En visite à Nice vendredi, Nicolas Sarkozy doit prononcer un discours sur les harkis et les rapatriés d’Algérie. Ces derniers lui reprochent de ne pas avoir tenu ses promesses de 2007 concernant la reconnaissance par la France de leur abandon et des massacres qui ont marqué le conflit. Mais dans une interview à Nice Matin, le président-candidat argue que Paris ne peut pas « se repentir ».
La visite a tout de l’opération séduction. Alors que le 50ème anniversaire des accords d’Evian sera commémoré le 18 mars prochain, Nicolas Sarkozy se rend à Nice vendredi pour rencontrer les rapatriés et les harkis de la guerre d’Algérie. Or, le vote des rapatriés, largement acquis à la droite de l’échiquier politique, pourrait bien basculer en faveur du Front national. Ces pieds-noirs, à l’instar des harkis, reprochent au président-candidat de ne pas avoir tenu ses promesses de 2007. A ce moment-là, Nicolas Sarkozy avait assuré qu’il reconnaîtrait « officiellement la responsabilité de la France dans l’abandon et le massacre des harkis » lors de son quinquennat. Mais dans une interview à Nice Matin, il a martelé que Paris ne pouvait pas « se repentir d’avoir conduit » la guerre d’Algérie.
Certes, Nicolas Sarkozy rappelle qu’il y a bien eu « des abus ». Il souligne que « des atrocités ont été commises de part et d’autre ». Reste que si celles-ci « ont été et doivent être condamnées », le président-candidat s’interroge : « Mais où est la responsabilité de la France? D’avoir été une puissance coloniale, ou d’avoir accepté un processus de décolonisation en Algérie comme toutes les puissances coloniales ont, partout, été contraintes de le faire? » En conséquence, le chef de l’Etat estime que la France ne peut « pas être coupable de tout et de son contraire ». Puis de conclure : « La France assume son Histoire, c’est tout. » Le président s’est donc montré moins critique envers la colonisation qu’il ne l’avait été en décembre 2007. Lors d’une visite en Algérie – où Total, Gaz de France et Alstom ont au passage engrangé pour 5 milliards d’euros de contrats… -, il avait vivement dénoncé un système « profondément injuste ».
La « mémoire du pays »
A défaut de « repentance », Nicolas Sarkozy préfère insister sur la « mémoire du pays », dont les harkis et les rapatriés « incarnent une partie ». Aux yeux du chef de l’Etat, « cette mémoire doit être connue et (…) a droit au respect ». Pas sûr que l’argumentaire satisfasse les intéressés. Et notamment les rapatriés qui ainsi sont de plus en plus tentés par le vote FN. En témoigne les propos de Thierry Rolando, président du Cercle algérianiste, qui a lâché début janvier que le message de Nicolas Sarkozy « ne répondait pas [à leurs] attentes ». Interrogé sur ce point, le président-candidat a qualifié le vote frontiste d’ »impasse ». Puis de tirer la pelote pour s’en prendre au PS, arguant que voter Marine Le Pen, « c’est affaiblir la France parce que c’est laisser le champ libre au Parti socialiste qui, croyez-moi, ne manquera pas d’entraîner la France sur le terrain de toutes les repentances ».
En clair, Nicolas Sarkozy se présente comme un moindre mal aux yeux des rapatriés et des harkis. Les autres candidats, à commencer par François Hollande, apprécieront. Le Front national n’a, pour sa part, pas tardé à réagir. Dans un billet publié vendredi sur son site, le parti d’extrême droite qualifie notamment le chef de l’Etat de « marchand de promesse ».