« Vies d »exil des Algériens en France pendant la guerre d’Algérie » tel est l’intitulé d’une exposition prévue sur une période de huit mois, allant du 9 octobre 2012 au 19 mai 2013, au palais de la Porte dorée, à Paris, sous l’égide du Centre national de l’histoire de l’immigration ( CNHI).
Co-organisée par deux spécialistes de l’histoire de la guerre d’Algérie, la Fédération de France du FLN notamment, Benjamin Stora et Linda Amiri, cette exposition « se propose d’aborder les diverses réalités de vie des migrants algériens à travers la question de la vie sociale – travail, école, logement, loisirs…-, de l’accueil accordé à l’immigration algérienne, entre méfiance, rejet, et solidarité de leur engagement politique et syndical- la France métropolitaine de l’époque vit aussi au rythme de la guerre d’Algérie, de la vie culturelle et intellectuelle, des événements d’octobre 1961 et enfin, de l’indépendance. »
L’exposition mobilise divers moyens de communication afin de diversifier les approches de cette thématique inédite. Elle s’ appuie sur une « iconographie rare où archives, photographies, son, images et œuvres d’art s’unissent pour mettre en lumière une histoire où la beauté se mêle à la précarité, la joie à la nostalgie et à la violence. Cette musique douce- amère que les Algériens nomment El Ghorba, l’exil. Grâce à la richesse des œuvres mis à jour et aux nombreux témoignages de témoins de l’époque, le visiteur est plongé dans la société métropolitaine. Travail, logement et loisirs mais également combat indépendantiste rythment l’exposition. »
Le thème central de cette exposition et du catalogue qui l’accompagne porte sur la période décisive de la guerre d’Algérie et illustre les conditions dans lesquelles elle a été vécue par les immigrés algériens en France: « Entre les violences policières françaises, comme la nuit tragique du 17 octobre 1961 où périrent de nombreux Algériens en plein Paris, et les cruels règlements de compte entre nationalistes algériens, ceux du MNA de Messali Hadj et ceux du FLN, l’immigration algérienne a été confrontée a un moment terrible de son histoire. Les ouvriers exilés menaient pendant cette période une double existence. Une fois les sirènes des entreprises éteintes, la vie du militant débutait. Même si la plupart étaient d’un faible niveau d’instruction, les immigrés se passionnaient pour la politique. Ils discutaient ou écoutaient beaucoup la radio, lisaient ou se faisaient lire les journaux. L’image de l’immigré, ouvrier sans mémoire, sans politique, sans passé, malheureusement encore tenace aujourd’hui, ne correspond donc pas à la réalité. » lit-on dans l’exposé des motifs de la rencontre.
Le parcours de l’exposition se décline en quatre parties: la « Vie sociale » (paysage urbain des bidonvilles et cités ouvrières des immigrés); le « Rapport à la société française » (en particulier celui des ouvriers algériens avec les syndicats français; la « Passion politique » (l’émergence de l’idée indépendantiste par Messali Hadj); « Les évènements tragiques du 17 octobre 1961″ et « L’indépendance »
Des conférences, colloques, rencontres sont également prévues autour de ce générique « Vies d’exil ».
« Mémoires algériennes », conférence de Benjamin Stora se penche sur les écrits d’acteurs engagés dans le conflit ainsi que sur les nombreux films documentaires, expositions, ouvrages consacrés à la guerre d’Algérie 50 ans après les faits. La conférence dressera « le bilan des productions littéraires et visuelles pour s’interroger sur la persistance des mémoires blessées autour d’une guerre finie depuis cinquante ans”.
Linda Amiri auteur de l’ouvrage « La bataille de France » (réédité aux éditions chihab, Alger, en 2006) et Nedjib Sidi Moussa interviennent avec une communication intitulée « Combattre en France – Les immigrés algériens engagés dans la guerre« .
« La plume dans la plaie : les éditeurs engagés contre la guerre d’Algérie » est une conférence de Julien Hage qui se propose de passer en revue l’édition française engagée dans le « front éditorial » contre la guerre d’Algérie : les éditions de Minuit de Jérôme Lindon (dont plusieurs ouvrages de la collection « documents » viennent d’être réédités aux éditions « Hibr » à Alger), les éditions Maspero, la « Petite bibliothèque républicaine » de François Monod au sein des Éditeurs français réunis, Pierre-Jean Oswald ou encore les éditions Feltrinelli à Milan.
Des activités artistiques sont également au programme: le groupe « Barbès Café » revisite les répertoires d’artistes issus des milieux populaires de l’immigration : Cheikh El Hasnaoui, Slimane Azem, Mohamed Mazouni, H’nifa, Aït Farida, Ourida, Bahia Farah, Houcine Slaoui, Dahmane El Harrachi, Akli Yahiaten, Kamel Hamadi, Mohamed Jamoussi, Missoum, Salah Saâdaoui ou Oukil Amar…
Le public aura tout le loisir d’apprécier cette exposition qui a la particularité de se prolonger dans le temps et d’en diversifier les activités.
Rachid M.