« L’État va frapper de main de fer contre les importateurs de pièces de rechange automobiles contrefaites », a averti hier le ministre du Commerce, en réunissant hier au siège de l’Agence nationale pour la promotion des explorations (Algex) les concessionnaires et tous les intervenants dans le contrôle des produits importés. Le département du Commerce veut ainsi associer et se faire aider par les concessionnaires dans la lutte contre ce phénomène qui prend de l’ampleur en Algérie.
Selon une représentante du ministère du Commerce, en 2008 plus de 44 256 tonnes de pièces de rechange ont été importées pour une valeur de 291 millions de dollars. Environ 1 316 tonnes ont été bloquées par les services de contrôle pour défaut d’étiquetage, anonymat, absence de marque… pour une valeur de 5,6 millions de dollars. 80% des importations proviennent de Chine, de France, d’Italie et d’Allemagne. « Mais la Chine occupe la première place », souligne la représentante du ministère du Commerce, alors que la grande partie des véhicules commercialisés en Algérie est importée d’Europe. « Il y a lieu de se poser des questions », souligne-t-elle. Du coup, le ministère du Commerce veut sévir contre ce qu’il a qualifié de « charlatans » et dans cette lutte contre la contrefaçon, la coopération avec les concessionnaires est indispensable. Le ministre évoque une feuille de route à établir avec l’apport des concessionnaires pour mettre fin à ce phénomène, qui de l’avis de M. Yahiaoui, directeur général de la réglementation au ministère du Commerce, est à l’origine d’accidents de la circulation mortels. « À partir d’aujourd’hui toutes les pièces de rechange importées des pays où l’usine n’existe pas seront automatiquement saisies et détruites », a indiqué M. El-Hachemi Djaâboub, qualifiant la contrefaçon de « crime ».
Le président de l’Association des concessionnaires automobiles d’Algérie (AC2A), qui regroupe 35 concessionnaires, qui s’est engagé à accompagner les pouvoirs publics dans cette lutte en sont eux-mêmes victimes, affirme que les pièces de rechange proviennent essentiellement des pays du Sud-Est-asiatique. « Des produits algériens, dont les copies sont parfois fabriquées à l’étranger, sont introduites sur le territoire algérien à des prix plus bas que le produit local », se désole M. Mohamed Bairi, précisant qu’aucun constructeur ne viendrait investir en Algérie si le marché n’est pas assaini. M. Mohamed Bairi estime que le marché algérien, en raison de la baisse du pouvoir d’achat du citoyen, est passé d’un marché de qualité à celui de prix. « 80% du marché de réparation sont tenus par des indépendants qui s’approvisionnent sur le marché informel », a relevé le président de l’Association des concessionnaires automobiles d’Algérie. Malgré l’existence d’un arsenal juridique et législatif, très contraignant, dont certains textes remontent à 2005, le marché algérien est inondé de produits contrefaits. Le ministère du Commerce se veut déterminé à mettre les bouchées doubles pour assainir le marché. « Le contrôle sera désormais très rigoureux avec des moyens humains plus importants et une meilleure organisation des différents services », souligne M. Djaâboub. Notre pays se doit de respecter les engagements internationaux qu’il a signés, en matière de respect de la propriété industrielle et intellectuelle.