Guerre au Nord-Mali, Frappes aériennes près de l’Algérie

Guerre au Nord-Mali, Frappes aériennes près de l’Algérie
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Pour le chef de la diplomatie algérienne, les Maliens et ceux qui les aident pour rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays faisaient encore face à des problèmes, en dépit du recul des terroristes dans le nord du pays. Une réponse à l’optimisme de M. Traoré qui venait d’énumérer devant des centaines de Maliens surexcités les récentes victoires des troupes françaises et maliennes en lançant : «Diabali est libre, Gao est libre, Tombouctou est libre et le reste suivra».

La reconquête rapide et surprenante des armées malienne et française des trois villes du nord du Mali ne veut rien dire pour Alger. Hier, le chef de la diplomatie algérienne, Mourad Medelci, s’est montré optimiste, certes, quant à l’issue de cette crise, mais il admet tout de meme que les Maliens et «ceux qui les aident» pour rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays faisaient encore face à des problèmes.



«La situation au Mali même si elle suscite de l’optimisme, demeure marquée par des problèmes auxquels font face les Maliens et ceux qui les aident pour rétablir la stabilité et la sécurité dans ce pays afin qu’il puisse bâtir son Etat et aspirer au développement», a affirmé le ministre des Affaires étrangères en marge de la séance de clôture de la session d’automne du Conseil de la nation.

Une réponse à l’optimisme du président malien par intérim, Dioncounda Traoré venait d’énumérer devant des centaines de Maliens surexcités les récentes victoires des troupes françaises et maliennes en lançant : «Diabali est libre, Gao est libre, Tombouctou est libre et le reste suivra».

LG Algérie

Le président malien, enthousiaste, a même annoncé la fin des combats pour «avant le 31 juillet 2013», date de l’élection présidentielle au Mali, un calendrier que François Hollande s’est bien gardé de confirmer.

Le président François Hollande a affirmé, samedi à Bamako, qu’avec l’intervention des forces militaires françaises et africaines le terrorisme avait été «repoussé», «chassé», mais «pas encore vaincu» au Mali. Pour le président français, c’est «tout le Mali» qui doit être reconquis.

Après ces trois grandes villes emblématiques, c’est tout le Nord-Mali, région entièrement passée sous le contrôle des groupes islamistes en juin 2012, qui doit être repris par les forces maliennes.

Et en priorité, Kidal, cette ville de l’extrême nord-est du pays ( 1 500 km au nord-est de Bamako) où se seraient réfugiés plusieurs chefs terroristes. Mais la France n’ayant «pas vocation à rester au Mali», ce sera bientôt aux forces africaines de prendre le relais et de poursuivre les combats au Nord-Mali, a répété François Hollande.

Elle restera «le temps qu’il faudra, c’est-àdire le temps que les Africains eux-mêmes prendront (…) pour nous remplacer», a-t-il insisté, tout en assurant que d’ici là elle se battra «jusqu’au bout, jusqu’au Nord-Mali» aux côtés des troupes maliennes.

Pour l’instant, ces forces africaines, réunies au sein de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali) sous l’égide de l’ONU, compte environ 3 600 soldats au Mali, 1 400 soldats ouest-africains (béninois, burkinabés, ivoiriens, togolais, ghanéens, nigériens, sierraléonais et sénégalais) issus de la Communauté des états d’Afrique de l’Ouest (Cédao) et 2 200 Tchadiens. Mais d’autres hommes sont attendus et les troupes françaises ne partiront pas tant que toutes les forces africaines seront déployées. Ce qui pourrait prendre encore du temps, la Cédéao faisant face à des difficultés de financement.

FRAPPES AÉRIENNES AU NORD DE KIDAL

La zone de Tessalit, à 200 km au nord de Kidal, près de l’Algérie, a été la cible, dans la nuit de samedi à dimanche, «d’importantes frappes aériennes», selon le porte-parole de l’état-major des armées françaises, le colonel Thierry Burkhard.

Il a précisé que ces bombardements visaient «des dépôts logistiques et des centres d’entraînement» des groupes terroristes liés à Al-Qaïda, un peu plus de trois semaines après le début de l’intervention militaire française.

C’est aussi dans cette vaste zone de montagnes et de grottes autour de Kidal que, selon des experts et des sources de sécurité régionales, une bonne partie des chefs et des combattants des groupes islamistes se sont réfugiés.

Parmi eux, se trouveraient l’Algérien Abou Zeïd, un des émirs les plus radicaux d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et Iyad Ag Ghaly, chef d’Ansar Dine, un exrebelle touareg malien des années 1990, originaire de Kidal, qui connaît parfaitement la région. Les rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) ont d’ailleurs affirmé avoir eu vendredi «un accrochage» avec une unité d’islamistes dans la région de Tessalit, qui s’est conclu par «l’arrestation de plusieurs djihadistes ».

