Si le fichier national de ceux qui ont bénéficié de logements dans le cadre des différents dispositifs (logement social, logement social participatif, logement rural…) a été établi et est consulté avant chaque affichage de listes des nouveaux bénéficiaires pour empêcher que certains se fassent attribuer, par des moyens détournés, de nouveaux logements, il n’en est rien en ce qui concerne les postulants au logement.
Pour combler cette importante lacune, le ministère de l’Habitat vient de lancer une opération qui concerne toutes les communes, daïras et wilayas du pays, en vue de la constitution d’une base de données qui permettra de «voir plus clair» dans ce lourd dossier et servira à asseoir une politique du logement plus rationnelle. Une sorte de feuille de route pour faire l’économie des gaspillages, éviter l’injection de programmes sur la base de subjectivités et permettre d’injecter des programmes de logements non selon la débrouille ou à la tête du responsable local, mais en fonction de paramètres objectifs. Ce fichier permettra aussi d’identifier les vrais demandeurs éligibles, les multiples demandes déposées en plusieurs points, communes, daïras, voire même wilayas, par un même demandeur pour contourner les critères d’attribution. C’est ce qu’a expliqué, en substance, Benhadj Aïssa, directeur central au ministère de l’Habitat, lors du séminaire organisé à Aïn Defla qui a réuni, mercredi dernier, les responsables de son secteur et les responsables administratifs des wilayas de Chlef, Tipasa, Tissemsilt et Aïn Defla. Le représentant du ministre de l’Habitat a donné d’autres précisions relatives aux capacités de construction de logements qui restent limitées à la réalisation de 80 000 unités par an en moyenne alors que les besoins à réaliser annuellement sont de l’ordre de 250 000 et qu’il faut réaliser quelque 1 200 000 logements à la fin 2014.
Par ailleurs, et eu égard à la demande sans cesse croissante et aux tensions qui se manifestent ici et là, l’Etat s’est retrouvé contraint de faire appel à de grandes entreprises étrangères (turques, françaises, espagnoles, italiennes, entre autres) pour combler le déficit, d’une part, et permettre à nos cadres de se former aux nouvelles techniques et technologies de construction et développer ainsi nos capacités de réalisation, d’autre part. Un volet de ce séminaire a porté sur l’aspect technique pour la réalisation de ce fichier, notamment sur le plan informatique.
Les fichiers de daïra vont servir de base à la constitution du fichier de wilaya et les fichiers de chaque wilaya constitueront l’ossature du fichier national. Par ailleurs, le chargé du département informatique au ministère de l’Habitat a donné toute une série de précisions sur les modalités d’utilisation du logiciel mis à la disposition des services du logement des daïras. Parmi ces précisions, il en est une importante, sur laquelle le responsable a mis l’accent et qui concerne la traçabilité des opérations. Chaque opérateur aura son propre pass-word, et toutes les opérations qu’il entreprendra seront consignées dans un fichier historique crypté. Ainsi, personne ne pourra changer une donnée sans laisser sa signature informatique.
Benhadj Aïssa, après avoir fait un tour de table pour s’enquérir du taux des travaux de constitution de ce fichier, évalué entre 50 et 70%, a fixé une date butoir pour la transmission des fichiers constitués à la wilaya pour le 18 mars prochain et les wilayas auront à transmettre au ministère leurs fichiers au plus tard deux jours après, soit le 20 mars. «Ce fichier, une fois constitué, nous permettra de cibler les zones qui accusent un véritable déficit en logements, de nous indiquer quels types de programmes à injecter et de ne plus construire pour construire», nous a confié le représentant du ministre. Au sujet de ces dates, certains participants nous ont confié en marge des travaux de ce séminaire qu’elles relèvent de la gageure, eu égard aux moyens mis à leur disposition et surtout aux difficultés de translation des données de l’arabe au français et les nombreuses transcriptions erronées qui peuvent fausser les données
Karim O.