Guelma : Métiers manuels délaissés, chantiers pénalisés

Guelma : Métiers manuels délaissés, chantiers pénalisés

Le boom économique a engendré la création de milliers d’emplois, mais les entrepreneurs sont souvent pénalisés par le manque flagrant de main-d’œuvre spécialisée et qualifiée.

L’Algérie est un véritable chantier puisque des milliers d’entreprises de travaux publics sont à pied d’œuvre pour réaliser des constructions toutes formules confondues, des établissements scolaires, universités, hôpitaux, polycliniques, barrages, stations de traitement d’eau potable, équipements publics, etc. Les pouvoirs publics allouent des enveloppes financières faramineuses dans le cadre de divers programmes afin d’améliorer le cadre de vie des populations.

Ce boom économique engendre la création de milliers d’emplois, mais les entrepreneurs sont souvent pénalisés par le manque flagrant de main-d’œuvre spécialisée et qualifiée. Contrairement aux autres pays, l’Algérie accuse un retard dans l’achèvement des projets en dépit des clauses contenues dans les cahiers des charges. En effet, d’aucuns auront remarqué que les horaires de travail ne sont pas respectés par la main-d’œuvre locale qui déserte les chantiers dès 12h durant la saison estivale ou le mois sacré de Ramadhan en prétextant la canicule et les effets du jeûne.

Le chantier fonctionne quatre ou cinq heures par jour alors que sous d’autres cieux les huit heures de travail sont scrupuleusement respectées. Cette carence a des effets négatifs puisque les projets sont livrés avec un retard conséquent et le versement de pénalités de retard par l’opérateur économique.

Les entrepreneurs de travaux publics ne savent plus à quel saint se vouer, car les maçons sont très sollicités et leurs honoraires très élevés. Selon un promoteur immobilier de la wilaya de Guelma, cette catégorie de travailleur exige un salaire mensuel de 50 000, voire 60 000 DA.

Ces maçons exercent en parallèle pour leur propre compte selon plusieurs formules. Certains acceptent la sous-traitance auprès des opérateurs économiques et arrachent des marchés juteux, d’autres préfèrent travailler pour le compte d’un particulier, à savoir la réalisation d’une villa, d’un local commercial, réhabilitation d’un logement, etc. Ils perçoivent des honoraires mirobolants et ne sont ni déclarés à la Sécurité sociale ni patentés.

L’inspection du Travail ne réagit pas suffisamment pour appliquer la réglementation en vigueur, et cette léthargie qui perdure encourage ces resquilleurs qui imposent leur diktat. De toute évidence, le secteur du bâtiment accuse un déficit endémique de maçons, coffreurs, plâtriers, ferrailleurs, faïenciers, car de nos jours les jeunes optent pour un métier peinard et tranquille. Les dernières mesures mises en place par le gouvernement en direction des jeunes chômeurs sont révélatrices, car ces derniers obtiennent des crédits pour l’acquisition de voitures de tourisme en ouvrant des agences de location, des camions et des minibus pour le transport de marchandises et de voyageurs, de petites entreprises dans le fast-food, l’informatique, la photographie, l’ébénisterie, etc.

Chacun veut un boulot à sa guise et qui soit peu contraignant et surtout lucratif ! Les métiers manuels sont honnis par les jeunes, qui refusent des postes dans le bâtiment et l’agriculture. Cette situation a été maintes fois décriée par les opérateurs économiques. La sonnette d’alarme est tirée !

H. B.