La tension était vive, hier, à Gao, où les militaires français ont déminé les ruines du commissariat et de ses alentours après un bombardement à l’aube pour éliminer les islamistes qui s’y étaient retranchés.
Au moins deux islamistes et trois civils ont été tués dans les affrontements, qui ont également fait 17 blessés : 15 civils et 2 soldats maliens, selon des médecins à l’hôpital de la ville. Les corps de deux civils tués ont été conduits à la morgue, tandis qu’un troisième cadavre, lui aussi un civil selon des proches, a été retrouvé dans la cour du gouvernorat proche des combats, a constaté un journaliste de l’AFP.
Hier, en début d’après-midi, des soldats français ont déminé les ruines du commissariat, découvrant au total quatre mines enfouies dans la cour du bâtiment, ainsi qu’une roquette et deux grenades. Ces engins ont été détruits dans une explosion contrôlée. Dans le même temps, le principal marché de la ville, qui se trouve à proximité du commissariat, a été évacué en début d’après-midi par des soldats français pour faciliter le travail des démineurs. «Nous sommes dans la crainte d’un attentat, c’est pour cela que pour des raisons de sécurité, nous avons évacué le marché de Gao», avait affirmé de son côté un officier de l’armée malienne. Des coups de feu sporadiques étaient entendus, en provenance du nord de la ville, vers 13h30 (locales et GMT).
Un journaliste de l’AFP a constaté que le bâtiment avait été totalement détruit et a également vu de nombreux fragments de corps humains aux alentours. Un autre témoin a affirmé qu’un des islamistes qui se trouvaient à l’intérieur du commissariat, s’était fait exploser, sans préciser si c’était avant ou pendant le bombardement de l’hélicoptère français. Hier matin, des centaines d’hommes, de femmes et d’enfants étaient rassemblés devant le commissariat, criblé d’impacts d’obus et de mitrailleuse lourde qui ont, par endroits, découpé le béton comme de la dentelle, son premier étage éventré. Le commissariat, ancien siège de la «police islamique» mise en place par le groupe islamiste du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) lorsqu’il occupait la ville, a été bombardé hier à l’aube par un hélicoptère de l’armée française, selon des témoins. L’avancée des soldats français et maliens s’est faite sans presqu’aucune résistance, les jihadistes semblant avoir fui pour se retrancher dans des zones désertiques. Mais depuis quatre jours, les islamistes ont montré qu’ils n’avaient pas tous fui et ont prouvé leur capacité de résistance à Gao, reprise le 26 janvier par les soldats français et maliens, ce qui semble marquer un tournant dans leur stratégie. «Les ‘’moujahidine’’ sont dans la ville de Gao et y resteront», avait prévenu dimanche le porte-parole du Mujao, Abou Walid Sahraoui.
R. I. / Agences
Un mois jour pour jour
Le Président français, François Hollande, a assuré hier que la France était entrée dans une phase de «sécurisation» au Mali et qu’elle irait «jusqu’au bout» pour «ne pas laisser un seul espace» de ce pays «sous le contrôle des terroristes». Un mois jour pour jour après le lancement de l’opération Serval, «l’essentiel du territoire malien a été libéré, aucune ville n’est occupée par un groupe terroriste, aucun des réseaux ou groupes qui jusque-là mettaient en péril la vie des Maliens, n’est capable de mener une véritable offensive», a déclaré M. Hollande lors d’une conférence de presse aux côtés du président nigérian Goodluck Ebele Jonathan, dont le pays assure le commandement de la Misma (Mission internationale de soutien au Mali). Il y a, a-t-il assuré, «aujourd’hui plus de soldats africains (hors contingent malien) que de soldats français au Mali». Pour sa part, la Maison-Blanche a annoncé que le Président des Etats-Unis Barack Obama a donné l’ordre d’allouer 50 millions de dollars à une aide militaire d’urgence pour la France et le Tchad dans le cadre du conflit au Mali. Ils seront ajoutés aux ressources de transport aérien et au soutien en matière de renseignement estimés à «à peu près 12 millions de dollars» que les Etats-Unis ont engagés jusqu’à présent.