L’Algérie et le Maroc ont livré un autre «match» en France, pas de football mais celui des élections du Conseil français du culte musulman. Il a été aussi gagné par le pays de Mohamed VI. Les élections ont été remportées par le rassemblement musulman de France, présenté comme étant «composé essentiellement de musulmans d’origine marocaine».
Le docteur Dalil Boubakeur, algérien, recteur de la grande mosquée de Paris de 2003 à 2008, a rendu publique quelques heures après l’annonce des résultats, un communiqué dans lequel il a qualifié cette élection d’«illégitime». L’ancien recteur de la grande mosquée de Paris faisait allusion à la norme de la superficie des mosquées décidant le nombre de voix pour chacun de ces lieux de culte.
«Les élections ne peuvent en aucune forme représenter l’ensemble des musulmans de France, puisque deux grandes institutions, la grande mosquée de Paris et l’Union des organisations musulmanes, en plus de la mosquée de Lyon, les ont boycottées, à cause des fausses bases sur lesquelles elles ont eu lieu», a-t-il dit. Le Conseil français du culte musulman est présenté comme étant composé de trois courants qui tirent chacun de son côté.
Le premier est dit proche de l’Algérie, à l’image de la grande mosquée de Paris, le deuxième proche du Maroc, à l’image du rassemblement musulman de France, et le troisième présenté, jusqu’à récemment, comme étant «plus radical» pour ce qui est du domaine social et de la manière de se comporter avec les autorités, et serait proche de la pensée des «frères musulmans»
Les élections du Conseil français du culte musulman ont pris, depuis quelque temps, un caractère politique avec notamment les tentatives marocaines de diriger cette institution pour des besoins non moins politiques. L’Algérie perdait, à cause de jeux politiciens, la direction d’institutions religieuses en France, contre toute logique puisque la plus grande partie des musulmans de France sont d’origine algérienne.
La non-participation à ces élections de deux grandes institutions religieuses musulmanes de France, représentant un grand nombre de musulmans, enlève, selon l’ancien recteur de la grande mosquée de Paris, à ces élections la légitimité de la représentativité.
Par Mounir Abi