Négociateurs américains et chinois ont poursuivi à Pékin des discussions laborieuses pour tenter de mettre fin à la guerre commerciale entre les deux premières économies du monde. Jusqu’ici, la délégation américaine emmenée par le représentant adjoint pour le Commerce, Jeffrey Gerrish, n’a fait aucun commentaire à l’adresse des nombreux journalistes couvrant cette première session de négociations en face-à-face depuis la rencontre des présidents américain et chinois, début décembre à Buenos Aires.
Donald Trump et Xi Jinping avaient alors convenu de se donner un délai de trois mois, jusqu’à début mars, pour essayer de mettre fin, par la négociation, à leur affrontement à coups de droits de douane. Les deux parties restaient très discrètes sur le déroulement des discussions, dont le lieu n’a pas même été révélé. Pékin a simplement précisé qu’elles auraient lieu durant deux jours au moins. «Je pense que nous pouvons conclure un accord avec la Chine», avait tenu à déclarer pour sa part le président américain. «On verra ce qui se passera, on ne sait jamais avec une négociation», a-t-il toutefois tempéré. «Nous avons une négociation commerciale massive en ce moment avec la Chine, le président Xi est très impliqué tout comme moi-même. Nous négocions au plus haut niveau et cela se passe très bien», a souligné le milliardaire.
Il n’a donné aucun détail sur le contenu des discussions ni sur d’éventuels progrès. Outre M. Gerrish, la délégation américaine compte des représentants des ministères de l’Agriculture et de l’Énergie, de la Maison-Blanche, du Trésor et du département d’État. Plusieurs gestes de conciliation ont été effectués depuis le sommet de Buenos Aires, la Chine annonçant par exemple la suspension au 1er janvier, pour trois mois, des surtaxes douanières imposées aux voitures et pièces automobiles importées des États-Unis. Elle a passé, en outre, plusieurs grosses commandes de soja américain et a donné son feu vert à l’importation de riz américain.
La guerre commerciale des derniers mois a ébranlé la confiance en Chine et secoué les places boursières, alors que l’économie du géant asiatique montre des signes de ralentissement. Elle semble avoir aussi touché le secteur manufacturier des deux pays. L’activité des manufactures chinoises s’est ainsi dégradée fin 2018, malgré une légère amélioration de la production, notamment du fait d’une baisse des nouvelles commandes, selon l’indice indépendant Caixin, calculé par IHS Markit.
Pour Donald Trump, la situation devrait pousser Pékin à conclure un accord avec Washington. Mais un éditorial du Global Times, quotidien proche du pouvoir chinois, soulignait qu’une «guerre commerciale conduit à des pertes des deux côtés, voire pour de multiples parties», affirmant que les États-Unis avaient tout autant envie de voir un accord, aboutir que la Chine. «Ce serait une bonne chose de parvenir à un accord mais (…) il ne peut être imposé. (…) Si Pékin avait voulu lever le drapeau blanc, il l’aurait déjà fait», a mis en garde Global Times.