C’est toute la région qui est menacée
«En cas d’atteinte à notre sécurité, nous sommes appelés à être fermes» a prévenu, le Premier ministre Abdelmalek Sellal.
Les frontières algériennes sont menacées. L’heure est à la vigilance. Alger tient-elle des informations de ses alliés concernant une éventuelle attaque terroriste? La Tunisie, la Libye et l’Algérie ont décidé d’unir leurs efforts pour éviter à leurs territoires de servir de bases aux terroristes islamistes qui ont mis le Mali sens dessus dessous. Lors de la rencontre tripartite samedi dernier, le Premier ministre Abdelmalek Sellal, a rencontré, à Ghadamès, en Libye, les chefs de gouvernement tunisien et libyen, respectivement MM.Hamadi Jebali et Ali Zidane. La réunion ressemble à un branle-bas de combat au moment où le Premier ministre malien entame une visite de travail de deux jours en Algérie.
C’est, en effet, une équipe de choc qui a accompagné le Premier ministre à Ghadamès où Daho Ould Kablia, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, et le commandant de la 4e Région militaire constituaient l’ossature de la délégation. Des indices qui montrent que l’Algérie est sur le qui-vive et affiche sa détermination à faire face à la tournure prise par le conflit malien.
Pour preuve, la déclaration du Premier ministre qui a pris un ton solennel. Grave. «La position de l’Algérie est connue concernant la situation au Sahel. Nous avons soutenu au maximum le dialogue et continuerons à le faire mais en cas d’atteinte à la sécurité et l’utilisation d’autres moyens, nous sommes appelés à être fermes», a affirmé Abdelmalek Sellal lors de ce conclave.
L’Algérie est incontestablement vulnérable à ses frontières sud. La guerre au nord du Mali va les mettre assurément à l’épreuve.
C’est donc sans surprise qu’elle y a considérablement renforcé ses troupes. Prête à faire face à la violation de son intégrité territoriale et à d’hypothétiques actions terroristes spectaculaires du même type que celle, revendiquée par Al Qaîda au Maghreb islamique, qui a provoqué l’assassinat, en juin 2010, de 7 gendarmes et deux gardes communaux à Tin Zaouatine, aux frontières avec le Mali, à 550 km au sud de Tamanrasset…
Le Mouvement unicité et jihad en Afrique de l’ouest (Mujao), un des acteurs principaux du conflit malien, s’est attribué la paternité de l’attentat kamikaze perpétré le 3 mars 2012 contre le groupement de la Gendarmerie nationale à Tamanrasset, à quelque 1900 km d’Alger, qui a fait 23 blessés dont 15 gendarmes et cinq agents de la Protection civile.
Ce mouvement terroriste qui détient depuis le mois d’avril 2012, quatre diplomates algériens dont un aurait été exécuté, a aussi à son actif l’attentat suicide commis contre le siège du commandement régional de la gendarmerie de Ouargla, à quelque 475 km au sud de la capitale. Un gendarme a été tué et trois autres blessés dans cette attaque à la voiture piégée selon un communiqué du ministère de la Défense. Cette même organisation terroriste avait revendiqué le rapt des trois Européens, en octobre 2011 dans les camps de réfugiés sahraouis de Rabouni (30 km au sud de Tindouf, Ndlr). Depuis le mois d’avril, le Mujao qui contrôle avec d’autres groupes le nord du Mali, bénéficie d’une base arrière qui le rend encore plus redoutable. Les pays frontaliers prennent au sérieux cette menace.
L’Algérie, la Libye et la Tunisie ont convenu de «la mise en place d’un mécanisme de suivi et de contact au niveau des ministères de l’Intérieur des trois pays pour faire face à tout incident ou développement sécuritaire au niveau des frontières communes», a indiqué un communiqué qui a sanctionné la rencontre de Ghadamès en Libye.