«Guerre et paix» pour Obama, Prix Nobel de la paix 2009

«Guerre et paix» pour Obama, Prix Nobel de la paix 2009

«Ces hommes entraînés par la passion étaient les exécuteurs aveugles d’une triste nécessité, mais ils se considéraient comme des héros et s’imaginaient que ce qu’ils avaient accompli était la chose la plus digne et la plus noble.»

Dans son mythique «Guerre et Paix», Léon Tolstoï traite de la guerre et des misères qu’elle engendre afin de mieux faire passer son message utopiste, certes, mais si beau et qui prône le pacifisme et la non-violence…

En recevant à Oslo son prix Nobel de la Paix, si controversé outre Atlantique, Barak Obama affirme vouloir défendre ce qu’il appelle «les guerres justes», comme si ce concept pouvait exister… en dehors des «révolutions» et autres «insurrections» populaires, seules «guerres légitimes» admises pour se libérer des oppressions et de l’esclavage que certains peuples endurent injustement par la force et l’occupation.

Gratitude et humilité, certes, mais…

Un prix Nobel de la paix, accepté avec «une profonde gratitude et humilité», à un moment où le Président américain qui mène de front deux guerres à des milliers de kilomètres de son pays, ne peut que surprendre… La polémique qui a entouré l’attribution de ce prix Nobel 2009 et entaché depuis, la vénérable institution norvégienne se poursuit même si Obama a tenu à souligner que «d’autres candidats étaient peut-être plus méritants».

Le fait est qu’aujourd’hui le prix Nobel de la paix 2009 vient d’engager 30 000 hommes de plus en Afghanistan parce que, se justifie-t-il : «La guerre est parfois un mal nécessaire. Les instruments de la guerre ont un rôle à jouer afin de préserver la paix».

Obama s’est également senti obligé d’expliquer que «le recours à la force est parfois justifié, notamment pour des raisons humanitaires», évoquant dans la foulée le cas d’El-Qaïda où aucune négociation ne permettrait de pacifier la situation selon lui…

L’Iran toujours en point de mire…

Le locataire de la Maison-Blanche, emporté par ses explications guerrières, a poursuivi en affirmant : «On ne peut permettre à l’Iran et à la Corée du Nord, dont les ambitions nucléaires inquiètent le monde, de ruser avec le système.» Il est même allé plus loin pour faire le tour de la planète et souligner que «des sanctions doivent également être décidées contre le Soudan et la Birmanie lorsqu’ils violent les droits de l’homme de leur population.»

Ce discours d’Oslo aux forts relents guerriers était sans doute inopportun pour l’occasion et Obama aurait gagné à parler davantage de paix et prendre exemple sur Tolstoï quand il évoque la guerre. Mais ce faisant, le locataire de la Maison-Blanche s’adressait surtout à ses concitoyens pour mieux faire passer à travers l’opinion américaine la poursuite de ces deux guerres en Irak et en Afghanistan.

Exercice réussi si l’on en croit les échos qui parviennent des Etats-Unis et où, à l’unanimité, la presse américaine fait l’éloge d’Obama. Mieux : la politique étrangère américaine, affirme-t-on outre-Atlantique, c’est d’abord un combat du «Bien» contre le «Mal». D’où cette adhésion aux fameuses «guerres justes» évoquées par le premier magistrat américain.

La guerre du Bien contre le Mal ?

Les Américains sont persuadés que leur «exemple peut faire reculer la tyrannie dans le monde», et que «l’armée des Etats-Unis doit être la force qui fait avancer le bien et qui protège les droits de l’homme».

A l’évidence, Obama vient de réussir un grand coup médiatique vis-à-vis de ses concitoyens.

Il reste que la réalité du terrain est tout autre et que les 30 000 jeunes Américains, que rejoindront 5000 autres jeunes européens et qui seront jetés en pâture aux féroces combattants pachtounes, n’ont pas cherché cette guerre.

Il fallait donc bien justifier leur sacrifice et préparer les mamans américaines et européennes à accueillir régulièrement des cercueils, tant il est vrai que beaucoup de ces jeunes qui ne savent même pas où se situe l’Irak ou l’Afghanistan, y mourront.

Et les palestiniens dans tout ça ?

Pour quelle cause ? Celle de la paix, de la guerre du Bien contre le mal ? L’ombre de Bush et des va-t’en guerre qui l’ont précédé rattrape étrangement Obama, Prix Nobel de la Paix 2009. Le monde a cru un instant qu’Obama allait comprendre les causes justes et discerner entre le  » Bien et le Mal ». A en croire son discours d’Oslo, à voir ses nouveaux engagements en terre musulmane, et malgré tous ses appels et ses mains tendues, nous restons sceptiques quant à son désir de paix. Car sinon pourquoi n’a-t-il même pas évoqué le calvaire des Palestiniens et autres damnés de la terre ?

Parce que le Congrès américain est toujours, grâce à l’APAIC – le groupe de pression visant à soutenir Israël en particulier dans son conflit avec les États arabes de la région ainsi que l’idéologie sioniste – sous influence sioniste ? Obama a raison, il faut parfois faire la guerre pour obtenir la paix. C’est ce que les Algériens ont fait pendant sept ans et probablement ce que devront faire les pays arabes s’ils veulent libérer la Palestine. Mais ça c’est encore une autre histoire…

Par A. Mizrana