«J’ai l’impression que nous sommes tous décidés à sortir la Guinée de cet espèce de ’’Moyen âge’’ qui a freiné les énergies, pour que le pays soit en fin de compte dirigé dans un cadre constitutionnel», a déclaré M. Doré aux médias d’Etat.
Ce sont les premières paroles émises par l’opposant guinéen, Jean-Marie Doré, qui a été désigné hier, mardi, Premier ministre pour une délicate transition en Guinée. Une désignation qui marque, sans doute, une étape importante peu après la signature d’un accord de sortie de crise prévoyant une élection présidentielle «dans six mois» pour un retour des civils au pouvoir.
«Le général Sékouba Konaté (président de transition) et le président Moussa Dadis Camara (chef de la junte) ont pris, d’un commun accord, la décision de choisir Jean-Marie Doré comme Premier ministre pour gérer la transition», a indiqué une source proche de la junte.
Agé de 71 ans, M. Doré est président de l’Union pour le progrès de la Guinée (UPG, opposition) et porte-parole des Forces vives, une coalition de partis politiques, syndicats et associations opposés au régime militaire. M. Doré avait été blessé pendant la répression sanglante d’une manifestation de l’opposition, ayant fait plus de 150 morts le 28 septembre à Conakry. Selon une source proche de la junte, un poste de vice-Premier ministre a par ailleurs été attribué à la dirigeante syndicale Rabiatou Sérah Diallo, ainsi qu’au numéro 2 de la junte, le général Mamadouba Toto Camara.
Mais une certaine confusion à ce sujet s’est installée au fil de la journée. Idrissa Chérif, chargé de communication du président de la transition, a affirmé à l’AFP que, finalement, «le poste de vice-Premier ministre n’avait pas été retenu». Cela ne fait pas partie des propositions du facilitateur (burkinabè Blaise Compaoré) et on ne veut pas créer des problèmes au Premier ministre», a-t-il assuré. La dirigeante syndicale a pourtant confirmé sa nomination mardi :
«J’ai reçu l’information ce matin de Ouagadougou de la part des proches du général Konaté. Je l’ai entendue sur les radios internationales comme tout le monde.
Mais j’attends que le général rentre pour qu’on éclaircisse tout cela». Dans la soirée, une impressionnante parade militaire a marqué l’arrivée à l’aéroport de Conakry du général Sékouba Konaté, de retour de Ouagadougou, où il avait signé le 15 janvier un accord avec le chef de la junte, prévoyant notamment un maintien «en convalescence» à l’étranger du capitaine Camara.
Peu après sa descente d’avion, le nouveau n°1 guinéen a publiquement donné l’accolade à Jean-Marie Doré et Rabiatou Sérah Diallo. Selon un reportage de la télévision d’Etat guinéenne, l’hymne national a résonné et les couleurs nationales ont été hissées. Le général a ensuite serré les mains des membres du gouvernement sortant et des nombreux diplomates présents, sans faire de discours.
R. I. / AFP