De nouveaux renforts français sont arrivés samedi à Kidal par avion, selon des habitants. Et des soldats tchadiens (pays non membre de l’Afrique de l’Ouest) ont commencé à se déployer en ville. Selon plusieurs témoignages d’habitants, militaires français et tchadiens ont patrouillé pour la première fois samedi dans les rues de Kidal. Des Tchadiens ont même été aperçus au marché de la ville, en train de faire des courses. Le contingent tchadien à Kidal serait d’environ 150 soldats, selon des témoins.

PROTÉGER LES TOUAREG ET LES ARABES

Le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a promis qu’il n’y aurait «aucune exaction, aucun règlement de comptes, aucune représaille», après la reconquête du nord du Mali occupé par les groupes islamistes armés par les soldats français et maliens.

«Dans l’euphorie de la liberté retrouvée, ne vous laissez jamais aller aux excès, à la vengeance, je sais que je peux compter sur vous pour qu’il n’y ait aucune exaction, aucun règlement de comptes», a déclaré le chef de l’Etat malien, lors d’un discours place de l’Indépendance à Bamako, aux côtés du président français François Hollande.

«Je demande à tous ceux qui ont fui leurs maisons par peur des représailles de revenir chez eux et de reprendre une vie normale», a-t-il ajouté. «Jusqu’à présent le comportement de nos troupes est quasi exemplaire, nous serons intransigeants envers ceux qui transgresseront les règles de la guerre et le droit humain», a promis Dioncounda Traoré, espérant «zéro dérapage, zéro représaille, zéro exaction».

Des ONG ont porté ces derniers jours des accusations d’exactions et de violations des droits de l’homme contre les parties en conflit au Mali, notamment contre les soldats maliens. Pour sa part, le maire de Tombouctou, cité emblématique du nord du Mali reprise par les soldats français et maliens aux groupes armés qui l’occupaient, en est persuadé : «On ne peut pas vivre sans les Arabes et les Touareg», en fuite car accusés d’avoir soutenu les terroristes.

Les deux ethnies, surnommées «peaux blanches» par la population noire majoritaire, ont déguerpi face à l’avancée des militaires, craignant des mesures de rétorsion. «Ce sont nos frères avec lesquels nous cohabitions qui ont fait la sale besogne», constate tristement Hallé Ousmane Cissé.

M. A. M.

DIPLOMATES ALGÉRIENS ENLEVÉS À GOA: «RIEN DE NOUVEAU»

INTERROGÉ par les journalistes sur le sort des diplomates algériens enlevés il y a plusieurs mois dans la ville de Goa, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a affirmé qu’«il n y a pas de nouveau dans ce dossier».

Rappelons que sept diplomates algériens du consulat d’Algérie à Gao, au nord-est du Mali, ont été enlevés le 5 avril dernier par des terroristes du Mujao. Trois d’entre eux ont été libérés en juillet. Trois des diplomates ont récemment lancé un appel à l’aide au Président Abdelaziz Bouteflika, selon des images diffusées par la chaîne de télévision Al Arabiya.

En réaction à cette vidéo, Amar Belani, porte-parole du ministère des Affaires étrangères, a déclaré : «Je n’ai pas de commentaires particuliers à formuler au sujet de cette vidéo, mais je vous confirme que l’appareil de l’État algérien est pleinement mobilisé pour obtenir le retour sains et saufs de nos compatriotes, que les contacts se poursuivent avec différents interlocuteurs et via différents canaux et enfin que la cellule de crise instituée à cet effet se réunit de manière régulière et maintient un contact continu avec les familles de nos otages».

M. A. M

APRÈS LA FERMETURE DES FRONTIÈRES: «AUCUN RÉFUGIÉ MALIEN» SUR LE TERRITOIRE ALGÉRIEN

Aucun réfugié malien n’a été enregistré par les autorités algériennes depuis la fermeture des frontières avec le Mali, a affirmé dimanche le wali d’Adrar, Sassi Ahmed Abdelhafidh.

«A l’exception des 320 réfugiés venus en Algérie en mars 2012, aucun réfugié n’a été signalé dans la wilaya d’Adrar depuis le début des hostilités au Mali et la fermeture des frontières algéro-maliennes», a indiqué à l’APS le wali, en marge de la rencontre avec les acteurs du développement et de la société civile des wilayas du sud-ouest du pays.

Il a ajouté que les réfugiés maliens présents sur le territoire de la wilaya d’Adrar sont «totalement pris en charge», précisant que la scolarisation de leurs enfants est également assurée au niveau de la wilaya.

APS