Le premier vice-président de l’Assemblée populaire de wilaya (APW) de Annaba, Hacène Fellah, élu sur une liste RND, et qui se trouve être l’un des plus grands magnats en Algérie de la récupération de ferraille, se trouve depuis hier, selon des sources sûres, dans les locaux du Centre territorial de recherche et d’investigation (CTRI) d’El Hadjar, une structure dépendant du ministère de la Défense nationale. Monsieur Fellah qui est également président d’honneur du club de football local, l’USM Annaba, est soupçonné de blanchiment d’argent, d’avoir recouru à la corruption pour briguer un haut poste politique, d’enrichissement illicite et trafic d’influence.
Vers 10h, un impressionnant dispositif de sécurité a commencé par boucler le siège de la wilaya où se trouvent les bureaux de Hacène Fellah. Des hommes encagoulés et armés de l’unité du CTRI ont par la suite procédé à une perquisition dans le luxueux bureau de M. Fellah. Il s’agit de la plus spectaculaire arrestation opérée ces dernières années dans la région. Une opération, qui plus, est menée par les éléments du CTRI qui est, rappelle-t-on, un organisme rattaché au département du renseignement et de la sécurité (DRS). Celle-ci intervient quelques jours après celle qui a concerné les 2 gestionnaires indiens de Grant Smithy Work’s (GSW), une entreprise spécialisée également dans la récupération de ferraille.
Cette opération « mains propres » est, selon nos sources, la première d’une série qui entre dans le cadre de la lutte contre la corruption prônée par le président Bouteflika. Le mis en cause – qui est également le président de l’association d’insertion des détenus – est actuellement interrogé des enquêteurs à la compétence reconnue du CTRI implanté à El Hadjar. Hier à Annaba, une inquiétude a envahi certains milieux d’affaires. Cela, d’autant plus, indique-t-on, que plusieurs personnalités et affairistes influentes dans la wilaya risquent fort bien d’être convoqués prochainement par les enquêteurs du CTRI d’El Hadjar. Et parmi eux figureraient encore de hauts cadres de l’entreprise sidérurgique ArcelorMittal El-Hadjar.
La corrélation entre cette arrestation et l’affaire de GSW semble être établie. Tout est étroitement lié et mène au complexe sidérurgique d’ArcelorMittal, au sein duquel, les barons de la ferraille se livrent une véritable guerre. Les cadres complices pour les uns et réfractaires pour les autres seront appelés, dans le cadre de cette opération, à livrer leurs impressions. Dans le lot des cadres présumés impliqués émerge le nom du directeur de Fersid, une unité d’ArcelorMittal chargée de la réception de la ferraille livrée par les services de GSW pour les besoins du complexe. Vraisemblablement, la sœur du n°2 du complexe (lequel a été éloigné à Alger au grand bonheur des jeunes cadres), sera également sollicitée de par sa relation avec l’entreprise du mis en cause. Shree Kumar qui a pris la poudre d’escampette laissant derrière lui une dette de 1,2 milliard de dinars auprès d’ArcelorMittal et près de 260 millions vis-à-vis du fisc dont l’affaire sera, selon les mêmes sources, remise également sur la table par les enquêteurs. A signaler que l’évolution de la situation a suscité le soulagement et la joie parmi les travailleurs d’ArcelorMittal.