialogue avec cette commission s’est arrêté en 2010. Notre objectif final est de savoir la vérité sur le sort de nos proches disparus. Nous croyons toujours qu’il y a des survivants et nous ne cesserons jamais de les chercher. Notre espoir est qu’il n’y aurait plus aucun disparu dans notre pays; parce qu’il faut être vraiment un parent pour mesurer à juste titre la souffrance que nous endurons depuis le moment fatidique où la disparition a été annoncée.
Je profite de cette tribune pour appeler les pouvoirs publics à ouvrir un dialogue sérieux, car il s’agit d’une lourde responsabilité qui leur incombe, celle de nous livrer la vérité. Ils en ont les moyens.