Le 19 mars, journée de commémoration de la fin de la guerre d’Algérie, arrive à grands pas et déjà, Christian Estrosi annonce son refus d’y participer. Mais pourquoi la droite française est-elle réticente à commémorer cette date ?
Le 19 mars prochain, François Hollande se rendra à la commémoration du cessez-le-feu du 19 mars 1962, conséquence de la signature des accords d’Evian, qui mirent un terme à la guerre d’Algérie. Une première pour un président français. Ce n’est d’ailleurs qu’en novembre 2012 que le gouvernement socialiste a décidé de faire de cette date la « journée nationale du souvenir et du recueillement à la mémoire des victimes civiles et militaires de la guerre d’Algérie ».
Jusqu’alors, la France commémorait cette période de l’Histoire le 5 décembre, avec la « journée nationale d’hommage aux « Morts pour la France » pendant la guerre d’Algérie ». Ce qui allait très bien à une certaine droite, peu désireuse de rendre un hommage trop appuyé à l’accord trouvé avec les indépendantistes du FLN.
Estrosi et les harkis
Parmi les mécontents, Christian Estrosi, président de la région PACA et maire de Nice. Ce dernier vient d’annoncer, vendredi 11 mars, son refus de participer aux commémorations du 19 mars, qu’il juge comme étant une « provocation inqualifiable à l’égard de l’ensemble de la communauté rapatriée et des harkis », déclarait-il sur France Bleu
Après le cessez-le-feu, entre 60 et 70.000 harkis avaient été tués par le FLN, considérés comme des traîtres ou des collabos. En 2013, plusieurs maires UMP de la côte méditerranéenne, dont Estrosi, avaient déjà refusé de commémorer le 19 mars pour les mêmes raisons. Marine Le Pen avait également défendu cette position.
Ménard et l’Algérie française
Si cette position ne remet pas en cause l’indépendance algérienne, une autre ne s’embarrasse pas franchement de ça. En mars 2015, le maire de Béziers Robert Ménard avait rebaptisé la rue du 19 mars 1962 en « rue Commandant Hélie-de-Saint-Marc », imité en 2015 par le maire FN de Beaucaire. Un changement fort de sens : ce commandant est une des figures des combattants pour l’Algérie française, jusqu’à fomenter un putsch contre le général de Gaulle, en 1961.
Rien de bien surprenant de la part de Robert Ménard, qui avait d’ailleurs publié un ouvrage intitulé « Vive l’Algérie française ! » en 2012. Il avait par ailleurs décrit l’Algérie comme « [son] paradis à l’occasion de ce nouveau baptême de rue. De quoi ne laisser aucun doute sur le fond de pensée de celui qui se présente également comme un défenseur des harkis.