La base de Souleimaniyeh à l’ouest d’Alep que le Front islamiste «Al Nosra» affirme avoir conquise
Alors que le régime est chaque jour un peu plus poussé dans ses retranchements, la polémique internationale grossit autour de son éventuel recours aux armes chimiques.
Des jihadistes se sont emparés hier de la base Cheikh Souleimane, dernière place forte de l’armée à l’ouest d’Alep, portant un coup dur au régime et renforçant leur assise dans le nord syrien, au détriment des rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL, déserteurs et mercenaires). Dans le même temps, les troupes gouvernementales, appuyées par l’artillerie et l’aviation, ont repris leurs bombardements sur la périphérie de Damas, où le régime veut à tout prix se débarrasser des bases arrière installées par les rebelles pour viser Damas. En prenant hier la totalité de la base de Cheikh Souleimane, «l’opposition armée a enregistré un gain significatif», a noté Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH (ONG basée en Graznde Bretagne). Mais même si l’ASL «tente de revendiquer la victoire, ce n’est pas la sienne. C’est celle du Front (islamiste radical) Al-Nosra et des groupes qui lui sont liés», a-t-il expliqué. «Nous nous sommes faits doubler (par les islamistes)», avait auparavant confié à l’AFP une source au sein de l’ASL. Al-Nosra, un mouvement inconnu avant la révolte, a percé de façon fulgurante en Syrie, se déployant sur la quasi-totalité des fronts. Des vidéos mises en ligne par des militants ont montré ses combattants progresser dans la base désertée en brandissant l’étendard des jihadistes, le drapeau noir. Ils affirment appartenir au bataillon al-Mouhajirine, une brigade islamiste liée à Al-Nosra, et montrent plusieurs batteries anti-aériennes. «Voilà avec quoi ils bombardaient les civils», lance un combattant en désignant une batterie sur laquelle est juché un de ses camarades. La caserne du bataillon 111 de l’armée, située à 12 km au nord-ouest d’Alep, s’étend sur plusieurs kilomètres carrés de collines caillouteuses. Selon un journaliste de l’AFP qui a assisté à une partie de l’assaut, un grand nombre des combattants islamistes sont étrangers, venus de pays arabes ou du Caucase. A travers le pays, les violences font chaque jours des dizaines de morts, selon l’OSDH, L’organisation a recensé 94 morts dimanche, dont une quarantaine dans la région de Damas, et selon un bilan provisoire au moins 17 hier, dont 13 soldats. Alors que le régime est chaque jour un peu plus poussé dans ses retranchements, la polémique internationale grossit autour de son éventuel recours aux armes chimiques. Mais pour Yezid Sayigh, expert au Carnegie Middle East Center, ces armes «ne changeront pas la donne» car «il s’agit en premier lieu d’une arme psychologique de terreur». «La véritable utilité de ces armes est très limitée, car elles ne peuvent pas être employées dans des zones où la présence de troupes hostiles est combinée à une population soutenant le régime, ou contre une population hostile dans une zone où sont déployées des troupes régulières», a-t-il expliqué à l’AFP. Sur le front diplomatique, les «Amis du peuple syrien» se préparent à une réunion ministérielle demain au Maroc, où ils pourraient reconnaître pleinement la nouvelle opposition unifiée il y a un mois au sein d’une large Coalition. Ils aborderont également la question de l’aide humanitaire à l’approche de l’hiver, alors que la situation sur le terrain est dramatique, avec des centaines de milliers de déplacés et des familles assiégées qui font face à une crise humanitaire, manquant même de pain. Selon le quotidien proche du pouvoir Al-Watan, les autorités ont envoyé 100.000 tonnes de farine à Alep pour tenter d’y faire face.