Guerre des sondages : Les armes secrètes

Guerre des sondages : Les armes secrètes

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la guerre des sondages entre les forces politiques en présence à l’occasion de ces législatives est loin d’être apparente. Elle a lieu sur d’autres terrains moins éclairés. Entre le FLN, le RND et les partis de la mouvance islamiste, c’est le silence feutré quant aux intentions de vote des électeurs.

Il est vrai que, lors des différents meetings qui ont eu lieu, les leaders politiques n’en finissent pas de clamer à ceux qui veulent bien les croire qu’ils seront les grands vainqueurs de ces législatives et qu’ils seront les maîtres dans le prochain gouvernement.



A part Belkhadem, qui s’est aventuré à pronostiquer un chiffre sur la victoire de son parti bien avant le début de la campagne, avec 140 sièges, alors qu’il a accordé aux islamistes, toutes tendances confondues, quelque 40 % des sièges. Il a été pratiquement le seul à avancer des chiffres, provoquant d’ailleurs une levée de boucliers dans l’opposition. Personne ne sait comment il a obtenu ces chiffres et personne ne sait encore sur quel sondage (interne ou autre) il s’est appuyé.

Cependant, les observateurs savent que les partis politiques, parmi les plus grands, ne lésinent pas sur les moyens pour lancer des sondages d’opinion. Ces sondages réalisés par des militants, sont un échantillonnage qui permettra d’apporter un éclairage aux états-majors des partis. Il est vrai que d’autres boîtes spécialisées pourraient le faire pour le compte de clients anonymes. Mais le phénomène le plus surprenant ces dernières années est le foisonnement des sondages électroniques, à travers surtout des sites.

Et la simple lecture de ces sondages donne des résultats toujours contradictoires. C’est ainsi qu’un quotidien (islamo-conservateur) a fait ressortir une victoire écrasante de l’Alliance verte avec un taux de 38 %, suivie du FLN avec seulement un peu plus de 7 % des voix. Un autre périodique a donné l’Alliance verte le FLN et le RND avec 2 % de voix, loin derrière.

Au niveau des directions des partis, on ne préfère accorder aucune importance à ces sondages.

«C’est de la propagande déguisée», «des sondages-bidons» ou carrément «des coups médiatiques pour vendre», entend-on dire ça et là. Et les qualificatifs varient selon la famille politique. De proches collaborateurs des chefs de partis, interrogés sur cette question, estiment que les «sondages manquent de rigueur scientifique et sont victimes de précipitation ou sont faits sur la base de questionnaires sans méthodologie».

Pour eux, «ces sondages ne sont point une référence ou un sérieux instrument pour changer de discours et cibler d’autres catégories d’électorat». En fait, les partis ne se sentent guère obligés de commander des sondages, misant plutôt sur l’action de proximité des militants.

Les mêmes sources soulignent que «l’électorat est volatile dans sa grande majorité. 20 % seulement votent pour un programme ou un sigle, alors que le reste le fait suivant la tête des candidats, en fonction de leur éloquence, charisme, tribu ou âarch».

Mais si les sondages sont inutiles pour les partis politiques, comment Belkhadem a-t-il osé clamer sa victoire en avançant des chiffres ? Même Soltani, le chef de file de l’Alliance verte semble très optimiste ces derniers jours, même s’il s’est refusé au moindre pronostic. De même pour Djaballah, qui se refuse à avancer le moindre chiffre.

Alors qui croire ? Selon certaines sources, Belkhadem tire son optimisme d’un sondage qu’il a commandé sans prendre l’avis de ses collègues du bureau politique. Et que révèle le sondage en question ?

Un sondage, pour rappel, qui place le FLN en tête, suivi du RND, de l’Alliance verte, du parti de Djaballah, de celui de Menasra, du FFS et enfin du Parti des travailleurs. Nos sources n’en disent pas plus, mais assurent qu’il n’y a rien de plus sérieux et de plus rigoureux que ce sondage et que l’avenir ne pourra que le confirmer.

H. Rabah