Guerre de libération: Ces artistes qui ont pris les armes

Guerre de libération: Ces artistes qui ont pris les armes

Durant la guerre, des artistes ont défendu l’Algérie contre le colonialisme français. Certains ont eu la chance de faire partie de la troupe du FLN mais, à cette époque, beaucoup n’ont pas eu cette chance, car ils étaient au maquis ou en prison.

 

Alors qu’on fête le 55e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie, on devrait rendre hommage aux artistes qui ont rejoint la troupe du FLN que dirigeait le militant et homme de théâtre Mustapha Kateb. Il est à rappeler qu’à l’époque de la création de cette troupe, beaucoup de nos artistes n’ont pu joindre cette troupe car ils étaient au maquis, en prison ou dans les camps de concentration. Toutefois, vu qu’on était en guerre, Mustapha Kateb ne pouvait contacter tous les artistes de l’époque. Parmi les révolutionnaires qui n’avaient pas rejoint la troupe du FLN, il y avait Hassan Hassani et son compère de scène et ami Tayeb Abou El Hassan. Ce dernier, qui n’a pas eu le droit à l’hommage qu’il mérite ni en tant qu’artiste ni en tant que révolutionnaire, avait planifié et participé à la plupart des attentats qui ont eu lieu entre le square Port-Saïd (ex-Bresson) et le Hamma à Belouizdad. Après être passés par le centre de tri de Beni Messous, ces deux grands comédiens ont séjourné dans plusieurs camps de concentration, notamment ceux de Bossuet et de Paul Cazelles. D’autres artistes tels que Rachid Berkani et Mahboub Stambouli étaient à leurs côtés au niveau de ces camps. Le chanteur et virtuose de la guitare, Mohamed El Badji, était également un grand révolutionnaire. Il fut condamné à mort et ne sortit de la prison de Serkadji qu’après l’annonce du cessez-le-feu. Ali Maâchi a, de son côté, été exécuté et pendu sur la place publique de Tiaret qui porte aujourd’hui son nom. Le réalisateur Amar Laskri était un moudjahid ayant pris le maquis, d’où la réussite de ses films puisqu’il sentait ce qu’il filmait et l’avait vécu. Le comédien et fantaisiste était également un maquisard durant la Révolution armée. Madjid Réda qui était parmi les premiers animateurs d’émissions à la radio aux côtés de son frère Habib était tombé au champ d’honneur les armes à la main. C’est le même cas pour l’artiste Rachid Bachtobdji, le frère de Kaddour. Les deux frères avaient déjà au début des années 1940, fait partie de la troupe Reda Bey que finançait le PPA-MTLD. Il faut rappeler également que le grand comique et moudjahid Mohamed Touri est mort suite aux tortures qu’il avait subies lors de son incarcération par les soldats français.

Des femmes ont pris les armes

De son côté, la chanteuse Fadhila Dzirya avait été emprisonnée à Serkadji pour ses activités au sein de l’OCFLN, notamment pour collecte de fonds pour la Révolution. La comédienne et moudjahida Chafia Boudraâ (Lla âyni) avait choisi de monter au maquis. Epouse du commandant et chahid Salah Boudraâ, elle avait pris les armes au Djebel pour lutter contre les soldats français. Pour ce qui est de la littérature, on ne devrait pas oublier des hommes de lettres tels que Moufdi Zakaria, l’auteur du chant national Qassaman, qui est également passé par Serkadji, et Miryam Ben, qui a été condamnée pour 20 ans de travaux forcés.

La lutte en France

Pour rappel, nos artistes qui se trouvaient en europe, notamment en France, ont activé au sein de la Fédération de France. C’est le cas d’Akli Yahiatène qui a été mis en prison à deux reprises en France. D’ailleurs, c’est en prison qu’il avait écrit son grand succès Yal Menfi. L’autre chanteur, Saïd Bestandji, alias Hassan Badri, était recherché par les polices de France de 1949 à 1962. D’ailleurs, un commissaire français lui avait adressé un message par le biais d’intermédiaires, l’invitant en France pour lui montrer les astuces et les cachettes qu’utilisait ce chef de zone de la Fédération de France du FLN durant toute cette période où il était recherché.

Dans toutes les villes d’Algérie, des artistes ont pris les armes ou lutté d’une façon ou d’une autre contre le colonialisme français, mais il est regrettable aussi que durant la même période d’autres collaboraient avec le 2e Bureau ou prenaient plaisir à se réunir avec les officiers français pour dénoncer leurs fréres, mais les traîtres – qu’ils soient démasqués ou non – ont toujours existé dans toutes les guerres. Heureusement qu’en Algérie, ils étaient moins nombreux que les révolutionnaires.